Sextech : Quand porno et technologie font vibrer le monde entier
L’industrie du porno et du divertissement pour adultes est de longue date motrice dans la popularisation d’innovations technologiques, ouvrant la voie au succès du commerce en ligne, la vidéo en streaming, les webcams, etc.
- Publié le 10-01-2019 à 17h39
- Mis à jour le 10-01-2019 à 17h43
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Godemichés intelligents, club de striptease virtuel… Cette année, sexe et plaisir des sens – qui ont toujours été moteurs d'innovations technologiques – ont trouvé naturellement leur place entre un grille-pain connecté et une voiture autonome cette semaine au salon CES,la grand-messe de la technologie organisée à Las Vegas.
Des strip-teaseuses en 3D sans sortir de chez soi ? C'est ce qu'est venue présenter la société de production de films pornographiques «Naughty America». Elle vient de lancer son application «Strip Club» où la réalité augmentée permet de faire apparaître sur l'écran de son smartphone ou sa tablette un stripteaseur ou une stripteaseuse virtuel avec, comme décor, son propre environnement filmé par la caméra de l'appareil. «On peut avoir un striptease intégral» et «pas besoin de pourboire», s'amuse Andreas Hronopoulos, patron de l'entreprise. Le client peut même tourner autour de l'hologramme pour l'admirer sous tous les angles, vante-t-il. Il y a aussi une variante «réalité virtuelle» : cette fois, l'hologramme apparaît dans un décor de club de striptease.
C'est le premier produit interactif de «Naughty America», qui avait fait sensation il y a deux ans en présentant au CES des films pornographiques en réalité virtuelle, dans une petite salle discrète au fin fond du Palais des Congrès de Las Vegas. Mais les produits sont bien différents, tient à souligner M. Hronopoulos. L'application «Strip Club» tient «davantage du magazine (…), on s'assoit confortablement, on se détend, on installe les hologrammes et on s'amuse avec», explique le chef d'entreprise. «Nous comptons devenir le plus gros club de striptease du monde, ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24», affirme-t-il encore.

Sexe et technologie : une alliance juteuse
L'industrie du porno et du divertissement pour adultes est de longue date motrice dans la popularisation d'innovations technologiques, ouvrant la voie au succès du commerce en ligne, la vidéo en streaming, les webcams… et on considère qu'elle a largement contribué à la victoire du format vidéo VHS sur le Betamax dans les années 80. L'industrie du porno a toujours eu un temps d'avance, question technologie, confirme Tuong Nguyen, analyste chez Gartner. «Ils peuvent apprendre des choses au secteur» tech, estime l'analyste.
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Plus attendus, les sextoys ont aussi fait la joie des participants du CES. C'est un marché très lucratif, qui pourrait représenter 37,2 milliards de dollars dans le monde d'ici 2022, souligne la société britannique MisteryVibe. «Rien d'étonnant à ce qu'on veuille une vie sexuelle plus épanouissante et il n'y a rien de mal à avoir besoin de la technologie pour ça», affirme la co-fondatrice de l'entreprise Stephanie Alys. MisteryVibe est venue présenter le «Tenuto», un gadget en forme de petit collier très serré censé faire «tenir» l'utilisateur plus longtemps. Son petit nom est une référence au terme musical qui désigne le fait de tenir une note de musique sur la longueur. Le godemiché présenté par la startup OhMiBod fonctionne quant à lui via une application sur les montres connectées d'Apple. Cédant à la vogue des assistants virtuels, il peut même être activé par commande vocale… Mais qui dit sexe et plaisir dit aussi controverse.
Hors catégorie
Le CES n'y a pas échappé : le godemiché robotisé nommé Osé, récompensé en amont du salon par les organisateurs dans la catégorie «robotique» s'est vu retirer son prix peu après par ces mêmes organisateurs. Ce vibromasseur, qui utilise de la micro-robotique pour imiter les mouvements d'une bouche humaine, s'est même vu interdit de show officiel, se voyant relégué à présenter son gadget lors de l'une des soirées «off» organisées en marge du CES. Selon la Consumer Technology Association (CTA), Osé, fabriqué par la startup Lora DiCarlo, «ne rentre pas dans nos catégories de produits» et n'aurait donc pas dû concourir. Autrement dit, il n'existe pas de catégorie «sextech» au CES.
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«La société doit abandonner le tabou autour du sexe et de la sexualité, cela fait partie de la vie et de la santé et doit avoir sa place dans le débat public», a protesté la fondatrice de Lora DiCarlo, Lora Haddock, dans une lettre ouverte à la CTA. En matière de technologie, «on ne sait jamais (…), l'avenir de la santé pourrait très bien résider dans le brevet d'un sextoy», ajoute-t-elle.
Avec Belga