Trésors wallons : Les bibliothèques et les archives de l'État

Si certaines bibliothèques s’installent dans des édifices réaffectés, d’autres sont hébergées dans des bâtiments dédiés à cette fonction, construits surtout au XXesiècle. Partons à la découverte de quelques exemples de ces temples du savoir.

Petit tour d'horizon des bibliothèques wallonnes.
Petit tour d'horizon des bibliothèques wallonnes. ©Photo Tess Dosogne@SPW-AWaP

Par Florence Pirard / Photos Vincent Rocher et Guy Focant

La bibliothèque universitaire Moretus Plantin à Namur

Inauguré en 1979, l’édifice prend la forme d’un L, dont le plus petit côté recrée la continuité du front urbain le long de la rue Grandgagnage. Cette aile est surélevée par des pilotis ouvrant l’intérieur de l’îlot, une agora aménagée en gradins afin de retrouver les niveaux des rues alentour. Les élévations dialoguent avec le contexte: des briques ont été maçonnées afin de créer des continuités de matériaux le long des rues Grandgagnage et Grafé. À l’inverse, les élévations nord et sud sont revêtues d’éléments en béton préfabriqué. Les vitrages articulent l’ensemble et créent des effets de profondeur. Le volume le plus haut, abritant la réserve à livres, est habillé d’un bardage en aluminium. L’architecte Roger Bastin espérait que ce revêtement s’accorde avec la coupole de la cathédrale. Diverses dimensions furent envisagées pour finalement s’arrêter sur une hauteur de 27m au-dessus de la rue Grafé. Sur le projet final, il faut néanmoins remarquer la perspective verticale perceptible depuis l’entrée principale, réminiscence d’un projet de tour qui fut abandonné au bout de dix-neuf tentatives. À l’intérieur, les espaces dédiés à la lecture sont répartis sur deux niveaux. Le second se trouve en mezzanine du premier, dégageant l’espace sur la hauteur de deux étages. La vérité des matériaux s’exprime pleinement: le béton brut de décoffrage est laissé visible, tout comme les blocs en terre cuite utilisés pour les murs de cloisonnement.

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D.R. ©photo Vincent Rocher SPW-AWaP

L’ancienne bibliothèque des Sciences, aujourd’hui musée, à Louvain-la-Neuve

Elle vous a été présentée dans le Paris Match du 16mars dernier, dans l'article consacré à la ville universitaire et à son architecture du XXesiècle.

La bibliothèque centrale de l’UMons

L'immeuble qui l'abrite aujourd'hui, au no2 de la rue Marguerite Bervoets, constitue le seul vestige de l'ancien collège des jésuites. Après la suppression de l'ordre par l'impératrice Marie-Thérèse en 1773, les bâtiments furent en partie démolis. L'édifice subsistant, en forme de L, est daté de 1623 au revers du porche d'entrée. Une inscription au-dessus de ce dernier rappelle que le révolutionnaire français Georges Jacques Danton y a prononcé un discours le 11février 1793. Dans la cour intérieure, le Cercle archéologique de Mons a fait installer vers 1896 un portail gothique du XVIesiècle provenant de l'encloître de Sainte-Waudru, démonté lors des travaux de dégagement de la collégiale réalisés à cette époque. À l'intérieur, l'escalier droit, l'un des plus anciens connus à Mons, remplace l'escalier à vis traditionnel.

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L’ancien presbytère de Pont-à-Celles, classé en 1956

Ancien prieuré des prémontrés, dépendant autrefois de l'abbaye de Parc à Heverlee, cette belle bâtisse a été érigée entre 1755 et 1757 sous l'abbatiat d'Alexandre Slootmans. Inscrite au milieu d'un vaste jardin arboré, elle devient par la suite le presbytère de Pont-à-Celles, avant d'être réaffectée en bibliothèque après une importante campagne de restauration achevée en 2019. À l'intérieur, de nombreux stucs d'époque ont été conservés, ainsi qu'un remarquable escalier hélicoïdal en bois. Les travaux ont permis, en 2018, de mettre au jour une très belle peinture du XVIIIesiècle sur un plafond de l'édifice, cachée sous six couches de peinture d'époques diverses.

Les Archives de l’État à Mons et Lotto Mons Expo

Édifié en 2006, le bâtiment, résultat d’un partenariat entre la Ville de Mons et la régie des bâtiments de l’État fédéral, superpose deux programmes de construction: au niveau supérieur, un hall multifonctionnel destiné à accueillir des manifestations associatives, commerciales, sportives et culturelles ; au niveau inférieur, un espace affecté à la conservation d’archives. La ville, maître de l’ouvrage, a mis à disposition le terrain qu’elle possède sur le site des Grands Prés, l’État prenant en charge le gros œuvre des fondations et l’aménagement des sous-sols pour ses archives. Le bâtiment est établi sur un terrain marécageux, avec des caractéristiques mécaniques médiocres et une nappe phréatique proche de la surface du sol, imposant d’équiper la zone souterraine d’une double paroi. La première baigne donc dans l’eau et porte le bâtiment comme un bateau, tandis que la seconde protège les archives de l’humidité. Quant aux magasins, ils sont équipés de rayonnages mobiles.

