Excellence belge : Biscuiterie de Thorembais ou les saveurs de notre enfance

À Perwez, mais aussi à Saint-Servais, dans les faubourgs de Namur, la biscuiterie de Thorembais renoue avec le passé, entre petits sablés, spéculoos, cookies et bien sûr madeleines, délicieusement moelleuses et délicatement parfumées, comme les aimait Marcel Proust.

Chacun de ces biscuits porte le nom d’un site ou d’un endroit emblématique des cinq entités de la commune : on les mange donc en même temps qu’on se familiarise avec la topographie
Chacun de ces biscuits porte le nom d’un site ou d’un endroit emblématique des cinq entités de la commune : on les mange donc en même temps qu’on se familiarise avec la topographie

À Perwez, où se trouve l’enseigne historique qui fut durant vingt-six ans une pâtisserie-boulangerie comme il en existe tant d’autres dans le Brabant wallon, c’est une façade couleur meringue qui annonce une reconversion réussie : plus de pains ni de petits gâteaux, mais des biscuits comme les faisaient les grand-mamans de jadis, avec du pur beurre et de beaux œufs de la ferme.

Sylvie Moinil n'a pourtant pas encore l'âge de faire sauter des petits enfants sur ses genoux. La quarantaine accomplie, c'est elle qui a donné un nouveau souffle au magasin, lequel, en peu de temps, s'est dupliqué dans la région de Namur, à Belgrade préciseront certains, à Saint-Servais assureront les autres. On aurait voulu être la petite souris, celle qui apporte biscuit ou friandise aux enfants qui viennent de perdre une dent, pour assister à ce moment phare où la famille, les associés et les amis se sont succédé dans le petit atelier ouvert sur le magasin pour goûter aux toutes premières recettes, qui marquaient la volonté de « revenir à de belles valeurs, aux beaux produits du terroir et aux farines biologiques issues des champs wallons ».

Sylvie aime évidemment rappeler qu'aucun additif ni produit de conservation ne vient entacher la réalisation de ses chers biscuits dont les recettes nous viennent parfois de loin, consignées dans des livres d'antan ou dans ces cahiers où les grands-mères s'appliquaient à les calligraphier soigneusement, et que l'on se transmettait de génération en génération. « Nous avons commencé cette belle aventure il y a quatre ans avec un assortiment de dix-huit biscuits, spéculoos, petits beurres, tuiles au chocolat vivifiées par une pointe de fleur de sel, sans oublier notre sablé au caramel beurre salé, l'une de stars de la maison. Ou le non moins ensorcelant pain à la grecque, ce biscuit à la cannelle et au sucre perlé, tendre à l'intérieur et délicieusement croquant à l'extérieur. »

Sylvie Moinil : la volonté de revenir à de belles valeurs, aux beaux produits du terroir et aux farines biologiques issues des champs wallons. Des produits divins qui rappellent tant de souvenirs. ©DR
Sylvie Moinil : la volonté de revenir à de belles valeurs, aux beaux produits du terroir et aux farines biologiques issues des champs wallons. Des produits divins qui rappellent tant de souvenirs. DR

Dans ces conditions éminemment favorables, une deuxième biscuiterie a vu le jour, avec un atelier bien plus grand, dans lequel a germé l'idée de préparer également du chocolat maison. « Celui-ci a recouvert progressivement nos petits beurres, langues de chat et autres spéculoos, avant de devenir pleinement autonome et d'offrir pralines, orangettes et mendiants, avec toujours le concours de fournisseurs bio ou triés sur le volet. »

Et voilà que déjà Sylvie Moinil envisage de créer une troisième biscuiterie aux armes de Thorembais plus près de Bruxelles… Une occasion rêvée pour ajouter à l’offre existante des gaufres ou des galettes finement aromatisées, enduites ou non de bon chocolat maison, en gardant pourquoi pas un œil sur la saison : arôme café pour l’hiver, citron pour l’été.

En attendant, les deux biscuiteries existantes ont déjà fort à faire avec le calendrier : après la Saint-Valentin, voici déjà venir comme un tintement de cloches où le chocolat s’en donnera à cœur joie, que ce soit sous forme d’œufs, de lapins ou de poules de toutes les dimensions, éventuellement couvés par des coffrets cadeaux, tasses ou récipients en faïence à petits prix. Il va de soi que les biscuits suivront le mouvement et iront eux aussi de leur petit couplet pascal, en particulier le petit beurre, qui pourra se gonfler d’importance et faire la cloche ou mimer l’œuf de circonstance.

Et Sylvie d’intervenir dans ce joyeux débat en précisant que chacun de ses biscuits adorés porte le nom d’un site ou d’un endroit emblématique des cinq entités de la commune (Perwez, Thorembais-Saint-Trond, Thorembais-les-Béguinnes, Orbais et Maleves), ce qui donne, en terme de biscuits, le financier de Poneau, une rivière du coin, le viennois du Prieuré et le sablé de Sainte-Wivine, tandis que le rocher au coco est baptisé le « rocher de la sorcière » et la tuile de chocolat cinq étoiles du nom d’un autre hameau.

Donc, on mange des biscuits en même temps qu'on se familiarise avec la topographie, ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable. « Nous présentons nos différents biscuits sur de petits chevalets avec une notice historique », ajoute Sylvie, qui n'est pas à une coquetterie près. Proust n'en aurait pas fait moins ! En tout cas, cette initiative permet de ne pas s'égarer en chemin et de trouver directement la voie qui mène à la fois au temps perdu et au temps retrouvé.

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