À visiter durant ces congés : deux églises exceptionnelles de la ville de Ath
Ath est une ville de la province du Hainaut. Avec Lille et l’ancien bassin minier du Nord–Pas-de-Calais, elle participe aussi à un ensemble métropolitain de près de 3,8 millions d’habitants appelé «aire métropolitaine de Lille»
Publié le 08-05-2023 à 13h45
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Par Florence Pirard / Photos Guy Focant et Vincent Rocher
Au confluent des deux Dendres, Ath se situe à 60 km au sud-ouest de Bruxelles, à 65 km à l’est de Lille, à 27 km de Tournai et à 23 km de Mons. Mais Ath, dont le passé est riche et le folklore exceptionnel, est aussi la cité des géants. La ducasse s’y déroule le quatrième dimanche d’août. Partons à la découverte de deux très belles églises de la ville, toutes deux classées comme monument en 1941 et abritant de nombreuses œuvres d’art : l’église Saint-Julien et l’église Saint-Martin.
L’église Saint-Julien. Connue dès 1076, elle était alors située dans l’antique village d’Ath (devenu le Vieux Ath). La création de la ville neuve à partir de 1166 incite les habitants, qui souhaitent ne plus aller pratiquer leurs dévotions hors les murs, à demander la construction d’une nouvelle église. Celle-ci est érigée, en style gothique et en pierre calcaire, entre 1395 et 1415. En 1404, les fonts baptismaux et le Saint-Sacrement sont transférés du Vieux Ath à Ath. L’église est consacrée le 7 juillet 1415.
Des travaux complètent l’édifice par l’adjonction d’une tour à partir de 1462. En 1465, celle-ci est surmontée d’une haute flèche qui culmine à près de 90 m, mais divers malheurs accablent la destinée de l’église. La flèche est emportée par les grands vents du 27 mars 1606. La foudre frappe l’édifice en 1612, 1705 et 1791. Le bâtiment est ébranlé par une tempête en 1799 et, sous la Révolution française, l’église est transformée en temple de la Loi.
Mais ce n’est pas tout! Le 10 avril 1817, un coup de foudre déclenche un incendie qui conduit à la destruction de la partie centrale de l’église gothique ogivale, et la tour perd définitivement sa flèche. Seules sont conservées la façade occidentale, sa tour, la structure du chœur, la sacristie (1725) et la chapelle absidiale, dite de la Bonne Mort, datée du XVIe siècle. Ces éléments anciens sont classés depuis le 10 novembre 1941.
Entre 1819 et 1822, l’édifice est reconstruit en style néoclassique selon les plans de l’Athois Gabriel Florent, marchand-orfèvre et sculpteur, improvisé architecte. À la suite de quelques vices de construction, la tour est restaurée de 1846 à 1854 sous la direction des architectes Désiré Limbourg et Jean-Baptiste Mottrie.

