Dans le ciel, les champs et vos livraisons à domicile : les drones sont partout

Cette technologie étourdissante transforme quantité de métiers mais peut se révéler une menace pour la sûreté nationale

La Rédaction
Jérôme Huffer
La première tentative de "saut en drone", en mai 2017.
La première tentative de "saut en drone", en mai 2017.

Panorama des dernières applications d’unetechnologie étourdissante qui transforme quantité de métierset peut sauver des vies.

Les hélices en guise d’ailes, un objectif au lieu de flammes : l’archange du Mont-Saint-Michel affronte, à la pointe du glaive, un drôle de dragon. Un drone le nargue à une proximité jusque-là réservée aux oiseaux. Son pilote, Jérémie Eloy, vit un rêve de gosse. Le Malouin, ancien professionnel de kitesurf et complice de Nicolas Hulot, estun pionnier de la prise de vue par drone, une spécialité pour laquelle il est mondialement reconnu.

Ce matin-là, pour des clients chinois, il a obtenu les autorisations nécessaires : « La législation française est aujourd'hui en avance. Il y a certes un poids administratif, mais une fois les accords obtenus, les choses sont claires. On peut voler ». La Direction générale de l'aviation civile (DGAC), la préfecture, la police municipale puis les Musées nationaux ont donc permis au quadricoptère de transpercer les brumes automnales pour prendre au dépourvu le joyau de Normandie. Aucun pilote n'aurait pu effleurer de si près les pierres moussues et l'archange qui les surplombe. Quant au coût, il est imbattable : 1 500 euros, le prix du jouet. C'est tout juste une heure de vol d'hélico.

©Jérémie Eloy – Jérémie Eloy à Saint Malo se fait un «dronie» (un selfie avec un drone).
©Jérémie Eloy – Jérémie Eloy à Saint Malo se fait un «dronie» (un selfie avec un drone).

La révolution a eu lieu

« Fondamentalement, un drone n'est qu'un robot à faire des images », assume Henri Seydoux. L'homme a fait de l'engin, hier atypique, un loisir grand public. Parrot, qu'il a créée en 1994, en est le leader mondial. Dans son bastion du quai de Jemmapes, à Paris règne une ambiance de start-up, option atelier bricolage : les objets volants ne s'identifient qu'aux pièces détachées étalées sur les bureaux. « Après l'ère de l'informatique, l'ère de la robotique. La société de demain sera totalement drone, c'est une évidence. Certes, on livrera des pizzas, mais l'aventure technologique restera surtout l'acquisition de données ».

Fondamentalement, la révolution a déjà eu lieu. Les drones du futur ressembleront à ceux d’aujourd’hui, comme nos voitures ont encore quelque chose de leurs ancêtres. Henri Seydoux investit massivement dans les entreprises qui les utilisent déjà comme outils.

©Baptiste Giroudon / Paris Match – Une militaire, agent de la prévention animalière, dresse un des quatre aigles royaux.
©Baptiste Giroudon / Paris Match – Une militaire, agent de la prévention animalière, dresse un des quatre aigles royaux.
Parmi celles-ci, la société française Airinov, dont il a pris le contrôle. Spécialisée dans le survol des zones agricoles, elle propose aux exploitants une analyse des spécificités de leurs champs… depuis le ciel. « La diffusion d’engrais est adaptée aux besoins des parcelles au mètre près ». Particularité : ce sont ces mêmes utilisateurs qui peuvent se former pour devenir opérateurs de leur région. Un maillage à succès, car plus de la moitié des 20 000 demandes de vol soumises à la DGAC en 2015 étaient signées Airinov. Son jeune P-DG, Romain Faroux, est aussi à l’aise dans les quartiers d’affaires que dans les corps de ferme. Fils d’agriculteur, il a retrouvé le plaisir de travailler dans le monde de son enfance. « À 20 ans, j’ai claqué la portière du tracteur… Aujourd’hui, le monde virtuel peut se marier avec l’amour de la terre et du concret ». ©Baptiste Giroudon / Paris Match –Entraînement d’une recrue sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.
Parmi celles-ci, la société française Airinov, dont il a pris le contrôle. Spécialisée dans le survol des zones agricoles, elle propose aux exploitants une analyse des spécificités de leurs champs… depuis le ciel. « La diffusion d’engrais est adaptée aux besoins des parcelles au mètre près ». Particularité : ce sont ces mêmes utilisateurs qui peuvent se former pour devenir opérateurs de leur région. Un maillage à succès, car plus de la moitié des 20 000 demandes de vol soumises à la DGAC en 2015 étaient signées Airinov. Son jeune P-DG, Romain Faroux, est aussi à l’aise dans les quartiers d’affaires que dans les corps de ferme. Fils d’agriculteur, il a retrouvé le plaisir de travailler dans le monde de son enfance. « À 20 ans, j’ai claqué la portière du tracteur… Aujourd’hui, le monde virtuel peut se marier avec l’amour de la terre et du concret ». ©Baptiste Giroudon / Paris Match –Entraînement d’une recrue sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.

Des drones, au secours !

Au début des années 2010, les coopératives du Poitou ont été les premières à y croire. 10 % de leurs agriculteurs sont aujourd'hui des fidèles. L'agriculture n'est pas le seul domaine qui pourrait être transformé par l'outil drone. On parle du génie civil, de la photographie, de l'agronomie. Ou de la sécurité. Lors des grandes inondations qui ont touché Paris et l'Île-de-France en juin 2016, des petits drones rouges ont fait leur apparition au-dessus des zones sinistrées. Ils étaient les yeux des pompiers de la caserne départementale de Seine-et-Marne. « Ils nous apportent une aide précieuse pour la distribution rapide et optimale des équipes de secours », explique le commandant Olivier Compta.

© DR – Un repas livré à domicile et des colis tombés du ciel : bientôt les drones remplaceront le facteur et les coursiers à vélo.
© DR – Un repas livré à domicile et des colis tombés du ciel : bientôt les drones remplaceront le facteur et les coursiers à vélo.

A Nemours, Bebop 2, un appareil pourtant grand public, l'a ainsi convaincu de faire évacuer le centre-ville… Les images qui permettaient de comprendre la rapidité de la montée des eaux ont été transmises immédiatement au centre opérationnel départemental, au préfet et aux services de secours. « Nous travaillons sur d'autres développements, comme des caméras thermiques, des capteurs radioactifs et chimiques : le drone nous donnera toutes les informations qui nous permettront de ne pas exposer mes hommes », s'enthousiasme-t-il. Deux autres casernes départementales en France font actuellement des tests. Et le principe devrait se généraliser.

Dans la cour de la caserne, le commandant ne résiste pas au plaisir de nous faire une démonstration. Lorsque le petit engin s’envole en un éclair à une hauteur de 150 mètres, son large sourire nous fait oublier le sérieux de son uniforme. Télécommande à la main, le commandant n’est plus qu’un aficionado parmi d’autres. La révolution du drone reste bien un jeu d’enfants.

Retrouvez dans Paris Match Belgiquele dossier sur les drones, page 70.

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