Plongez au coeur du Moyen Âge au chateau fort d'Ecaussinnes-Lalaing
Partez à la découverte de cette pépite architecturale hennuyère.
- Publié le 11-02-2023 à 12h30
- Mis à jour le 11-02-2023 à 12h33
:focal(1245x942.5:1255x932.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/6NU4TVGRUZANDNODPZKF3H2YCA.jpg)
Par Frédéric Marchesani / Photos Guy Focant et Vincent Rocher
Le château d’Écaussinnes-Lalaing est situé dans la commune d’Écaussinnes, dans la province du Hainaut, entre Nivelles, La Louvière et Mons. Principale attraction de la région, il est classé comme monument depuis 1974 et inscrit sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie. Un jardin-potager, de l’autre côté de la route, est également considéré comme monument depuis 1983, année où l’ensemble du château et des jardins ont été classés comme site.
Un peu d'histoire. Au Moyen Âge, le village est le centre de la seigneurie d'Écaussinnes, relevant du comté de Hainaut et qui, à l'origine, comprenait également le château voisin d'Écaussinnes-d'Enghien. Le complexe castral, implanté à la frontière du duché de Brabant, possédait alors une importance stratégique. En 1357, la propriété passe par mariage à Simon Ier de Lalaing, dont la famille laissera son nom au château mais aussi à la localité.
À cette époque, Écaussinnes-Lalaing et Écaussinnes-d’Enghien forment deux seigneuries distinctes. Dès 1372, le chevalier, bailli de Hainaut, sénéchal d’Ostrevant et seigneur de Quiévrain entreprend la construction de la forteresse actuelle. Au XVe siècle, le bien entre dans les possessions des Croÿ après l’alliance de Marie de Lalaing et Jean de Croÿ, grand bailli du Hainaut et conseiller des ducs de Bourgogne. Vendue pour la première fois en 1624, la seigneurie l’est encore plusieurs fois jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, appartenant notamment à la famille van der Burch de 1624 à 1854.
Dernier seigneur d’Écaussinnes, Charles van der Burch (1779-1854), fonda le 5e régiment de chevau-légers en 1814, qui devint le 1er régiment de lanciers après l’indépendance de la Belgique. Général-major, commandant la province du Brabant méridional sous le régime hollandais, président des États provinciaux du Hainaut, ce grand personnage fut aussi bourgmestre d’Écaussinnes. En 1853, sous réserve de pouvoir en jouir jusqu’à sa mort, il vend le château au duc Prosper Louis d’Arenberg.
Lire aussi>Trésors wallons : Le château de Faing, magnifique exemple de réhabilitation

Le domaine échoit ensuite aux Aldobrandini, au chanoine Puissant (1923) puis à Adrien van der Burch, par achat, en 1929. Celui-ci crée en 1948, année du décès de son fils unique, la Fondation van der Burch, établissement d’utilité publique veillant à préserver le château, et qui en a toujours la charge actuellement.
Une forteresse imposante. Construit au sommet d'un escarpement rocheux, probablement durant le dernier quart du XIIIe siècle, le château d'Écaussinnes-Lalaing semble avoir conservé de cette période une partie du mur d'enceinte de la haute-cour, la tour d'angle nord-est et l'aile occidentale. Celle-ci comprend la tour pentagonale, partiellement effondrée au XVIIe siècle, l'habitat seigneurial et la grande salle, avec ses anciennes cuisines et son ancienne chapelle.
La grande salle médiévale occupait le même emplacement que le rez-de-chaussée de l’actuelle grande salle. Ornée de deux cheminées du XVIe siècle et de fenêtres à banquettes, elle était probablement surmontée d’un grenier illuminé par de petites fenêtres, dont l’une existe toujours. La plus ancienne des cheminées de l’actuelle grande salle daterait de la fin du XVe siècle. La seconde cheminée en pierre bleue, ornée des armoiries de la famille de Croÿ entourées du collier de la Toison d’Or, est témoin de la réception de cette décoration par Michel de Croÿ des mains du duc de Bourgogne Philippe le Beau, en 1500. Ces armoiries sont entourées de deux représentations de sirènes, et la cheminée est l’œuvre du tailleur de pierre Jacquemart Boulle.
À l’étage, une autre très belle cheminée comporte une taque aux armes et à la devise de Charles Quint. Son manteau est orné de blasons et d’une représentation d’Adam et Ève entourant l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Tout comme la cheminée de la grande salle, celle-ci est décorée d’un bâton écoté en bordure de linteau. Ce rameau de branches coupées est un motif traditionnel de l’iconographie bourguignonne, considéré comme une manifestation de la fidélité des seigneurs envers la maison de Bourgogne. Cela permet de se rappeler qu’en 1428, le comté de Hainaut avait intégré les possessions du duc de Bourgogne Philippe le Bon.
Lire aussi>Le château de Mirwart : demeure de prestige dans un écrin de verdure
C’est probablement au début du XIVe siècle que furent édifiées la tour carrée occidentale et la tour semi-circulaire accolée au mur d’enceinte nord. Le caractère militaire de la tour carrée occidentale est manifeste en raison de corbeaux à la hauteur des trois archères à l’intérieur du rez-de-chaussée. La tour circulaire contre l’enceinte occidentale est plus récente. À la fin du XVe siècle est érigée la chapelle en style gothique hennuyer, probablement à l’emplacement du pont-levis primitif et, à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle, sont ajoutées au sud une nouvelle aile d’habitation et une tour-porche qui commande l’entrée de la cour grâce à un pont enjambant un profond fossé asséché. Facilement identifiable, cette tour de tradition classique est dotée d’un porche aux armes des van der Burch millésimé 1720.

