À la découverte du patrimoine castral de la charmante commune d’Onhaye.

Alors que l’AWaP s’apprête à fêter la vie de château en famille ce 1er mai, visitons Onhaye terre de châteaux.

Frédéric Marchesani
Les ruines de la forteresse médiévale de Montaigle dominent le village de Falaën
Les ruines de la forteresse médiévale de Montaigle dominent le village de Falaën ©Vincent Rocher et Guy Focant

Au nord de l’arrondissement de Dinant, en province de Namur, se niche la commune d’Onhaye. Située entre Anhée, Florennes, Hastière et Dinant, elle est composée de sept sections ou anciennes communes : Anthée, Falaën (un des plus beaux villages de Wallonie), Gerin, Onhaye, Serville, Sommière et Weillen. L’entité se trouve dans le Condroz namurois, caractérisé par une succession de tiges et de chavées, des lignes de pointes et des dépressions marquant le relief. Celles-ci sont empruntées par des rivières et ruisseaux, affluents directs ou indirects de la Meuse.

La commune est riche d’une nature verdoyante mais aussi d’un patrimoine multiple et conséquent : sept bien sont classés, dont un inscrit sur la liste du patrimoine exceptionnel, tandis que 188 monuments sont recensés à l’inventaire du patrimoine immobilier. Un nombre important pour un territoire dont les terrains bâtis n’occupent que 2,1 % de ses 65 km²! Si la Wallonie est «terre de châteaux», c’est particulièrement le cas dans la commune d’Onhaye, qui abrite huit châteaux ou châteaux-fermes.

Le château de la Forge à Anthée. Isolé au nord du village, cet ensemble en U comprend des bâtiments érigés entre le XVIe et le XVIIIe siècle en calcaire, briques et pierre bleue. Une ferme de même plan se trouve à l’est du domaine. En 1460, Gilles d’Awaignes fonde ici une forge, passée entre diverses mains au fil des siècles. Le site conservé de nos jours comporte une cour d’honneur fermée à rue, entre deux grosses tours d’angle formant pavillon et reliées par une grille du XIXe siècle. Au fond de la cour se situe le logis, rebâti au XVIIIe siècle sur des bases anciennes et augmenté d’une tour d’entrée en 1895. De part et d’autre sont placées de courtes ailes, dans le prolongement desquelles se trouvent les dépendances (écurie, remise à voitures, buanderie à l’ouest; chapelle et logis du fermier à l’est), délimitées par deux tours courtaudes. À l’intérieur, le château conserve des éléments de décor d’origine tels une taque de cheminée millésimée 1540, des plafonds moulurés et de belles cheminées.

Le château de Fontaine à Anthée. Classé comme site en 1980, il est isolé dans un vallon entouré de bois. Il s’agit d’un ensemble en moellons de calcaire composé d’un château en U ouvert vers le sud et ponctué de tours d’angle, et d’une ferme de même plan tournée vers le château. Les divers édifices ont été bâtis aux XVIe et XVIIe siècles au départ d’un donjon médiéval (XIIIe-XIVesiècles) qui survit à l’angle nord-est. Le site a été restauré en style néotraditionnel entre 1907 et 1909. Depuis les pâtures environnantes, la silhouette du château attire le regard du flâneur. On ne peut qu’être fasciné par la silhouette médiévale de la forteresse, ponctuée de massives tours d’angle circulaires coiffées de hautes toitures d’ardoises en poivrière. La tour sud-est a conservé des canonnières et possède des murs d’une épaisseur de 2,20 m. La ferme traditionnelle est, comme le château, protégée par un haut mur de clôture, construit probablement en plusieurs étapes dès le XVIe siècle. Le site comprend également des jardins à la française, recréés au sud et à l’est. L’ensemble est accessible par une belle drève plantée de vingt-huit tilleuls à grandes feuilles.

Le château-ferme de Falaën. Implantée dans un léger vallon au centre du village, cette imposante exploitation seigneuriale fortifiée a été érigée dans le dernier tiers du XVIIe siècle par le chevalier Pierre de Polchet. Jadis cerné de douves, il s’agit d’un vaste quadrilatère homogène en briques, moellons et pierre de taille calcaire, couvert d’ardoises et construit dans le style traditionnel légèrement teinté de baroque. L’ensemble, accentué par quatre hautes tours d’angle carrées, s’organise autour d’une grande cour accessible par une tour-porche monumentale érigée en 1672 et précédée par un pont à trois arches. Le château-ferme est classé comme monument et comme site depuis 1970.

Le château-ferme de Falaën est accessible par une monumentale tour-porche
Le château-ferme de Falaën est accessible par une monumentale tour-porche. ©Vincent Rocher ©SPW-AWaP

Le château du Montaigle à Falaën. Ce très bel ensemble construit essentiellement en briques se situe dans un hameau nommé Le Montaigle, dépendant du village de Falaën. Il se compose d’une ferme des XVIIe et XIXe siècles et d’un château en double corps construit dans les années 1850. Sa belle façade s’ouvre vers le jardin tandis que des communs ceinturent sur trois côtés une cour pavée. Le corps principal du château est développé sur un plan en U. La belle façade donnant sur l’extérieur est entièrement essentée d’ardoises de Fumay (Ardennes françaises) et précédée d’une terrasse interrompue par un escalier central.

