Chaudfontaine : le jardin liégeois où il fait vraiment bon vivre
Entre Vesdre et hauteurs, avec son patrimoine, ses sites, son réseau de promenades, ses espaces verts, ses parcs et ses deux rivières, cette jolie commune aux abords de Liège a de nombreux atouts.
- Publié le 17-09-2023 à 18h00
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Par Florence Pirard / Photos Vincent Rocher
Située en bordure de l’agglomération liégeoise, Chaudfontaine est aussi une porte d’entrée de l’Ardenne. Ses villages conservent un patrimoine ample et diversifié, riche d’une histoire marquée par l’industrie et le commerce, l’agriculture et le tourisme thermal. En plus de quinze monuments et sites classés, la commune abrite également de nombreux biens repris à l’inventaire du patrimoine et de très beaux éléments du petit patrimoine populaire.
Son histoire, à la fois ancienne et multiple, qui trouve ses origines dans la Préhistoire, se caractérise par un Moyen Âge essentiellement religieux, avant l’apparition du thermalisme aux Temps modernes et les bouleversements de la Révolution industrielle au XIXe siècle.
Le patrimoine religieux. L’entité de Chaudfontaine propose un patrimoine religieux très riche et diversifié. La plus célèbre église est sans aucun doute la basilique de Chèvremont, qui domine la vallée de la Vesdre et marque le paysage. La butte de Chèvremont est occupée, depuis la fin du VIIe siècle, par une résidence fortifiée appartenant aux maires du palais du royaume d’Austrasie. Au début du VIIIe siècle, ils offrent la gestion des lieux à une institution religieuse.

Sainte Begge (†694), fille du maire du palais Pépin Ier de Landen et mère de Pépin II de Herstal, séjourne à Chèvremont de 640 à 670 avec son mari Anségisel, qui y est assassiné. Begge rejoint ensuite Andenne, où elle fonde un monastère. Les seigneurs de Chèvremont, perchés sur leur nid d’aigle, entrent ouvertement en opposition à la tutelle de la toute nouvelle principauté de Liège, née en 985. C’est donc sans surprise qu’en 987, l’armée impériale et le prince-évêque de Liège Notger assiégent et détruisent la forteresse. Celle-ci sert ensuite de carrière à ciel ouvert.
Sur le plan religieux, il faut attendre 1688 pour que Chèvremont devienne un lieu de pèlerinage marial fréquenté. C’est de cette époque que date la construction de la très belle chapelle Notre-Dame. Un chemin du calvaire, au départ de Vaux-sous-Chèvremont, permet d’accéder au site. La commune abrite aussi des monastères. Citons l’ancien prieuré de Beaufays, un édifice exceptionnel principalement bâti au XVIIIe siècle et au cœur d’un parc arboré, et le carmel de Mehagne, construit dans les années 1930. Enfin, l’église Saint-François-Xavier à Chaudfontaine, construite en 1839 en bordure de la grande route, est de style néogothique.

Le patrimoine militaire. Dominant les vallées de l’Ourthe de la Vesdre, construit en béton non renforcé plutôt qu’en maçonnerie comme les autres forts liégeois, le fort d’Embourg prend la forme d’un rectangle irrégulier. Cette architecture contraste avec la plupart des autres ouvrages de la position fortifiée de Liège, qui épousaient plutôt la forme d’un triangle. Le site est entouré d’un fossé de 6 m de profondeur et de 8 m de large, défendu en enfilade par des casemates situées dans les murs de contrescarpe.
Au milieu se trouvait le massif central abritant les locaux de service. Étant donné sa situation contrôlant la route menant de Liège à Spa, il est le plus haut en altitude de tous les forts liégeois. Attaqué comme le reste de la position, placé sous le commandement du capitaine-commandant Bovier, il se rend le 13 août 1914, au moment où un régiment allemand s’apprête à donner l’assaut, et est occupé durant le reste de la guerre. Réarmé en prévision de la Seconde Guerre mondiale, il est encerclé le 13 mai 1940, bombardé le 15, et tombe le 17.
Une association commémorative, créée dès 1946 dans le but de perpétuer le souvenir des deux guerres, a fait élever un monument et entretient dans le fort un musée régulièrement accessible. Évoquant les deux conflits, celui-ci est le premier en Belgique à être consacré à la fortification. Ouvert en 1973, il présente une collection unique d’armes, de costumes et d’équipements militaires.

