Échappée belge : 10 choses surprenantes sur la vie en Afrique du Sud

Tout plaquer pour aller s’installer au bout du monde : un rêve que cultivent de plus en plus de Belges. Mais la vie est-elle vraiment plus belle sous le soleil ? Échappée belge à la rencontre d’expatriés qui ont construit leur vie à l’étranger, et racontent les surprises rencontrées dans leur nouveau pays.

Kathleen Wuyard
Des paysages à couper le souffle qui ont séduit Frédérique et son mari
Des paysages à couper le souffle qui ont séduit Frédérique et son mari

Enfant, à Bruxelles, Frédérique Bourgeois devait passer par le ring et ses embouteillages pour se rendre à l’école. Haute comme trois pommes, elle était pourtant déjà convaincue que ce quotidien ne serait pas le sien, affirmant à sa soeur qu’elle allait partir loin. Dont acte : loin de la grisaille de la capitale, elle conjugue aujourd’hui engagement associatif et vie de famille en Afrique du Sud depuis douze ans. Sans la congestion du ring, mais avec quelques surprises quand même.

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«Lors de notre tout premier voyage dans le pays en 2004, ce qui m'a littéralement bluffée ce sont les paysages à perte de vue. Nous avons pris une voiture de location depuis Johannesburg et avons roulé jusqu'à Cape Town (1400km), sur une «autoroute» à 1 bande et… rien ! Juste des villes/villages tous les 500km. Je découvrais qu'il existe encore sur cette terre de telles étendues, vierges de toute activité humaine. Un pur bonheur! Le silence, les odeurs, la poussière, l'air pur, pas une âme à l'horizon, j'apprenais enfin ce que voulait dire "être en pleine nature». Une nature époustouflante, qu'il faut toutefois aborder avec prudence. «Quand je suis partie, on m'avait dit «Fais attention, la lumière est forte en Afrique du Sud!». Oui bon ça va, j'ai déjà voyagé. Et ben non! J'ai fini par me brûler les yeux. A chaque descente d'avion, j'ai les yeux qui pleurent. Je porte des lunettes de soleil tous les jours. Au Cap, la lumière serait même reputée être l'une des meilleures au monde. Pas étonnant que les agences de mannequin et de production y soient toutes installées. D'octobre à avril, il y a des tournages partout, les mannequins envahissent les plages, et l'on croise des célébrités dans les restaurants. Le matin, au réveil, on est déjà en forme. On a envie de profiter de la journée, d'être à l'extérieur, de faire du sport, des ballades. Les sudafs vivent avec le soleil, ils dînent vers 18h, vont dormir tôt (à 21h, ça ronfle) et sont debout à 5h». Et il ne s'agit pas là de la seule différence par rapport au mode de vie en Belgique.