Le château-ferme de Hontoir. Situé dans le hameau éponyme, dépendance du village de Sommière, il était autrefois le siège d’une seigneurie foncière dépendant du comté de Namur. Propriété de la famille du même nom du XIIIe siècle à 1573, le domaine est racheté en 1617 par Catherine de Montjoie et érigé en seigneurie hautaine en 1626. C’est elle et son époux, Gérard d’Oyembrugge, qui sont à l’origine de la construction du complexe actuel. Isolé sur un plateau de cultures, le château-ferme prend la forme d’un quadrilatère en briques et calcaire érigé au départ d’un donjon du Bas Moyen Âge. La silhouette de l’ensemble est marquée par une grosse tour, forte, presque carrée.

De grosses tours marquent la silhouette du château-ferme de Hontoir.
De grosses tours marquent la silhouette du château-ferme de Hontoir. ©photo Vincent Rocher ©SPW-AWaP

Le château de Montaigle. Lui aussi dépendant du village de Falaën, le hameau de Montaigle ne doit pas être confondu avec celui de Le Montaigle! Tous deux possèdent leur château, mais celui-ci joue dans la cour des grands. Inscrit sur la liste du patrimoine exceptionnel, il est classé comme monument et site depuis 1946. Très différent des autres châteaux de la commune, celui-ci fut une forteresse médiévale, aujourd’hui ruinée. Ses vestiges se dressent fièrement au sommet d’un éperon abrupt, au confluent du Flavion et de la Molignée. L’importance stratégique des lieux font qu’ils sont occupés dès l’Âge du fer, vers 450 avant notre ère.

Mais c’est au Moyen Âge que la destinée du site prend une nouvelle dimension. En 1215, le comte de Namur donne Montaigle en fief à Gilles de Berlaymont, qui y fait bâtir un donjon rectangulaire. En 1298, le comte de Namur Guy de Dampierre rachète le site pour le donner à son fils cadet qui y édifie, au tout du début du XIVe siècle, un important château résidentiel, étendu dans la seconde moitié du siècle, puis complètement réarrangé au XVe siècle. Cette forteresse d’État devient le siège du baillage de Montaigle, une des subdivisions du comté de Namur. Elle sera incendiée par les troupes du roi de France Henri II en 1554 et ainsi définitivement abandonnée. Depuis 1965, elle est fouillée, restaurée et consolidée, et constitue un remarquable témoin de l’art de bâtir les forteresses au Moyen Âge.

Le château de Miavoye. Hameau d’Anthée, Miavoye possède lui aussi son château. Il s’agit d’un petit ensemble en U qui remonte au XVIIe siècle et a été étendu aux siècles suivants, avant d’être particulièrement uniformisé en 1813.

Le château de Weillen. Surplombant le village sur un versant en pente douce, il comporte de vastes bâtiments en briques et calcaire dont l’érection remonte aux XVIIIe et XIXe siècles, au départ d’un quadrilatère fortifié du XVIIe siècle mais fortement modifié. L’ensemble originel, en carré, n’a conservé qu’une de ses tours d’angle. Les anciennes douves qui l’entouraient ont aujourd’hui fait place à un grand parc planté de diverses essences très anciennes.

Il ne fait aucun doute que la commune d’Onhaye possède des charmes indéniables. On se baladera dans les rues de ses villages typiques à la découverte aussi d’églises et de fermes traditionnelles. C’est également dans la région que se trouvent les fameuses draisines de la Molignée, attraction touristique largement plébiscitée.

Les draisines de la Molignée, attraction touristique incontournable dans la commune d’Onhaye.
Les draisines de la Molignée, attraction touristique incontournable dans la commune d’Onhaye. ©Guy Focant

LA VIE DE CHATEAU EN FAMILLE

Ce 1er mai 2023, l’Agence wallonne du patrimoine organise pour la troisième fois un événement dédié au public familial sur le thème des châteaux. Aux quatre coins de la Wallonie, vous pourrez découvrir gratuitement trente-deux d’entre eux grâce à des visites guidées et des animations. Parents et enfants pourront ainsi expérimenter concrètement le patrimoine au travers de jeux didactiques spécialement conçus pour les enfants de 3 à 5 ans ou de 6 à 12 ans. En voici le programme alléchant.

Dans la province du Brabant wallon : les châteaux de Bois-Seigneur-Isaac et d’Hélécine.

Dans la province du Hainaut : les châteaux de Monceau-sur-Sambre, Trazegnies, Enghien, Farciennes, Ham-sur-Heure, Seneffe, Havré et le château Bivort à Fontaine-l’Évêque.

Dans la province de Liège : les châteaux de Jehay, Saive, Fallais, Aigremont, Bonne-Espérance (Tihange), Belle-Maison (Marchin), Vieljaren (Hombourg), Raeren, Ordange (Jemeppe-sur-Meuse), Wégimont, Franchimont, Moha et le château de la Fraineuse à Spa.

Dans la province du Luxembourg : le château du Faing (Jamoigne) et les châteaux de Grune et Herbeumont.

Dans la province de Namur : le château Saint-Roch à Couvin, les fortifications de Crèvecœur à Bouvignes et les châteaux de Freÿr, Ostin, Rochefort et Treignes.

Bref, un programme plus que séduisant!

INFOS

www.journeesdupatrimoine.be/la-vie-de-chateau-en-famille

Attention, les heures d’ouverture et les animations sont différentes pour chaque château. Pour certains, il est obligatoire de réserver sa visite à l’avance. Toutes les infos se trouvent dans la brochure disponible sur le site internet.

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