Bienvenue à Virton, le joyau du pays gaumais

L’entité abrite douze biens classés ainsi qu’un patrimoine religieux et civil remarquable. Une magnifique commune rurale.

La Rédaction
Virton - Eglise Saint-Laurent
Virton - Eglise Saint-Laurent ©photo Vincent Rocher ©SPW-AWaP

Par Florence Pirard / Photos Vincent Rocher

Chef-lieu de son arrondissement, Virton se situe dans la province du Luxembourg. Le sud de la commune est une ligne de frontière avec la France. Composée de plusieurs villages – Bleid, Ethe, Latour, Ruette, Saint-Mard et enfin Virton –, l’entité est la capitale de la Gaume, région culturelle dont la langue vernaculaire traditionnelle est le gaumais, et qui fait partie de la Lorraine belge. Le Ton, un affluent de la Chiers, traverse la ville en bordure sud-est avant de prendre les eaux de la Vire un peu plus au sud. Ces deux rivières ont donné leur nom à la ville. Partons à la découverte de ses beautés.

L’église Saint-Martin à Vieux-Virton. Dominant le confluent de la Vire et du Ton, elle est exceptionnelle à plus d’un titre. Construite aux IXe et Xe siècles sur les ruines d’une première église du VIIIe siècle, elle a ensuite été agrandie à plusieurs reprises entre le XIe et le XIIIe siècle, puis une nouvelle fois du XVIe au XVIIIe siècle. Ce sont de récentes fouilles archéologiques qui ont permis de déterminer cette chronologie, mais elles ont également mis au jour deux blocs sculptés du Haut-Empire romain. L’édifice est entouré d’un ancien cimetière ceinturé de murs. L’église est classée comme monument et comme site depuis 1972.

La chapelle Maron à Vieux-Virton. Classée comme site en 1953, implantée sur le versant d’une colline, cette petite chapelle a été érigée au début du XVIIe siècle. De plan quadrangulaire, elle est entourée de quatre vénérables tilleuls. Bien que son origine soit inconnue, on la dénomme chapelle Maron ou des Marrons, nom qui proviendrait d’un patronyme aujourd’hui disparu : un certain Maron possédait à l’époque un champ à l’endroit de cette chapelle. Aujourd’hui entourée par un quartier d’habitation, elle était à l’époque isolée, à mi-chemin entre Virton et Vieux-Virton.

Le moulin Naisse à Virton. La première mention d’un moulin à cet endroit remonte à 1558, à l’époque où un établissement y fabriquait de la poudre à canon. Le moulin devient une scierie à partir du XVIIIe siècle, avant d’être rebâti en bordure du Ton durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Composée de deux bâtiments accolés, cette construction est classée comme monument en 1990. Les alentours du moulin, pittoresques, sont également protégés par une mesure de classement.

La maison Simonet à Virton. Classée en 1993, cette belle maison à vocation commerciale a été construite en 1909 pour les époux Édouard-Narcisse Simonet et Louisa Gilles. Édifié dans le style d’un hôtel bourgeois du XVIIIe siècle, l’endroit rappelle également le style Beaux-Arts, très en vogue dans la capitale à la Belle Époque. L’ensemble est toutefois plus sobre et moins cossu que les exemples bruxellois. On y installe une boutique de draps et de tissus ainsi qu’un atelier de confection, tous deux disparus après la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, la maison appartient encore aux descendants des Simonet, qui habitent le logis et ont transformé l’ancien atelier désaffecté en gîte. L’immeuble a bénéficié d’une restauration d’envergure terminée en 2010 et abrite de nos jours un établissement horeca.

La Maison Simonet : cette belle maison à vocation commerciale a été construite en 1909
La Maison Simonet ©photo Vincent Rocher ©SPW-AWaP

Le kiosque de Virton. Dans la lignée des innovations architecturales du XIXe siècle, les kiosques apparaissent dès les années 1820-1830 sous forme d’édicules provisoires et démontables. Jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, ils sont le produit de l’engouement musical qui se propage dans les villes et villages par le biais des sociétés de musique, des harmonies, des fanfares et des fêtes locales. Le kiosque de Virton est l’œuvre de l’architecte Omer Bodson et date de 1914. De plan identique à celui de Saint-Mard érigé trente ans auparavant, il innove toutefois par sa décoration, car l’Art nouveau a influencé l’architecte. La Société royale philharmonique de Virton en était le principal occupant. Classé en 1997, le kiosque a bénéficié d’une restauration en 2010.

Le kiosque de Virton est l’œuvre de l’architecte Omer Bodson et date de 1914.
Virton - kiosque centre ville ©photo Vincent Rocher ©SPW-AWaP

La «Grande Maison» à Virton. Située en plein centre historique et classée en 2001, cette demeure a été construite en 1746. Il s’agit d’un édifice bâti aux Temps modernes, période assez troublée dans l’histoire de la ville. Partie intégrante du duché de Luxembourg depuis le Moyen Âge, -Virton est située aux confins de cet État. Sa position dans cette zone de passage et le fait qu’elle soit devenue une ville-frontière après le traité des Pyrénées de 1659 l’expose à de fréquentes attaques, occupations et destructions. On en compte notamment en 1654 et 1792. Entre 1478 et 1519, la ville est sous l’autorité du duc de Lorraine et, à la fin du XVIIe siècle, est occupée par les troupes du roi de France, qui procèdent à la démolition des fortifications. De plus, en 1597, 1599 et 1636, la ville est touchée par la peste. Ces temps troublés n’étaient pas propices à la création architecturale.