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«Arrivés à notre première pompe à essence, nous avons été surpris de voir arriver 2 pompistes: l'un a fait notre plein, l'autre a lavé notre pare-brise. Quel luxe ! Puis, l'un d'eux nous a demandé notre carte bancaire pour aller faire le paiement ( à l'époque, les cartes de credit n'avaient pas de code PIN et les machines Bancontact n'existaient pas ). Un peu renseignés sur la problématique de la criminalité dans le pays, nous l'avons pris pour un escroc, et le ton est monté ! Nous sommes sortis de la voiture et nous sommes allés faire le paiement nous-mêmes. Et puis nous sommes repartis, fiers de ne pas nous être faits avoir ! C'est en arrivant à la pompe à essence suivante, que le scenario s'est répété et que l'on a compris… C'est du full service, ici pas besoin de sortir de sa voiture !». Une approche qui ne se limite pas aux pompes à essence. «Il y a du personnel partout, aux caisses des supermarchés, il y a la caissière et une autre personne qui met vos achats dans les sacs. Ensuite, une fois sur le parking, une autre personne vous aide à mettre vos courses dans le coffre de votre voiture, après y avoir gardé un oeil durant votre absence. Chez le coiffeur, il y a 3 personnes derrière vous: l'une applique la teinture, l'autre lui tient les ustensiles, la dernière passe le balai. Aucun médecin ou thérapeute ne prend lui-même ses rendez-vous, il y a d'office au moins une secrétaire. Dans les restaurants, il y a un serveur pour maximum 10 tables. Dans les pompes à essence, il y a 1 pompiste pour 2 pompes, parfois plus. A la pharmacie, il y a les pharmaciens derrière leur comptoir pour les presciptions et préparations, puis le personnel dans les rayons des médicaments en vente libre pour vous aider et vous conseiller, et enfin les caissières. Pour tous travaux à la maison, vous vous retrouvez d'office avec 5 ouvriers chez vous». Du personnel qu'il s'agit de rémunérer comme il se doit : «l'Afrique a une forte culture du pourboire. Par exemple dans les restaurants, il faut toujours ajouter 10% à la note. Jusqu'à aujourd'hui ( la loi vient de changer mais n'est pas encore appliquée partout ), ces tips étaient l'unique salaire du serveur. Idem donc aux pompes à essence, pour les gardiens de parking,…». Et si un salaire basé uniquement sur les pourboires a de quoi surprendre, il ne s'agit là que d'un témoignage des conditions de travail parfois difficiles dans le pays.

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«On a été choqués au début de constater une telle différence entre les pauvres et les riches, et l'absence d'une classe moyenne. Douze ans après notre arrivée, la classe moyenne apparaît enfin dans le pays. Ladifférence de classe se marque particulièrement dans certains quartiers des grandes villes comme Johannesburg, Cape Town et Durban. Il m'a fallu du temps pour m'y habituer, passer en quelques kilomètres des quartiers riches aux bidonvilles, de villas de 500m2 aux «shacks» ( les habitations en tôle ) de 3m2, voir de mes propres yeux le cliché d'un homme noir et pauvre, venir arroser les plantes du riche homme blanc, pour 8€ par jour…Mais dès que l'on sort de ces quartiers, les différences s'atténuent bien vite et on découvre qu'en fait la grande majorité des blancs sud-africains a un faible pouvoir d'achat. De manière étonnante, c'est la nouvelle classe sociale appelée «Black Diamond», pour nommer les riches noirs, qui est la moins respectueuse vis à vis de son personnel de maison, elle est même choquante.Cela m'a aidé à changer ma vision du pays et à apprécier que les personnes privilégiées offrent de l'emploi à ces personnes qui n'ont pas eu accès à l'éducation durant le régime de l'apartheid (et parce qu'encore aujourd'hui, le gouvernement est trop corrompu pour venir en aide à son peuple). Une certaine solidarité existe en fait. Le personnel de maison fait très vite partie de la famille, et reçoit régulièrement de l'aide au financement d'un logement, de frais médicaux ou encore de la scolarité des enfants. L'esprit de communauté fait partie de la vie sud-africaine. On apprend à l'école à faire du bénévolat ou à récolter des fonds pour des organisations. Il existe des milliers et des millers d'ONG et Fondations. Et le travail qu'ils font est vraiment incroyable !».Frédérique en sait quelque chose : alarmée par le système d'éducation sud-africain, elle a décidé de fonder sa propre ONG, Olu's Dream, qui offre aux enfants des cours particuliers de lecture et d'écriture en anglais.

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«L'Afrique du Sud a un des systèmes éducatifs les plus mauvais au monde ! Aujourd'hui, 5 millions d'adultes sont illettrés, conséquence du régime de l'apartheid bien sûr. Le problème, c'est que les écoles publiques n'ont pas de moyens, les professeurs ne sont pas formés ni motivés, et la loi autorise un enfant à doubler seulement une fois. C'est comme ça que l'on retrouve des enfants illettrés en 6ème primaire. Lorsque l'on demande à ces enfants quels sont leurs rêves, ils répondent souvent: «aller à l'école», «aller à l'université», «apprendre à lire et à écrire», «avoir un métier plus tard»… Je ne me suis jamais posé ces questions enfant, il était évident que j'allais aller à l'école, apprendre à lire et à écrire, et que j'allais pouvoir aller à l'université si j'en avais envie. Chez nous, c'est un droit, ici cela fait partie du domaine des rêves».

