Belfast et furieuse envie de voyager au cœur du Titanic !
En route pour les docks de la capitale de l’Irlande du Nord pacifiée et vouée à un bel avenir vingt-cinq ans après les accords de paix. Le mythe du Titanic y est toujours aussi vivace avec un hôtel et un musée dédiés pour se replonger dans les entrailles du monstre d’acier.
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Publié le 23-05-2023 à 20h09 - Mis à jour le 01-06-2023 à 17h02
La plupart d’entre nous ont encore certainement une image brouillée d’une cité industrielle sur le retour faite de murs comportant de grandes fresques guerrières, de quartiers 'protestants' entourés de grillages… Il y a encore un peu de cela indéniablement mais Belfast a développé une belle dynamique économique. Tours en verre, rues commerçantes et piétonniers ont changé la donne depuis de nombreuses années déjà.
Le “quartier Titanic” matérialise mieux que cent discours ce renouveau en recyclant des docks qui plus d’un siècle auparavant permettaient à Belfast de construire des géants des mers aux proportions alors inégalées qui répondaient au nom de 'Olympic', 'Titanic' ou de 'Gigantic'. La très célèbre White Star Line chargeant à l’époque l’entreprise Harland&Wolff de leur construction. Cette dernière est toujours bel et bien active sur Belfast.
Pour arriver dans ce quartier, n’hésitez pas à emprunter le Queen Elizabeth Bridge depuis le centre pour ensuite vous balader le long des quais bordant la Lagan River. Vous passerez en revue de magnifiques appartements, la salle de spectacle SSE Arena, le SS Nomandic et le musée Titanic. C’est ce quartier historique que nous vous invitons à visiter !

Un musée magnifique tant dedans que dehors…
La relation des habitants de Belfast avec leur histoire est aussi incandescente que les minerais de fer transformés pour construire des bateaux devenus mythiques dans la fierté comme dans la douleur. Parlez-en avec les gens du cru et vous vous entendrez certainement répondre que l’arrière-grand-père y travaillait à la belle époque. Au moment de la construction du Titanic, 15 000 travailleurs descendaient quotidiennement des quartiers populaires pour venir y gagner leur croûte, 5 000 uniquement sur le chantier Titanic !
”En fait, l’expérience du musée Titanic démarre dès l’extérieur en regardant l’œuvre architecturale qui représente la magnifique et gigantesque proue du bateau. Nous avons respecté les dimensions en hauteur du Titanic…” nous confie Judith Owens, CEO du musée. “À mes yeux, l’endroit parle autant de l’humain, de tous ces gens qui ont été concernés par le destin du Titanic, que de l’ingénierie et le savoir-faire nécessaire pour construire ce paquebot géant”.

Un musée qui est effectivement époustouflant dès le hall d’entrée avec ce plafond qui reproduit un ciel dégagé et étoilé comme celui de la nuit du naufrage le 15 avril 1912… Nous mettrons trois aspects du musée en avant. D’abord, la partie consacrée au chantier du Titanic que l’on visite comme dans un parc d’attractions à bord d’une 'cabine' en mouvement. Images d’archives et de fictions, mises en scène, elles donnent une tonne d’infos sur l’ingénierie de ce projet dingue. Ainsi, vous apprendrez que ce sont trois millions de rivets qui furent utilisés pour construire le monstre des mers.
Ensuite, le volet 'Fit Out' qui est consacré aux entrailles du Titanic, sa décoration en quelque sorte, et qui reproduit les cabines du luxe de la classe des riches à la troisième des plus humbles ainsi que de magnifiques salons. La richesse du paquebot se dévoilait jusque dans les détails de la vaisselle de luxe.

Enfin, la partie la plus émotionnelle sans doute retrace les derniers instants du Titanic et recense les 1 512 morts officiels et les 700 survivants. Des murs lumineux restituent les ultimes dialogues entre le Titanic et sa base ainsi qu’avec les autres bateaux naviguant dans les 'environs'. Jusqu’au tout dernier mot… La visite mène alors à un gigantesque espace qui énumère le nom de l’ensemble des passagers. Tout en rendant encore plus concret encore la tragédie avec des destinées totalement brisées. Comme celle de la famille Sage dont les onze membres sont tous morts noyés sans exception. La mer n’a rendu qu’un seul corps. Ces pauvres gens avaient tout vendu à Belfast contre une ferme à Jacksonville en Floride. Ils ne mettront jamais les pieds sur le 'nouveau monde'…
Le Titanic Museum a déjà été visité par des millions de personnes. Comment expliquer un tel engouement plus d’un siècle plus tard ? Judith Owens a sa petite idée ! “Si vous réfléchissez bien, il s’agissait du plus gros objet au monde à naviguer provenant du plus gros chantier de bateaux au cœur d’une toute petite ville. Et il a coulé lors de son voyage inaugural. Ajoutez à cela le fait que si les passagers étaient souvent de riches personnes, il y eut aussi de nombreuses personnes pauvres en quête d’une nouvelle vie aux États-Unis. Le film de James Cameron l’a très bien mis en image. Chaque génération finalement se rattache à une partie de ce drame”.

