Richard Ruben : "La scène cicatrise vos blessures personnelles"

Paris Match. Tout en poursuivant avec succès la tournée de votre spectacle «En chanté», vous défrayez la chronique en participant, pour la bonne cause, à un tournoi international de padel. Rien ne vous arrête ?

Richard Ruben. Comme je suis toujours seul sur les routes ou avec mon régisseur et mes deux musiciens, j’adore les rencontres en bande. Parfois, ce sont des gens que je ne connais pas, mais ce sont toujours de belles rencontres avec le même but, c’est-à-dire aider une association, en l’occurrence ici Fighting Kiara. La personne qui l’a créée a été victime d’un cancer des os. Elle s’en est sortie. Elle a rencontré une fille qui souffre de la même maladie. Ça l’a touchée fortement et elle est depuis à ses côtés dans ce combat quotidien, afin de récolter des dons pour aider. C’est le tournoi de la solidarité, de petites gouttes qui font de grandes rivières. Aujourd’hui, il n’y a plus d’argent nulle part. On ne peut plus compter sur l’État, mais la chaleur humaine fait des miracles. J’ai couru le marathon de New York dans ce but : aider et donner de l’espoir. C’est aussi la mission de ceux qui ont la chance de faire un métier connu.

Face à une enfant de 11 ans atteinte du cancer des os, comment vous sentez-vous ?

Je me rends compte que rien n’a d’importance, sauf la vie. Qu’on se bat tous pour des futilités, des queues de cerise ou des problèmes d’ego. Les gens jouent des coudes pour réussir. Pourquoi ? On peut disparaître du jour au lendemain. Notre vie est mise en danger constamment. Alors, pourquoi ne pas aider entre-temps ? Voir cette petite qui déborde de projets et qui a certainement un plus grand sourire que tous ces gamins qui possèdent la dernière -PlayStation est impressionnant. Je n’ai jamais vu autant de cancers qu’actuellement. Toutes les semaines, on apprend que des personnes doivent lutter. Là, je pense à Miss Luna, une femme très courageuse. La médiatisation de son combat est un espoir pour tous. Face a cette maladie, elle continue à faire le DJ, à partager ses bonnes ondes et ce qu’elle pense. C’est un exemple, une leçon de vie.

Finalement, derrière votre sourire solaire et votre allure impeccable, se cache un homme très sensible.

Il paraît que oui… On me dit souvent que derrière mon spectacle, il y a mon histoire. J’ai joué à Paris voilà quelques semaines. J’ai été étonné de l’écoute de ceux qui m’ont parlé après. Le public, c’est mon plus grand psy. Ces spectacles sont des séances d’une heure et demie. C’est moi qui devrais payer les gens, car je me fais à chaque fois psychanalyser ! La scène cicatrice vos blessures. Ça permet à beaucoup d’artistes de s’oxygéner.

À vos yeux, quel est le sens de la vie ?

Le sens de la vie, c’est de donner du sens à sa vie. Moi, je suis heureux d’avoir mes enfants. Pourquoi fait-on des enfants ? Par amour, mais aussi pour transmettre les valeurs qu’ils transmettront eux-mêmes à leurs enfants. C’est une espèce de chaîne humaine à travers le temps. Face au monde qui tourne fou, l’être humain a des ressources incroyables. Il continuera à s’en sortir et à transmettre ce qui lui tient à cœur.

Quel est votre prochain rêve ?

Croyez-moi ou pas, il m’est arrivé auparavant de rêver à des choses qui n’étaient pas forcément positives. Aujourd’hui, c’est le contraire. À 55 ans, je suis assez zen. Je pense que je serai mûr pour être un homme accompli à 80 ans.

ON NE LE RATTRAPE PLUS

Le 3 juin prochain, Richard Ruben participe au tournoi Vip & People Padel pour l’association Figting Kiara aux côtes de célébrités comme Redouane Bougherda, Kev Adams, Samy Naceri, Mourade Zeguendi, Benny B, Daddy K, Yannick Carrasco et bien d’autres. «En plus de tendre la main vers l’autre, le sport me parle», précise-t-il. «Je fais énormément de jogging. Je suis un sportif tardif ! À l’école, j’étais un peu pataud. J’ai commencé à bouger à 30 ans. Depuis, on ne me rattrape plus !» Le 25 mai, il se produira au centre culturel du Wauterbos, à Rhode-St-Genèse, avec son spectacle «En chanté».