Dominant la vallée de la Vesdre, un autre fort, celui de Chaudfontaine, l’un des six de la position fortifiée de Liège, mérite également le détour. Après deux jours de résistance, lui aussi cède le 13 août 1914 après la perforation de la voûte de son magasin à munitions, dont l’explosion entraîne la mort d’une bonne part de la garnison. Rénové, réarmé et consolidé en 1933, le fort est pilonné par la Luftwaffe le 17 août 1940 et immédiatement abandonné.
Il ne sera réaffecté que dans les années 1980. Après la guerre, les victimes de l’explosion d’août 1914 ont été enterrées dans un petit cimetière situé non loin du fort, qui compte 71 tombes réparties sur quatre rangées. Un monument commémoratif représentant un soldat belge gisant sous le drapeau surplombe le site. Le fort est pour sa part devenu une attraction touristique originale : il accueille Fort Adventure, un lieu de divertissement sous la forme d’un parcours d’aventure.
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Il y a de nombreuses choses à faire à Chaudfontaine : visites, balades, activités touristiques…
Sorti en 2023, le Carnet du Patrimoine no 173 est entièrement consacré à la commune de Chaudfontaine.
POUR EN SAVOIR PLUS
Un nouveau Carnet du Patrimoine consacré à la commune de Chaudfontaine vient de paraître aux éditions de l’AWaP.Cet ouvrage, richement illustré, propose une découverte complète de l’entité. Il retrace également l’histoire de cette charmante commune située aux portes de la ville de Liège.
Si vous souhaitez acquérir cette publication, n’hésitez pas à contacter le 081 23 07 03 ou publication@awap.be, ou consultez sur le site de vente en ligne de l’Agence wallonne du patrimoine (promotion.awap.be). Le Carnet est également en vente dans de nombreuses librairies et à la boutique de l’Archéoforum de Liège. Si vous commandez le Carnet no 173, «Le Patrimoine de Chaudfontaine», auprès de l’Agence wallonne du patrimoine avant le 6 octobre 2023, vous pourrez bénéficier d’une remise de 50 % sur le Carnet no 140, «Le Patrimoine de Verviers», soit 13 € + les frais de port pour les deux carnets (offre valable jusqu’à épuisement du stock). N’hésitez pas à profiter de cette opportunité avec le code «promo carnet Chaudfontaine».
«Le Patrimoine de Chaudfontaine», Carnet du Patrimoine no 173, AWaP, 2023, 64 p. 10 €.

CHAUDFONTAINE, SON EAU ET SON THERMALISME
L’eau minérale de Chaudfontaine possède la particularité de suivre un cheminement souterrain précis, long et profond. Elle a fait l’objet d’études depuis le début du XVIIIe siècle mais n’a été commercialisée qu’à partir de 1924, lorsque l’eau a été mise en bouteille sous la dénomination «Thermale Chaudfontaine». La société, reprise plusieurs fois depuis 100 ans, est toujours active et a été régulièrement modernisée.
La localité est également connue pour son thermalisme. C’est en 1676 que débute l’aventure, lorsque le paysan Simon Sauveur exploite une eau thermale qui coule à 36 °C dans une prairie dont il est locataire. Les premiers bains, hébergés dans une modeste hutte en argile et en pans-de-bois, périclitent rapidement. En 1714, un véritable établissement thermal, le premier hôtel des bains, est ouvert. À l’époque, le prince-évêque de Liège, Joseph-Clément de Bavière, instaure un service spécial de barques, la Vesdre étant navigable jusqu’à Nessonvaux.
La rivière est alors le meilleur moyen de venir prendre les eaux à Chaudfontaine. Il n’existe en effet à cette époque qu’un mauvais sentier le long de la rivière et la route n’est aménagée qu’en 1727. La ligne de chemin de fer est construite par tronçons dans les années 1840. La gare, classée, comprend une superbe marquise en fer forgé. Le premier hôtel des bains, reconstruit à diverses reprises, restera à la même place jusqu’en 1983, année de sa démolition.
Autour de l’hôtel et dans les collines environnantes, de nombreuses promenades, dont celle menant au pont du Diable, s’offraient aux touristes et aux curistes. Aux XIXe et XXe siècles, Chaudfontaine-Source est une agréable station ouverte à tous. Les Liégeois s’y rendent aussi pour se divertir. Ils y arrivent en barque, en charrette, ou en train à vapeur à partir de 1843. Depuis 1862, la localité possède un établissement de fêtes, le Kursaal, devenu casino en 1939. Agrandi en 1960 et rénové en 1974 puis au début du XXIe siècle, celui-ci se trouve toujours à deux pas de la gare.