Le 23 mai 1951, un nouvel incendie affecte la tour et provoque l’effondrement de la voûte. Restaurée, l’église est rouverte au culte lors de la ducasse de 1953. De 1982 à 1984, divers chantiers sont réalisés. Des travaux de peinture sont exécutés en 1994 et le grand vitrail de la façade avant est renouvelé en 1996. Le 8 janvier 2001, un dernier incendie impose de refaire les peintures intérieures et de restaurer les tableaux, patrimoine immobilier par destination.
En 2004, la commémoration du 600e anniversaire de l’ouverture au culte de l’église a amené la remise à neuf du rez-de-chaussée de la tour, avec sa croisée d’ogive, ses chapiteaux et ses culs-de-lampe sculptés du XVe siècle. La chapelle de la Bonne Mort a aussi été mise en valeur.
L’église Saint-Julien est à l’origine de deux éléments festifs immatériels de la vie urbaine. Un carillon est attesté dès 1481. En 1520, il compte une douzaine de cloches. Détruit par l’incendie de 1817, il est reconstitué et inauguré le 23 août 1953. Seule une cloche du fondeur Witlock, datée de 1714, a pu être préservée et est exposée désormais au Musée d’histoire et de folklore. Doté de 43 cloches, il est complété en 1981 et en 2000 pour porter ce nombre à 49. Depuis 1964, des concerts sont organisés chaque année. Sous l’impulsion du responsable communal, l’académie de musique d’Ath a ouvert des cours de carillon depuis 1994.
L’église est dédiée à saint Julien de Brioude, martyr du IVe siècle fêté le 28 août. Depuis sa fondation, la paroisse honore annuellement son saint patron avec une procession générale qui fait défiler les confréries de la ville et leurs géants, ainsi que des représentations de récits bibliques. Au fil des siècles, la procession s’est muée en manifestation collective et est devenue la célèbre ducasse du quatrième dimanche d’août.
Les collections. Principal et plus ancien lieu de culte de la ville, l’église Saint-Julien possède de riches collections d’œuvres d’art, dont une partie sont présentées au Musée d’histoire et de folklore. L’orfèvrerie regroupe essentiellement des objets liturgiques intervenant dans la célébration de l’Eucharistie : calices, custodes, ostensoirs, encensoirs ou encore chandeliers. Le textile comprend les habits dont se revêtent les prêtres pour les offices – dalmatiques, chasubles, chapes, étoles – ou les pièces liées aux accessoires de l’autel : antependium, voile de calice, etc. Des broderies au fil d’or décorent ces ornements des XVe et XVIe siècles.
En 1748-1750, le brodeur athois Pierre François Dormal réalise deux chasubles rouges pour l’église, toujours portées par les prêtres lors des Vêpres Gouyasse, le samedi de la ducasse. L’intérêt principal des œuvres de l’église réside dans sa collection picturale de format de grande taille. Certains tableaux datés de l’Ancien Régime ont échappé à l’incendie de 1817, comme une Cène peinte vers 1680 par Jean Van Cleef (Venloo 1646 – Gand 1716). L’essentiel des œuvres sont datées du XIXe siècle et ont été réalisées par des peintres issus de l’académie de Dessin d’Ath.
L’église Saint-Martin d’Ath. Dès le Bas Moyen Âge, l’abbaye Saint-Martin de Tournai possède un vaste domaine entre Ath et Rebaix. En 1126, son abbé devient le collateur de la paroisse de Brantignies, où est érigée une église dédiée à Martin. Ruinée en 1477, elle le sera à nouveau en 1578. En 1585, l’église est reconstruite définitivement au bord de la rivière, dans l’intra-muros de la cité. En 1796, elle est consacrée au culte de la déesse Raison, avant d’être rouverte sous le Consulat.
L’église Saint-Martin a été classée comme monument le 10 novembre 1941, en même temps que le calvaire qui se dresse juste à sa droite. En 1959, des démarches sont entreprises pour sa restauration. Toutefois, les travaux ne débutent qu’en mars 1980. Contrairement aux prévisions, il faudra remplacer la toiture et renouveler plus de pierres et de briques. Ces travaux ont également mis en évidence le mauvais état du chœur, aussi les décorations baroques du XVIIIe siècle doivent-elles être démontées. La première phase du chantier se termine en avril 1983.

En août 1986 commence une seconde phase. Les moulures sont redessinées et les orgues restaurées. De nouveaux travaux débutent le 18 janvier 1994. L’attention se porte sur le calvaire, la mise au tombeau et l’horloge. Construites sur le lit de la Dendre à l’arrière de l’église, les annexes des années 1950 sont démolies, tout comme la sacristie, pourtant datée du XVIIe siècle dans l’inventaire du patrimoine. Une dernière phase s’étale du 7 septembre 1999 au 16 septembre 2000. La structure du clocher est consolidée et les abat-sons remis en état.
Deux monuments attirent particulièrement l’attention : l’horloge et un ensemble composé d’un calvaire et d’une mise au tombeau. Le clocher conserve une ancienne horloge datée du XVe ou du XVIe siècle. Restaurée, elle fonctionne à nouveau depuis la ducasse de 1994, et peut sonner tous les quarts d’heure grâce à un dispositif désormais électrique.
Le calvaire et la mise au tombeau. En 1754, dans un renfoncement à droite de la porte d’entrée de l’église Saint-Martin, les confrères de la Passion érigent un calvaire avec une mise au tombeau. Il s’agit d’un ensemble de style Renaissance, daté probablement du dernier quart du XVIe siècle. Il est composé d’un Christ en croix entouré de la Vierge, de saint Jean et des deux larrons en croix. La croix de Jésus, de 6,7 m de hauteur, est sculptée et présente des médaillons illustrant les quatre évangélistes. En 1922, la statue de Marie Madeleine s’effondre.
Le calvaire est emporté en 1980 pour être restauré par l’Institut royal du patrimoine artistique et sera remis en place durant la phase de travaux débutée en janvier 1994. La mise au tombeau fait l’objet d’une nouvelle présentation : restaurée de 1947 à 1959 par l’Institut royal du patrimoine artistique, elle est exposée au Musée d’histoire et de folklore à la fin des années 1960, avant d’être présentée dans une vitrine à l’intérieur de l’église Saint-Martin. Malgré cette restauration, elle a fait l’objet d’une nouvelle intervention à partir de 2005, avant de regagner l’église en octobre 2009.

POUR EN SAVOIR PLUS
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L’église Saint-Julien (rue de Pintamont) est accessible tous les jours de l’année de 8 h à 18 h. Les offices religieux se déroulent du lundi au vendredi à 8 h 30 et le dimanche à 11 h. L’église Saint-Martin (rue de Saint-Martin) est accessible tous les jours de 9 h à 18 h. L’office religieux a lieu le samedi à 18 h 30.
INFOS
L’office de tourisme d’Ath a conçu différentes visites permettant de découvrir les musées et les richesses de la ville. www.ath.be/loisirs/tourisme/office-de-tourisme