La ferme et le jardin-potager. L'ancienne ferme castrale est tantôt appelée ferme de la Basse Cour, tantôt ferme Lemercier. Il s'agit d'une cense fortifiée située à l'arrière du complexe, vers les douves asséchées du château. De plan rectangulaire, elle a été érigée en moellons de calcaire et en briques au milieu du XVIe siècle à l'initiative de Simon de Lalaing, puis profondément remaniée aux siècles suivants. Parmi les éléments de la ferme, on compte un chartil (une remise à véhicules agricoles) remanié en 1733, un logis constitué de deux parties distinctes, une grange en long ainsi qu'un corps d'étables en L.
En face de l’entrée du château et au-delà du viaduc du chemin de fer s’étend un très beau jardin-potager, remontant au moins au XVIIIe siècle. Cet espace d’un hectare, fermé sur trois côtés par de hauts murs de briques, domine la vallée de la Senette. Partie intégrante du domaine, le jardin emmuré tel qu’il se présente aujourd’hui est le fruit des restaurations menées par Adrien van der Burch au XXe siècle.
L’ensemble se compose de six parterres de gazon plantés de fruitiers, délimités par de larges allées de gravier bordées de haies de buis, de planches de légumes ou de vivaces. Des éléments décoratifs (statues des divinités antiques Vertumne et Pomone, piliers, etc.) structurent un espace d’une grande harmonie qui combine à la fois jardin d’agrément et potager. À voir !

VISITEZ LE CHATEAU
Les visiteurs auront l’occasion de découvrir un grand nombre d’œuvres d’art et de parcourir diverses pièces puisqu’ils pourront explorer la cuisine, la laverie, le cachot de basse-fosse, le palier, la chambre et son oratoire, le grand salon jaune, la salle des verres et la salle des céramiques. Le château est uniquement accessible d’avril à septembre, pour les individus et les familles, le dimanche de 14 h à 18 h. Pour les groupes de minimum 10 personnes, il se visite tous les jours d’avril à septembre, sur réservation uniquement.
INFOS
Château fort d'Écaussinnes-Lalaing
Rue de Seneffe 1 à 7191 Écaussinnes
+32 (0)67 44 24 90 – info@chateaufort-ecaussinnes.be
www.chateaufort-ecaussinnes.be

1.
2. 3. 4. La cheminée du premier étage, figurant Adam et Ève, compte une taque aux armes de Charles Quint.
5. 6. On y accède par un pont à deux arches. 7. Un pont à deux arcades mènes
à la tour-porche. Il est orné de lions aux armes des van der Burch. 8. La chapelle castrale est couverte d'un berceau lambrissé.