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Un rêve que Olu, la fillette d'une proche de Frédérique et son mari, illettrée à 12 ans, croyait inaccessible. C'était sans compter sur la détermination de Frédérique,et son mari. «Olu's Dream veut respecter le vœu de Mandela et donner les armes de l'éducation aux futurs adultes d'Afrique du Sud. Olu's Dream offre aux enfants des cours particuliers de lecture et d'écriture en anglais. Un professeur à l'écoute d'un seul élève pour comprendre et combler pas à pas ses lacunes. Le but étant de permettre à l'enfant de rattraper son niveau en 6 mois environ».

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Et quand elle n'oeuvre pas à l'alphabétisation des enfants, Frédérique profite des délices de l'Afrique du Sud en famille. «Le «braai», comprenez «barbecue» en Afrikaans, est LE sport national. C'est tout un art, une fierté même. Tout Afrikaner qui se respecte maîtrise l'art de la grillade. Les hommes se retrouvent autour du barbecue, bière à la main, à admirer le chef cuisto du jour. Les festivités démarrent vers 11h le dimanche, pour passer à table vers 14h, et finir au lit à 18h. En accompagnement, on trouve des épis de maïs, du butternut, et parfois de la salade (pour les plus «healthy» d'entre eux) ainsi que de bonnes bouteilles de vin locales. Je ne suis pas une grande carnivore, mais je dois bien avouer que la qualité de leur viande et leur maîtrise des braises m'ont séduite».

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Plus particulier que les barbecues, les étables : «nous étions dans la région du nord du pays, en terre Afrikaner. Un soir, des amis locaux nous emmènent en boîte de nuit. Son nom, «Stable» (étable en anglais), plantait déjà le décor. Les filles dansaient sur la piste de danse, et les hommes au bar se défiaient à coup de concours de bras de fer… Le gagnant s'est alors mis à littéralement manger son verre. On se serait cru dans Crocodile Dundee. Puis voilà que d'un coup, vers 1h du matin, les hommes ont rejoint les filles sur la piste de danse et ont commencé à danser le «Sokkie», une danse traditionnelle qui ressemble à du tango mais qui est dansé sur tous les styles de musique. Les couples tournent sur eux-même en même temps qu'ils tournent en cercle autour de la piste. Nous étions passés en 2 minutes de l'ambiance texane à l'époque des Voortrekkers du milieu du 19ème siècle».

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Le tout, avec le sourire : «Les sourires ont été une de mes plus grandes surprises en arrivant. Tout le monde sourit ! On dit bonjour en demandant à l'autre comment il va, on se fait des "hug", les Afrikaners (blancs sud-africains) se font même un kiss sur les lèvres, tout le monde parle avec tout le monde. On s'intéresse à l'autre. Et avec un accent étranger, on nous demande sans cesse d'où on vient, pourquoi on a choisi l'Afrique du Sud, comment est l'Europe, la Belgique,… Les caissières des supermarchés vous posent des questions sur vos achats et demandent votre avis sur ce qui est bon et moins bon, quel âge ont les enfants,… On n'hésite pas à arrêter une personne dans la rue pour lui demander d'où vient son sac à main ou son manteau. Lors d'un contrôle de police, il n'est pas rare de finir par rigoler avec le policier, de taper la conversation, qu'il nous avoue que l'on conduit la voiture de ses rêves, qu'on lui souhaite qu'il l'ait un jour… Ce sont de grands enfants ! Et cela rend la vie légère et joyeuse !».

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