Pour loger ? le Titanic Hôtel bien évidemment…
Situé 'à l’ombre' du grand musée, l’hôtel Titanic occupe en réalité l’ancien quartier général de la compagnie Harland&Wolff, poumon du chantier naval de Belfast dès la fin du 19e siècle. La rénovation parfaite joue jusque dans les chambres avec les legs des bâtiments historiques ainsi que les clins d’œil au Titanic et à l’univers des gros paquebots de traversée de l’époque. Vous serez ainsi catapultés dans le passé le temps de votre séjour : mi-hôtel, mi-musée.
L’exposition de plus de 500 œuvres d’art et photographies dans tout le bâtiment, des portraits de passagers et des souvenirs authentiques de la White Star Line ramènent le client à l’âge d’or des voyages en mer. Quoi qu’il en soit, perdez-vous dans l’hôtel, c’est un incroyable voyage dans le temps. Installez-vous confortablement au bar de l’hôtel, là où jadis les plans du Titanic furent conçus, et commandez un whiskey irlandais pour profiter du moment…
Que faire d’autres dans le quartier Titanic ? Visiter d’autres navires mythiques, les studios de Game of Thrones, une distillerie…

Voilà une autre grande fierté de la ville de Belfast, les studios Titanic ! Les épisodes de Game of Thrones y furent en effet tournés en partie. Il s'agit de l’une des meilleures séries des années 2010. Et il est possible de les visiter pour voir comment se sont déroulés les tournages. Actuellement, ils abritent un autre tournage 'fantasy' puisque Dragons&Donjons y a élu domicile. Lorsque vous êtes dans le quartier, impossible de les rater tant ils sont immenses, comme le Titanic.
Lorsque vous prenez une entrée au musée Titanic, vous pouvez faire coup double en prenant un ticket aussi pour le vrai SS Nomadic situé non loin de là. Depuis 2013, sa rénovation à l’image de ce qu’il était en 1911 permet de voir et d’imaginer ce qu’a pu être le Titanic à une échelle réduite. Le SS Nomadic servait à transporter les passagers de première et seconde depuis le quai des ports, Cherbourg en tête, dans lesquels les bateaux de la taille du Titanic ne pouvaient entrer. Il s'agit de l'ultime commande de la White Star Line.
Toujours dans le même quartier, les amateurs prendront certainement beaucoup de plaisir à passer du temps dans le navire de guerre nommé HMS Caroline. Ce croiseur léger “survivant” de la bataille du Jutland offre la possibilité de s’imprégner de la vie à bord au cours de la 1re guerre mondiale. Il vaut clairement le détour ! Enfin, une poire pour la soif : à côté du HMS Caroline se trouvent les superbes bâtiments nouvellement rénovés d’une toute nouvelle distillerie de whiskey.
INFOS : https://www.ireland.com/fr-be/
3 questions à l’homme qui a retrouvé le Titanic en 1985 : “Il y a trois millions d’épaves à découvrir qui gisent au fond des mers…”