L'implantation souterraine présente deux avantages: l'absence de lumière naturelle, nuisible à la conservation des papiers et des encres, et un confinement favorisant la sécurité en cas de vol ou d'incendie. Le hall présente une hauteur sous plafond de 18m et une surface au sol de 10 450m2. Son ossature est constituée de vingt-deux-arcs en béton de 63m de portée, ce qui permet de libérer totalement l'espace intérieur d'appuis intermédiaires. L'acier inoxydable a été employé comme matériau de parement. Connecté au hall par une verrière longitudinale, un bâtiment parallélépipédique de deux étages, également habillé d'aluminium, abrite au niveau supérieur les locaux administratifs et de service du hall et, au niveau inférieur, les locaux ouverts au public, les espaces administratifs et la conciergerie.

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Les Archives de l’État à Namur

Les Archives de l’État sont présentes à Namur depuis 1848. Suite à un manque de place, un nouveau dépôt a été construit entre 2012 et 2013 le long du boulevard Cauchy, à proximité de la gare, afin de permettre l’accroissement des fonds et collections pendant vingt-cinq années au moins. D’une surface totale brute de 9 431m², le bâtiment peut contenir 35kilomètres linéaires d’archives. En 2023, les Archives de l’État à Namur conservent déjà plus de 18kilomètres linéaires de documents. L’un des objectifs du projet est également d’intégrer parfaitement le bâtiment à l’environnement urbanistique: ainsi, il crée notamment un écran antibruit pour le quartier. Le complexe se comporte de trois zones principales: une zone d’archives adossée au chemin de fer, une zone ouverte sur l’espace public comprenant différents espaces répartis sur plusieurs plateaux – une salle polyvalente, une cafétéria et un lobby au rez-de-chaussée, une salle de lecture au premier étage, une salle de séminaire au deuxième et une bibliothèque d’histoire namuroise et administrative au troisième – et une zone de bureaux située à l’extrémité du bâtiment. Leon Keer, un street artist d’origine néerlandaise, mondialement reconnu pour ses œuvres en trompe-l’œil donnant l’illusion de la 3D, a reçu pour mission de réaliser une fresque monumentale recouvrant un pignon du nouveau bâtiment : une antique machine à écrire, au-dessus de laquelle oscille un lampadaire, prend place au milieu de dossiers d’archives. Cette anamorphose, créant une illusion d’optique, rappelle la fonction du lieu et invite à voyager au cœur de celui-ci.

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D.R. ©photo Vincent Rocher SPW-AWaP

Les moulins de Beez

Enclavée entre la Meuse et le chemin de fer, la minoterie de Beez fut construite en 1901, à 2km de Namur, par la SA Les Anciens Moulins de Namur et de Jambes. Sa localisation sur une longue bande de terrain de près de 11ha (les anciens Prés de Beez) facilita l’approvisionnement en grain par voie d’eau et le transport de farine par chemin de fer. La minoterie fonctionna à la vapeur jusqu’en 1950, l’électricité prenant ensuite le relais jusqu’à la fermeture de l’entreprise en 1986. Malgré les modifications imposées par les besoins de fonctionnement ou les incendies (1912 et 1920), elle continue à imposer ses deux beaux volumes de forteresse néomédiévale le long de la Meuse. Le moulin proprement dit est constitué de deux bâtiments principaux reliés par une passerelle au niveau du premier étage: vers Namur se trouve le bâtiment de stockage et vers Beez le bâtiment de transformation, qui comprend une partie dévolue au nettoyage et une partie au moulin. La composition architecturale frappe le regard.

En 1994, le gouvernement wallon décide de créer son centre d’archives administratives dans les anciens moulins de Beez. Classés et inaugurés en 1998, ils abritent, outre les archives de la Région, un auditorium de 140places installé dans l’ancienne salle des machines. Depuis le mois d’octobre 2019, une partie des services de l’Agence wallonne du patrimoine y a également pris ses quartiers. L’enveloppe des bâtiments a été restaurée dans son état initial. L’aménagement intérieur a été conçu de manière contemporaine, mais en conservant des références à la fonction première du lieu. De nombreuses interventions artistiques ont accompagné cette restauration exemplaire, notamment un aménagement paysager par Pierre Culot et une mise en lumière des bâtiments et de leurs abords par Yann Kersalé.

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À la foire du livres de Bruxelles

Elle se déroule en ce moment à Tour & Taxis (du 30mars au 2avril 2023). Pour célébrer le livre et ces retrouvailles, elle investit les halls1 et 2, les deux halls bis, la Maison de la Poste et la Gare maritime. L'Agence wallonne du patrimoine vous attend sur le stand no134, situé dans le magasin1. L'équipe des publications vous accueille et vous conseille sur l'ensemble des ouvrages issus des collections de l'Agence wallonne du patrimoine et de la Fédération Wallonie-Bruxelles (patrimoine culturel). Bienvenue à tous !

Organisez votre visite

Les bibliothèques et centres d’archives sont accessibles aux heures d’ouverture pour la consultation des documents. Ils possèdent en outre chacun un site internet reprenant toutes les informations utiles. Une exposition est actuellement à découvrir dans le hall des Archives de l’État à Namur: « Sauvons l’histoire du Namurois – 175ans d’action conjointe des Archives de l’État et de la Société archéologique de Namur ». Un témoignage de la richesse du patrimoine de la province, qui survole trois mille ans d’histoire. Les deux institutions entretiennent des liens étroits, et cette exposition témoigne de ce travail de collaboration. Elle présente des objets exceptionnels – œuvres, papiers, livres, céramiques ou sceaux dans un état de conservation étonnant – et nous raconte l’histoire des châteaux: Poilvache, Montaigle, les hôtels de maître namurois… L’exposition est ouverte jusqu’au 27mai, du lundi au vendredi.

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