Trésors wallons : La collégiale Sainte-Begge à Andenne

Classée comme monument depuis 1938 et inscrite sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis 2009, elle impressionne par sa stature et sa richesse.

Édifice du XVIIIe siècle, la collégiale trône au cœur du noyau urbain.
Édifice du XVIIIe siècle, la collégiale trône au cœur du noyau urbain.

Par Florence Pirard / Photos Guy Focant et Vincent Rocher

Il faut attendre l'époque mérovingienne pour que se développe réellement l'agglomération andennaise. La vallée mosane prend alors une importance considérable sur les plans économique et politique, conditions favorables pour que, vers le milieu du VIIesiècle, Begge, fille de Pépin de Landen et d'Itte Idoberge, y fonde une abbaye. Ce monastère primitif est double et compte une communauté masculine et une autre féminine, toutes deux observant la règle de saint Remacle, le fondateur des abbayes de Stavelot-Malmedy. Dès avant le XIesiècle, l'abbaye devient un chapitre féminin réservé, à partir du XIIesiècle, à la noblesse. Les bâtiments conventuels sont remplacés par les habitations des chanoinesses rassemblées autour des sept églises fondées par Begge, au cœur d'une enceinte percée de quatre portes.

L'agglomération se développe autour de ce noyau jusqu'au XVIIIesiècle, qui marque une modification importante du centre urbain : les sept églises originales menaçant ruine sont remplacées par une collégiale unique. Pour ce faire, les chanoinesses font appel à Laurent-Benoît Dewez, lequel se lance dans un chantier totalement clôturé par la mise en place du mobilier en 1781.

Édifice du XVIIIesiècle, la collégiale trône au cœur du noyau urbain. DR.
Édifice du XVIIIesiècle, la collégiale trône au cœur du noyau urbain. DR.

Aujourd'hui, entourant la collégiale, inscrite au patrimoine exceptionnel de Wallonie, la place du Chapitre, classée, présente un bel alignement d'anciennes maisons de chanoinesses érigées entre les XVIIe et XIXesiècles. Au sud-est de la place, trois bassins recueillent l'eau qui s'écoule de la fontaine Sainte-Begge, du nom de la sainte représentée dans une niche qui portait jadis le cartouche de 1637. Un peu plus haut se dessine la porte Saint-Étienne : élevée au XVIIIesiècle, elle est le dernier témoin des deux entrées qui menaient à l'encloître, la partie de la ville réservée aux chanoinesses, après la construction de la collégiale. Dans le prolongement de la place du Chapitre se trouve la place Sainte-Begge et, parmi les belles demeures des XVIIe et XVIIIesiècles qui la bordent, se détache, au no5, la maison dite de sainte Begge. Classée, cette dernière est datée de 1623, époque où elle est venue s'accoler à une bâtisse plus ancienne.

Détails de la châsse de sainte Begge, un bijou d’orfèvrerie. DR.
Détails de la châsse de sainte Begge, un bijou d’orfèvrerie. DR.

La collégiale a été construite entre 1770 et 1775 par l'architecte Laurent-Benoît Dewez. L'édifice est composé de trois nefs à cinq travées, d'un transept haut et saillant et d'un chœur à trois travées et chevet polygonal. L'autel baroque en marbre du chœur comprend une toile figurant l'Assomption. Toujours dans le chœur, vous pourrez admirer de très belles stalles Renaissance datant de la deuxième moitié du XVIIesiècle, un griffon-lutrin en laiton du XVIesiècle et un bénitier en pierre bleue, également du XVIesiècle. Dans le transept, les autels en marbre sont datés de la fin du XVIIIesiècle. Il abrite également le tombeau de sainte Begge avec des figurines gothiques du XIVesiècle, une statue en bois de saint Pierre (vers 1400) et plusieurs statues gothiques et baroques. Dans les nefs, le mobilier est également riche : un bénitier gothique en pierre bleue du XVIesiècle, des confessionnaux de la fin du XVIIIesiècle, et une chaire signée de I.I. Genicot avec tondi de F.I. Denis, datés de 1779. Le trésor conserve notamment la superbe châsse Renaissance de la sainte, fondatrice de l'abbaye d'Andenne et sainte patronne de la ville :elle est classée comme patrimoine mobilier de la -Fédération -Wallonie-Bruxelles.

Des chefs-d’oeuvre d’orfèvrerie

Une châsse désigne généralement un reliquaire contenant le corps d’un saint. Il s’agit donc d’une sorte de cercueil-reliquaire. Certaines sont des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie. Depuis le Moyen Âge, l’élévation d’un corps dans une châsse est l’étape finale du processus officiel de canonisation par l’Église. Elle est exposée à la piété des fidèles du lieu, ou à celle des pèlerins que draine cette présence privilégiée. On adresse des prières au saint en présence de ses reliques, espérant de simples faveurs spirituelles ou même des miracles. La châsse est parfois portée en procession à travers la ville, voire dans les campagnes environnantes, à des dates fixes. Des processions extraordinaires sont aussi pratiquées en cas de crise majeure, lorsque la collectivité est par exemple la proie d’une épidémie ou d’un siège. Comme l’indique l’étymologie, la châsse, du latin « capsa », est avant tout un « coffre », une « boîte », qui gardait donc en gros la forme originelle du cercueil. Les châsses étaient originellement de simples coffres de bois ferrés à leurs angles. Ultérieurement, elles seront réalisées entièrement en métal. L’iconographie décorative utilisée est puisée dans ce qu’on sait ou croit savoir de la vie du saint, en complément d’autres représentations religieuses traditionnelles.

Les stalles Renaissance datant de la deuxième moitié du XVIIesiècle.
 DR.
Les stalles Renaissance datant de la deuxième moitié du XVIIesiècle.
 DR.

Organisez votre visite :

Dans les sacristies et annexes (douze salles), vous pourrez admirer de multiples richesses : orfèvreries, châsse Renaissance de sainte Begge, objets de culte, lutrin-griffon du XVIesiècle, ornements, peintures, pierres tombales, porcelaines d'Andenne, sculptures, manuscrits, imprimés du XVe au XXesiècle. Cependant, en raison de travaux de rénovation, la collégiale Sainte-Begge et son trésor sont actuellement fermés au public.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...