Les Engagés : Pour nous inciter à entreprendre, un Belge et ses partenaires osent des expéditions polaires hors normes
«Nous ne sommes pas des sportifs de haut niveau, des anciens des forces spéciales ou des super-héros, bref nous ne sommes pas les prochains Mike Horn. Mais nous avons des rêves, pleins de rêves, probablement les mêmes que vous.»C’est en ces mots que se présentent Les Engagés, un groupe de jeunes dont un Belge, partis à l’aventure pour repousser leurs limites et prouver que tous nos rêves méritent d’être réalisés à condition de s’en donner les moyens.
Publié le 13-02-2020 à 11h39 - Mis à jour le 14-02-2020 à 13h05
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Du Groenland au Cap Nord
C'est Thomas Thirtiaux, surnommé «le Belge de l'équipe» qui est à l'origine de cette aventure. Ce dernier souhaitait traverser le Groenland par dessus tout. En cherchant des compagnons de voyage, il fait par hasard la connaissance de Maxime (29 ans) et Valentin (28 ans).«J'ai monté une équipe d'entrepreneurs en postant simplement des messages de façon random sur un slack»,raconte Thomas.«C'était ouvert à tous. J'ai rencontré Maxime et Valentin, et on a décidé de former une équipe. La traversée a duré 30 jours, en totale autonomie, et on était tellement fiers de nous qu'on a décidé de créer le groupe Les Engagés».
Après une première traversée réussie du Groenland et l’ascension de l’Aconcagua (le plus haut sommet du monde en dehors de l’Asie), le petit groupe s’est lancé à l’aventure du Cap Nord en Norvège, soit la pointe à l’extrémité nord de l’Europe. Un voyage exceptionnel dont ils viennent tout juste de rentrer.
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L’objectif ? Montrer que quand on ose s’engager en équipe, on est capable de faire de grandes choses. Ainsi, à chaque expédition son lot de challenges : le Groenland et son blanc à perte de vue, l’Aconcagua et le manque d’oxygène en très haute altitude puis le Cap Nord pour vivre l’expérience de la nuit et du froid.
«C'est une expédition qui n'avait jamais été faite. On repousse ses limites personnelles et, surtout, on fait l'expérience du noir total et complet», explique Thomas. «En ville, on a tendance à repousser l'obscurité, synonyme de danger. Ici, il s'agissait de s'immerger dans la nuit sans aucune pollution lumineuse. C'était exceptionnel.»
Oser dépasser ses limites
Faut-il pour autant être un grand sportif pour se lancer dans ces aventures ? Pour Thomas, le Groenland était sa première expérience à ski de randonnée. «Je ne suis pas du tout un sportif de base», admet-il. Dans ce type de voyage, c'est surtout l'aspect psychologique qui prime selon lui. «C'est la gestion de l'équipe le plus difficile.» Ils définissent tous les trois leurs expéditions comme un travail collectif qui réclame écoute et entente, et où l'on avance toujours à la vitesse du plus faible. «Il faut accepter de laisser son ego de côté, ne pas repousser ses limites pour prouver aux autres que l'on est le plus fort et assumer que l'on a parfois besoin d'aide»,prévient Thomas.
«Il y a plein de rêves que les gens ont en tête mais ils se créent leur propre mur, se disent que c'est trop compliqué».
Une leçon de modestie donc, mais aussi le désir de prouver que les grandes aventures sont accessibles. «On ne parle pas que des expéditions extrêmes : créer une entreprise, fonder une famille,… Il y a plein de rêves que les gens ont en tête mais ils se créent leur propre mur, se disent que c'est trop compliqué.»
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L’image de l’expédition polaire concorde en ce sens totalement au message : il faut du temps au corps pour s’habituer aux nouvelles conditions, mais c’est petit à petit que l’on peut tendre vers ce dont on a envie. Ce n’est ni un bouleversement brutal, ni un changement de vie, mais une évolution progressive à travers laquelle chaque pas devient plus aisé que le précédent.
Une organisation millimétrée
Le message a beau être encourageant, on ne s'engage pas dans ce type d'aventure sans un minimum de préparation. «Avant le Cap Nord, nous avons suivi une préparation physique quasi journalière, mais aussi mentale.» La petite équipe suivait ce qu'on appelle de l'aguerrissement, un programme intensif pour entraîner son corps aux conditions difficiles du froid. «On va pousser notre corps dans ses extrêmes, en s'immergeant dans des bacs de glaçons, par exemple», se remémore Thomas.
«On se rend compte que pour certains proches, c'est difficile»
Sans parler de la préparation matérielle, mise en place en fonction des risques potentiels rencontrés sur place. Une préparation médicale et logistique est mise au point afin de pallier à tous les éventuels besoins sur place. Au programme ? Téléphone satellite et balises de secours. Les autorités locales sont prévenues de l'expédition, les hôpitaux des alentours sont également mis au courant et localisés en cas d'accident. Un professionnel au courant des protocoles suit également le groupe au sol au cas où ça se passerait mal. «Je suis quelqu'un qui fait très attention», précise Thomas. «Je n'ai pas du tout l'intention de mourir sur place. On profite de la technologie pour revenir en vie.»
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Le jeune homme de 27 ans déclare à ce propos : «On se rend compte que pour certains proches, c'est difficile. Voyager dans ces conditions, ça paraît très individualiste. On essaie de tenir nos familles au courant le plus souvent possible grâce à des téléphones satellites. Mais ça nous rend heureux, alors je pense que ça les rend heureux aussi.»
L’impact environnemental dans le viseur
Quand on interroge Thomas sur le message environnemental derrière leurs voyages, le jeune explorateur reste prudent. «Pour nous, c'est évidemment un vrai sujet. Par contre, on sait que c'est un sujet très médiatique et on se sent encore trop jeunes pour vraiment l'investir. Après tout, nous ne sommes allés que deux fois dans les milieux polaires»,affirme-t-il. «On ne veut pas donner de leçons.»
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Loin de vouloir marcher dans les pas du célèbre explorateur Mike Horn – connu pour son dernier voyage engagé au Pôle Nord pour observer de ses propres yeux l'impact des changements climatiques sur la faune et la flore – Les Engagés ne souhaitent pas se prononcer sur le sujet. «Lui a vu une différence. Je ne veux pas m'approprier un sujet que je n'ai pas réellement expérimenté. Même s'il est vrai que lorsqu'on analyse les températures que l'on subit sur place, par rapport à ce qu'elles devraient être, on observe une différence importante.»
Les pôles sont les plus sensibles aux changements de température. «Nous avions 5 à 10°C au-dessus de ce que nous aurions dû avoir à la même saison. La neige collait à nos skis, on avançait moins vite», relate-t-il. «Après, la météo reste très aléatoire. Ce n'est pas uniquement dû au réchauffement climatique, mais je pense qu'il y a malgré tout une part là-dedans.»
Si la prochaine expédition n'a pas encore été décidée pour l'instant, le choix de la prochaine destination pourrait bien se diriger vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou, pourquoi pas,le Kirghizistan. «On aimerait éventuellement s'associer à des aventuriers aux expériences très variées, comme des marins ou des alpinistes, pour pousser notre domaine de compétence.»
D’ailleurs, pour les plus téméraires, Les Engagés restent ouverts à la rencontre de nouveaux partenaires. À bon entendeur…