Le chateau de Corroy-Le-Chateau : magnifique vestige du Moyen-Âge

Cet édifice unique et rare par sa conception militaire est resté dans un état de conservation surprenant grâce à une occupation continue.

. L’édifice est classé comme monument depuis 1965 et reconnu patrimoine majeur de Wallonie.
. L’édifice est classé comme monument depuis 1965 et reconnu patrimoine majeur de Wallonie. ©photo Vincent Rocher SPW-AWaP

Par Florence Pirard / Photos Vincent Rocher

Situé au sud de la route Bavay-Cologne, Corroy-le-Château, un village de l’entité de Gembloux, en province de Namur conserve quelques traces d’activités de l’époque gallo-romaine. Au Moyen Âge, l’agglomération est peu importante et son église relève de l’abbaye de Floreffe. Elle doit tout à la longue lignée de princes riches et puissants qui y demeura, car la construction du château a transformé cette petite communauté rurale en seigneurie. À l’époque médiévale, un hôtel-Dieu (hôpital), une maison de justice et un établissement de banquiers y étaient mentionnés. Le seigneur avait le droit de battre la monnaie.

Classé comme monument depuis 1965, reconnu patrimoine majeur de Wallonie, le château est également inscrit sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie. L’édifice est une forteresse médiévale de plaine, ceinte de douves humides, construite au XIIIe siècle essentiellement en grès pour le cœur des murs et les revêtements, et en dolomie pour les encadrements des baies et certains parements. Il s’agit d’un vaste quadrilatère cantonné de quatre tours d’angle, dont l’accès est protégé par un vaste châtelet d’entrée constitué de deux tours semi-circulaires à l’aspect défensif très marqué : archères, fentes d’observation, pont-levis, herse… Le donjon d’habitation, de forme rectangulaire, a été détruit lors des réaménagements du XVIIIe siècle, mais localisé lors des fouilles archéologiques qui ont été menées en 1974.

©Vincent Rocher
Vincent Rocher ©photo Vincent Rocher SPW-AWaP

Le plan de construction du château s’inspire très probablement d’un modèle prestigieux, dit philippien par référence au roi de France Philippe II Auguste († 1223), à savoir celui du Louvre. Le seigneur qui fit construire le château de Corroy à la frontière entre le duché de Brabant et le comté de Namur, Philippe de Vianden, était le neveu du roi de France. Les épaisses courtines portent un chemin de ronde continu, passant par les tours et traversant le château et les logis, voire la tribune de la chapelle. Mais avec le développement de l’artillerie, la forteresse a dû s’adapter à ces nouvelles techniques. Ainsi, par exemple, les grandes archères des tours d’angle ont été transformées en canonnières et, plus spectaculaire encore, les bases des tours d’entrée et des murailles ont été enterrées, modifiant ainsi définitivement l’aspect d’origine de la forteresse médiévale.

Le châtelet d’entrée (où se trouve la chambre de Vianden) est un véritable poste d’observation et de commandement. Il est constitué de deux tourettes semi-circulaires très militaires (archères, voûtes, fentes d’observation) enserrant un passage fort bien protégé (pont-levis, herse, assommoir, deux portes à doubles vantaux). Au cours des temps, le châtelet a été modifié, dédoublé même, et pour moitié détaché du château. Le bâtiment actuel, ou plus communément la barbacane, restaurée en 1718, en est déjà une quatrième version. Le passage primitif a également changé : son niveau fut fort abaissé au XVe siècle et une galerie le surplomba au XVIe siècle, afin de relier directement les demi-tours.

©Vincent Rocher
Vincent Rocher ©Vincent Rocher@AWaP
©Vincent Rocher
Vincent Rocher ©Vincent Rocher@AWaP

Pillé à deux reprises par les troupes de Louis XIV en 1690 et 1697, le château a fait l’objet, au XVIIIe siècle, d’une vaste campagne de réaménagement visant à conférer à l’ensemble un confort accru. C’est à cette époque que sont détruits le donjon et la courtine sud-est pour laisser pénétrer le soleil dans la cour. De vastes appartements sont créés dans les ailes nord et nord-est. Quant au rez-de-chaussée, il reçoit de nombreux salons d’apparat au mobilier prestigieux.

Au XIXe siècle, de nouvelles interventions conduisent à l’aménagement d’une part de la salle à manger, dotée d’un imposant décor de marbres de plusieurs couleurs sous un plafond orné de peintures, et d’autre part du grand vestibule et de la chapelle, dans le style néogothique. Le salon aux Toiles comprend un intéressant cycle de peintures de la fin du XVIIIe siècle provenant de l’hôtel de Villegas à Bruxelles, détruit en 1870. Les toiles, au nombre de neuf et de tailles diverses, représentent des scènes de la vie quotidienne dans des cadres paysagers ou portuaires.

La salle à manger est dotée d’un imposant décor de marbres de plusieurs couleurs sous un plafond orné de peintures. ©Vincent Rocher
La salle à manger est dotée d’un imposant décor de marbres de plusieurs couleurs sous un plafond orné de peintures. Vincent Rocher ©Vincent Rocher@AWaP

Depuis 1809, le château de Corroy appartient aux marquis de Trazegnies, ancienne famille aristocratique de nos régions, qui, par mariage, descendent des premiers seigneurs du lieu, un phénomène assez rare. Le château se situe sur une motte artificielle au milieu d’un parc classé de douze hectares. Autour du bâtiment, les Nassau ont créé de superbes jardins à la française avec charmilles, parterres et labyrinthe. Le jardin abrite une petite orangerie de 8 m de façade.

Datant de 1780, elle présente un plan atypique. Le bâtiment rectangulaire en briques, couvert d’une bâtière d’ardoises, abrite deux espaces intérieurs séparés par un mur orienté est-ouest. L’étroite façade sud, percée de trois baies en plein cintre reposant sur des impostes de pierre, n’éclaire que la première pièce. Sur le côté ouest du bâtiment, une porte communique avec une longue serre à vignes adossée au mur nord du potager. À l’exception de quelques parterres de fleurs à couper, l’espace a été converti en surface gazonnée.

. Le château se situe au milieu d’un parc classé de douze hectares. ©Vincent Rocher
. Le château se situe au milieu d’un parc classé de douze hectares. Vincent Rocher ©photo Vincent Rocher SPW-AWaP

ORGANISEZ VOTRE VISITE

Le château se visite à la belle saison, de mai à septembre. Toutefois, il est possible d’y avoir accès, en automne et hiver, pour des groupes dans des circuits organisés.

INFOS

Les Amis du château de Corroy

Rue du Château de Corroy 4

5032 Corroy-le-Château (Gembloux)

+32 (0)81 63 32 32 – hamal.trazegnies@skynet.be

www.corroy-le-chateau.com

www.tourisme-et-tradition.be

1. Le châtelet d’entrée est un véritable poste d’observation et de commandement. 2. L’édifice est classé comme monument depuis 1965 et reconnu patrimoine majeur de Wallonie. 3. La salle à manger est dotée d’un imposant décor de marbres de plusieurs couleurs sous un plafond orné de peintures. 4. La chapelle a été réaménagée au XIXe siècle dans le style néogothique. 5. Un plafond peint. 6. Le rez-de-chaussée comprend de nombreux salons d’apparat aux mobilier et décors prestigieux. 7. Le château a été réaménagé au XVIIIe siècle. 8. Il abrite de nombreuses œuvres d’art et du mobilier prestigieux. 9. L’intérieur d’une des tours. 10. Le château se situe au milieu d’un parc classé de douze hectares.

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