Les fleurs séchées, l'alternative durable tout aussi décorative

Entre un bouquet qui fane après une semaine et des fleurs qui peuvent trôner éternellement dans leur vase, le choix est vite fait.

Marise Ghyselings
Dites-le avec des fleurs séchées et locales !
Dites-le avec des fleurs séchées et locales !

Longtemps considéré comme ringard, le bouquet de fleurs séchées n'est plus réservé au buffet de nos grands-mères. «Je dirais qu'on observe son retour depuis deux-trois ans, et principalement en 2019″, remarque Elodie Gernay, première fleuriste éco-responsable de Liège. En mai dernier, elle a ouvert sa propre boutique Ginger Flower, des bouquets composés de fleurs belges, de saison et non traitées, soit dépourvues de pesticides, de fongicides et d'insecticides. Le succès fut immédiat. «En fleurs séchées, je n'en avais pas du tout assez pour répondre à toutes les demandes», se souvient-elle. Figées dans le temps, elles dégagent un brin de nostalgie avec leurs couleurs neutres, un peu passées. «Je trouve que c'est très apaisant, mélancolique. Elles apportent des petites touches de nature en toute saison.»

Pratiques pour celles et ceux qui n’ont pas la main verte, les fleurs séchées s’inscrivent dans une autre tendance, celle du rétro, du vintage, qui revient en force dans nos intérieurs depuis quelques années, jusque dans nos penderies. Grâce notamment aux réseaux sociaux sur lesquels les fleurs séchées sont aussi omniprésentes. Il suffit de faire une recherche avec le hashtag #driedflowers pour se rendre compte du succès de cet objet décoratif : près de 900 000 images apparaissent.

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Un bouquet politique

Pour Elodie Gernay, la notion du durabilité a aussi, en partie, contribuer à cette hype autour des fleurs séchées. «Les personnes se rendent de plus en plus compte de l'impact de l'importation des fleurs», se réjouit la fleuriste qui a également créé Maison Zéro, des kits éco-responsables. Acheter un bouquet de roses rouges, l'incontournable de la Saint-Valentin, revient par exemple à faire 20 kilomètres en voiture tout seul. Qu'elles soient originaires du Kenya, où le climat est plus favorable, ou des Pays-Bas, plus proche mais où leurs fleurs sont cultivées sous lumière artificielle dans des serres surchauffées, leur impact écologique est non-négligeable. Sans parler de l'utilisation de produits chimiques qui abîment considérablement les mains des fleuristes qui les manipulent quotidiennement en grande quantité. Tout ça pour trôner au milieu de la table le temps d'une semaine.

«Quand on s'en rend compte, c'est difficile de fermer les yeux», confie la jeune passionnée de 28 ans qui s'est tournée vers l'éco-responsable après avoir découvert l'envers du décors de l'industrie des fleurs, et ses conséquences désastreuses sur l'environnement. «Petit à petit, en voyageant, j'ai découvert le principe du slow flower», explique celle qui était à l'époque chargée de campagnes dans l'e-marketing, avant de changer de vie pour retourner à un travail créatif et manuel. Très répandu aux États-Unis, ce principe consiste à «travailler au rythme de la nature, de la météo, d'utiliser des fleurs de saison en fonction de ce qu'il y a dans les champs, de prendre des fleurs non-traitées chimiquement et locales», explique Elodie. «D'une saison à l'autre, ça peut tout à fait changer donc c'est impossible de dire que tel mois aura telles fleurs. Il faut s'adapter constamment», précise la créatrice de Ginger Flower.

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Revers de la tendance

Moins éphémères que les fleurs fraîches, à condition de les conserver loin de l'humidité, les fleurs séchées ne sont pas pour autant toutes éco-responsables. «Comme les fleurs fraîches qui sont généralement importées, cela dépend toujours d'où elles viennent», souligne Elodie, l'unique intermédiaire entre ses producteurs partenaires et les clients. Sans étiquette indiquant la provenance, le seul moyen de connaître leur origine et leur type de culture, c'est en posant la question. «Si on pouvait connaître la provenance de toutes les fleurs, comme pour les fruits et les légumes, que ce soit vraiment transparent pour les clients, ce serait génial», confie-t-elle, soulignant qu'il faut éviter les fleurs séchées aux couleurs flash. «Cela signifie que ce sont des fleurs traitées avec des produits chimiques.»

Elodie Gernay préfère créer des bouquets champêtres, des compositions au look plus organique, plus naturel, certes imparfait, mais c’est ce qui leur donne tout leur charme. Les fleurs séchées nécessitent que très peu d’entretien et peuvent ainsi décorer votre intérieur durant des mois, voire des années. Alors, pour la Saint-Valentin, dites-le avec des fleurs séchées (et locales) !

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