Lors de notre visite à Belfast, nous avons eu la possibilité et le privilège de passer quelques instants avec le Docteur Robert Duan Ballard. Qui est ce natif de l’État du Kansas scientifique maritime qui file gentiment vers ses 81 ans ? Personne d’autre que celui qui a découvert le Titanic au fond de l’Atlantique après des années de recherches infructueuses.
Il s’est mis en tête à l’époque de développer un robot qui puisse parcourir les fonds marins et relever des données, des indices pouvant mener au Titanic. C’est ce qu’a réalisé 'Argo', nom du robot, le 1er septembre 1985. Le Dr Ballard était donc à Belfast en même temps que nous en mars 2023, soit 38 ans après sa découverte magnifique. “Les profondeurs marines sont le plus grand musée au monde. Il y a plus d’histoire au fond des mers que dans tous les musées du monde…”. Rencontre.
Parismatch.be. Dr. Ballard, vous souvenez-vous de vos émotions lorsque vous et votre équipe vous êtes rendu compte qu’il s’agissait bien du Titanic ?
Robert Ballard. Ce sont des émotions fort contrastées. Il y a bien sûr eu des sauts de joie de l’avoir enfin trouvé et puis il y eut ce commentaire très simple d’un membre de l’équipe française qui était aussi sur le projet. Et qui nous a fait remarquer que nous tenions enfin l’épave à 02h00 du matin, soit l’heure du début du naufrage. Vingt minutes plus tard, le Titanic avait disparu de la surface de l’eau. Tous les hommes sur place se sont vite rendu compte qu’il était inapproprié de fêter cela. Le lieu avait parlé en quelque sorte nous appelant à la retenue…
Pourquoi le Titanic continue-t-il de fasciner autant plus de 110 ans plus tard ?
Parce que son histoire contient une moralité et une question centrale que chacun peut se poser : qu’aurais-je fait dans une telle situation, quel aurait été mon courage ? Le temps a dû sembler long entre l’impact et la disparition du bateau, plus de deux heures après… Imaginez-vous sur le Titanic. Quel homme auriez-vous été ?
Connaissant leur gros impact en termes de pollution sur les mers et océans, ces bateaux géants et toutes ces croisières ont-ils encore un sens aujourd’hui ?
Moi je crois au développement technologique avec des caméras 360 ° et à l’avènement du voyage sans bouger de chez soi. Les gens vont pouvoir de plus en plus facilement se rendre partout dans le monde sans laisser d’empreinte écologique. Nous y serons présents avec notre esprit mais plus notre corps. Pour une future expédition cet été, nous sommes en train de construire un bateau sans personne à bord. Nous le commanderons à distance réduisant ainsi l’empreinte de l’équipage.
L’histoire du Titanic en 10 anecdotes
Pour construire le Titanic (1909 -1913), il a fallu construire un gigantesque dock pour y parvenir : trois années de boulot furent nécessaires rien que pour cela !
Le chantier a beau être pharaonique, on dénombra 'seulement' et officiellement huit morts sur les trois ans de travaux.
Découvrant l’électricité, les ouvriers du chantier du Titanic refusèrent de monter dans l’ascenseur prévu pour leur permettre de travailler à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Ils s’en méfiaient ! Préférant monter via un système de poulies…
Sur le Titanic, selon des recherches datant du début des années 2000, une petite trentaine de Belges pourraient avoir fait partie du drame. Seuls six figurèrent finalement sur la liste des 711 survivants.
Au total, 13 lunes de miel eurent pour cadre le voyage vers New York à bord du Titanic. Neuf maris périrent dans le naufrage…
98 % des membres recrutés pour assurer le service “catering” durant le voyage disparurent avec le Titanic.
La personne la plus jeune sauvée se nommait Elizabeth Gladys “Millvina” Dean. Née en février 1912, elle avait… 2 mois lors du naufrage. Sa maman et son frère ont été sauvés mais pas son papa. Elle s’est éteinte en 2009 et avec elle la toute dernière survivante du Titanic.
Au total, une centaine de chansons ont été écrites en rapport avec le naufrage. Ce drame historique a influencé nombre de générations d’auteurs-compositeurs.
Quelque temps après l’incident terrible, le 'Mackay-Benett' fut chargé de repêcher les corps des malheureux morts dans le naufrage. C’est ce bateau qui repêcha Wallace Hartley chef d’orchestre et musicien. C’est lui et ses collègues qui seront amenés à jouer des airs de musique jusqu’au bout. Le Britannique sera retrouvé avec le violon dans son étui en cuir attaché à son corps… Un violon intact qui disparaîtra ensuite durant des décennies avant d’être retrouvé début des années 2010 dans un grenier, authentifié et vendu aux enchères !
À l’époque de la construction du Titanic, Belfast est un véritable joyau de l’empire britannique et une ville qui produit beaucoup de richesses. Outre de somptueux bateaux qui sortent de ses chantiers, la ville transforme le lin en voiles et cordages. Belfast est à la pointe de l’industrie du tabac et du thé. C’est aussi, à l’époque, le bastion de la production de whiskey qui s’éteindra ensuite jusqu’au 21e siècle.