L’église Saint-Martin à Latour. Elle tire son origine d’une chapelle castrale remontant au milieu du XVIe siècle. Cet édifice religieux, lié au château de Latour, est érigé en paroisse en 1790. Les parties les plus anciennes datant du XVIe siècle sont formées par le chœur, l’avant-chœur et une chapelle gothique. L’église est classée comme monument et comme site depuis 1982. L’intérieur du sanctuaire abrite quelques pièces de grand intérêt. Ainsi, la base du maître-autel, ormée par un bloc gallo-romain en réemploi représentant Minerve s’appuyant sur un bouclier, est un élément remarquable. Cette réutilisation de blocs sculptés romains n’est pas inédite dans la région : on trouve notamment des exemples similaires à Villers-sur-Semois, Messancy ou Amberloup. Dans le vestibule se trouve un Ecce Homo sculpté dans la pierre calcaire, de style Renaissance.

La tour de l’ancien château Saint-Rémy à Bleid. Le hameau, dans l’ancienne commune de Bleid, dépendait autrefois de la seigneurie de Latour. En 1805, le château échoit aux Gerlache de Gomery, importante famille de la région. En 1905, les frères marianistes, fuyant la France pour échapper à la loi de séparation entre l’Église et l’État, arrivent à Bleid et achètent l’édifice afin d’y installer un établissement scolaire. Un nouveau bâtiment abritant classes et dortoir est construit. L’école est par la suite transformée en home jusqu’en 1952, date de la démolition des lieux pour cause d’insalubrité. Du château subsiste une tour quadrangulaire transformée en gîte rural. Juste à côté, le bâtiment érigé au début du XXe siècle par les frères marianistes a lui aussi été restauré récemment. La tour est classée comme monument et comme site en 1988.

La chapelle du Charnier à Saint-Mard. Classée en 1970, elle constitue aujourd’hui le dernier monument d’un cimetière disparu en 1872. En 1854 et 1866, la chapelle aurait également servi de charnier à la suite de deux épidémies de choléra; c’est à cet événement qu’elle doit aujourd’hui son nom. À l’intérieur, au-dessus d’un autel, se trouve un Christ en croix entouré par une statue de Notre-Dame des Sept Douleurs (à droite) et l’allégorie d’une âme purifiée par les flammes et soutenue par un ange (à gauche). Les trois sculptures sont attribuées à Henri Maître Jacques de Longwy et ont été réalisées vers 1755. Le charnier a depuis été implanté dans un espace vert sur lequel se trouve un tilleul, arbre de paix.

Le presbytère de Saint-Mard. Il s’agit d’une longue bâtisse chaulée et encadrée de deux annexes agricoles basses, érigée vers le milieu du XVIIIe siècle. À gauche se trouve une ancienne étable et, à droite, une ancienne grange. Le presbytère a été classé comme monument en 1988.

Le kiosque de Saint-Mard, classé en 1997. Son édification a été rendue possible grâce à une souscription publique. Il fut inauguré le 11 septembre 1885. À la fin du XIXe siècle, la commune compte plusieurs sociétés musicales dont la Philharmonie Saint-Mardoise, qui anime les manifestations communales. Bals et fêtes seront dès lors organisés à proximité du kiosque. Ce dernier est installé au centre de la place, au sein d’un square grillagé et arboré, et a bénéficié d’une restauration en 2010.

La fontaine Martin à Saint-Mard. Avant la généralisation de la distribution d’eau, le lavoir public jouait un rôle primordial dans la vie domestique et associative d’un village. Jusque bien loin dans le XXe siècle, la lessive proprement dite se faisait à la maison, avec de l’eau chaude mélangée à des cendres de bois pour dégraisser et blanchir. Le lendemain, le rinçage (qui nécessitait une eau courante abondante) se faisait dans la rivière ou dans un lavoir public. Beaucoup de ces derniers n’ont malheureusement pas survécu à l’invention des machines électriques, et ceux qui demeurent en place sont désormais les témoins d’une époque révolue. La fontaine Martin est ainsi un ancien lavoir communal, fortement lié à la gare de Virton-Saint-Mard toute proche. Il a un petit côté industriel, comme en témoigne le tuyau d’arrivée d’eau. En effet, la même source alimentait l’approvisionnement en eau des locomotives à vapeur, à l’époque où Saint-Mard était une gare de formation. Cet ancien lavoir est un des rares exemples wallons ayant fait l’objet d’une mesure de classement au titre de monument, en 1993.

Virton - Eglise Saint-Medard Saint medard
Virton - Eglise Saint-Medard Saint medard ©photo Vincent Rocher ©SPW-AWaP

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INFOS

Maison du tourisme de Gaume

Rue des Grasses Oies 2b à 6760 Virton

+32 (0)63 39 31 00 – www.visitgaume.be

Musée gaumais

Rue d’Arlon 38-40 à 6760 Virton

+32 (0)63 57 03 15 – www.museesgaumais.be

1. L’église Saint-Laurent à Virton.

2. La maison Simonet.

3. Le kiosque à Virton.

4. L’église Saint-Médard à Saint-Mard.

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