Isabelle Mergault miraculée: "J'ai pu remarcher grâce à une guérisseuse"

Josiane Balasko en femme aux mains de guérisseuse, touchante d’humanité, et Lambert Wilson tenant le rôle d’un écrivain célèbre mais plutôt coincé : Isabelle Mergault a réussi «Des mains en or». La comédienne n’était plus revenue à la réalisation depuis treize longues années. «Je jouais beaucoup au théâtre», explique-t-elle. «Et puis, ma fille me disait sans cesse : “Maman, tu n’es jamais à la maison.” Je me suis donc occupée d’elle!»

La realisatrice Isabelle Mergault nous a parlé son dernier film « Des mains d'or».
La realisatrice Isabelle Mergault nous a parlé son dernier film « Des mains d'or». ©DR

Par Christian Marchand

Paris Match. Vous revenez avec «Des mains en or», votre quatrième film en tant que réalisatrice. Une histoire d’amitié, touchante et drôle. Comment est né ce merveilleux film?

Isabelle Mergault. Par hasard, j’ai rencontré une guérisseuse. J’avais très mal à une jambe, je boitais, j’étais très inquiète. J’ai vu tous les médecins possibles et imaginables. J’ai fait des scanners, passé des IRM, etc. Bref, on ne trouvait pas la raison de ma souffrance. Mes muscles fondaient. Au bout d’une année et demie sans résultat, je me suis dit que j’allais devoir vivre avec mon mal. Un jour, je me suis perdue en -Normandie. Je n’avais ni GPS ni réseau pour appeler ma fille. J’étais vraiment paumée. Au loin, il y avait une maison isolée. J’ai frappé à la porte. Une femme m’a ouvert et m’a dit : «Qu’est-ce que vous avez à la jambe?» J’étais étonnée, puisqu’elle ne m’avait pas encore vu marcher.

Votre nouveau long métrage, c’est donc du vécu?

Oui. Cette femme m’a fait entrer chez elle. J’avais un peu peur. Mais je suis ressortie en meilleur état. Aujourd’hui, je remarche! La dame m’a dit de revenir si j’étais dans le coin ou en vacances. J’y suis retournée trois fois. Je n’ai pas immédiatement retrouvé sa maison tellement elle était isolée.

Comme dans le film, vous l’avez payée avec des légumes?

Vous ne croyez pas si bien dire. La -première fois, je lui ai demandé combien je lui devais pour la séance. Elle m’a répondu : «Ce que vous voulez.» Elle n’attendait rien.

Vous l’avez revue depuis? Vous lui avez parlé du film?

Non. Ça fait longtemps que je n’ai plus été en Normandie. Ensuite, je ne pense pas qu’elle verra le film. Elle n’avait même pas de poste de télévision, ni de radio. Elle ne savait pas qui j’étais.

Isabelle Mergault avec la fameuse casquette I Like Belgium !
Isabelle Mergault avec la fameuse casquette I Like Belgium ! ©DR

Le personnage, joué par Josiane Balasko, est un être pur, généreux, animé d’une belle naïveté. Ce genre de personne, de nos jours, ça fait rêver…

Parce qu’on est très prisonniers de ce que les gens pensent de nous! Martha est libre. Elle s’en fout. Elle n’attend rien. Elle a ce qu’il faut pour vivre. C’est un électron libre. On est heureux quand on donne beaucoup, et Martha donne beaucoup. Le personnage de Lambert Wilson ne sait pas qu’il est malheureux. Il est assujetti au regard des autres. Il aime la lumière artificielle des projecteurs. Martha, elle, aime celle du soleil. Elle rayonne.

Personnellement, comment voyez-vous la société actuelle?

À force de vouloir ce mouvement «woke» qui demande qu’on accepte tout le monde, il y a de plus en plus de clans. Par exemple, les hommes forts se réunissent entre eux. Puis ils vous traitent de grossophobes. On nous pousse à vivre tous ensemble et, plus que jamais, nous sommes divisés. On arrive même à cette aberration où les hommes peuvent être enceints! Par souci d’égalité! Eh bien, non. Les différences, c’est formidable. Il vaut mieux accepter l’autre qui est différent que de dire qu’on est tous pareils. Ce n’est pas vrai. Et puis, nous vivons dans une société où il faut avoir un avis tranché. Si vous dites «je ne sais pas trop», on vous regarde de travers.

Selon vous, ce monde devient de plus en plus artificiel, avec ses avancées technologiques?

Artificiel, je ne sais pas. Rome la décadente l’était… Par contre, on vit dans un monde de fausse communication. Tous les outils qui doivent nous humaniser nous éloignent, en vérité. Parfois, on reste tellement longtemps au téléphone, quasi une heure et demie, on envoie des photos et on ne se voit plus. Même moi, je tombe dans ce piège. Quand je regarde mon feuillet d’appels, je suis toujours très étonnée de voir que j’ai passé tous ces coups de fil. Et pour dire quoi?

Quand Josiane Balasko entonne à l’écran «Si tu bois dans mon verre» d’Annie Cordy, il est impossible de ne pas penser à la Belgique. Vous aimez celle-ci?

Mon premier souvenir belge est une cuite à Liège! Je n’avais jamais bu de bière auparavant. J’en ai demandé une au garçon. Il m’a apporté une pinte! C’était une énorme bière. Je me suis dit que ça se buvait comme du petit lait. Les personnes à la table voisine m’ont reconnue. Ils ont commandé une tournée en plus. Résultat : j’ai eu du mal à retrouver le chemin de l’hôtel. Quant à la ville de Bruges, j’en suis tombée amoureuse. C’était mon cadeau de mariage. Les Belges sont magnifiques face aux Parisiens qui se croient immortels. En même temps, la vie à Paris est tellement stressante qu’on ne peut pas leur en vouloir.

Un péché mignon belge?

Vous le connaissez, maintenant! (Elle éclate de rire.)

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