Excellence belge : Flemar, plus qu'une simple pantoufle
Créée par trois jeunes Néolouvanistes à l’esprit entrepreneurial, Flemar est le nom d’une marque de pantoufles artisanales en laine de mouton et d’alpaga en provenance du Pérou, qui se présentent comme les plus cosy au monde.
- Publié le 26-01-2023 à 14h00
:focal(995x671.5:1005x661.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XS6ODOBMENFOJNDNQ4ERKT7CAE.jpg)
Ce n’est pas un conte de Noël, mais ça y ressemble. Il commence au Collège du Christ-Roi, à Ottignies. Guillaume, Maxime et Nassim y partagent les bancs de l’école. Ils participent activement à la rédaction du journal des rhétos, intitulé « Le Paon flemmard », un nom prédestiné qui va connaître un nouveau rebondissement et faire la roue quelques années plus tard !
Entre-temps, Guillaume s'est expatrié au Mexique et se rend souvent au Pérou, mais il revient régulièrement à Louvain-la-Neuve pour retrouver ses deux amis. Il a même une petite pensée pour Nassim qui, depuis ses 12 ans, vit en chaise roulante à cause d'une myopathie. « Souvent, les personnes à mobilité réduite ont froid aux extrémités, en particulier aux pieds, car la circulation sanguine est entravée », témoigne ce dernier. « C'est dans cet esprit-là que Guillaume a eu la bonne idée de m'offrir une paire de pantoufles en alpaga. J'ai été emballé, et nous avons décidé de nous lancer dans la commercialisation de ce type de produits, qui n'ont rien de commun avec ce qu'on trouve dans le commerce. »
En tant que cofondateur et directeur commercial, Nassim Benoussaid prend les rênes de la petite entreprise, lancée en janvier 2019 avec de premiers prototypes créés par des artisans de Lima et de l'Altiplano. Ces pantoufles sont constituées d'une couronne de laine d'alpaga, la plus douce au monde, et d'un intérieur en laine de mouton. L'extérieur est réalisé en cuir du même ruminant. « Nous en avons commandé cinquante exemplaires et nous nous sommes posés sur la place de Louvain-la-Neuve pour faire essayer nos chaussons aux gens de passage. Le feedback nous a permis de comprendre que les pantoufles à coupe bottillon remontant sur les chevilles remportaient les suffrages. »

Flemar passe ensuite à la vitesse supérieure et, après un crowdfunding qui remporte un vif succès, récolte suffisamment de fonds pour commercialiser 400 paires du nouveau modèle. Puis le Covid passe par là… et ne fait que renforcer le nombre de commandes, les gens étant forcés de rester à la maison ! Pour faire face à cet afflux, Flemar collabore avec un atelier de Lima composé à 40 % de femmes grâce auquel le rythme de production, actuellement de 4 500 paires, double chaque année.
Le stock, qui comporte deux modèles, est commercialisé en ligne et à chaque lot de quinze paires vendues, l'entreprise en offre une à une personne à mobilité réduite, sur la base d'une simple inscription sur le site. « Ceux qui nous contactent jouent honnêtement le jeu ; il suffit d'écouter leur histoire pour comprendre qu'on a bien affaire à une personne en fauteuil qui a vraiment froid aux pieds. Ça ne s'invente pas ! »
Bien sûr, pour obtenir gratuitement ces chaussons qui coûtent tout de même 79 euros pour le modèle L'Insouciance et 99 euros pour La Bohème, il y a une file d'attente, aujourd'hui de 57 personnes. Mais comme les ventes suivent, Nassim est convaincu que leur tour viendra rapidement. « Notre deuxième engagement est de donner de l'emploi aux personnes en situation de handicap. Toutes nos commandes en ligne passent par un atelier de travail adapté situé à Berchem-Sainte-Agathe, Manufast, qui emploie 27 personnes. »
Mais c'est le Noël dernier qui a créé l'événement : d'abord parce que Flemar a engagé son premier employé à plein temps, ensuite parce que sur le marché de Louvain-la-Neuve, les gens se sont arraché les pantoufles de la marque. En quelques jours, 500 paires ont été écoulées ! Du coup, Crédal, un fonds d'investissement éthique et durable, a accordé à la jeune entreprise un emprunt lui permettant de financer sa croissance pour 2023 et de produire encore davantage. « Aujourd'hui, nous travaillons à 60 % sur la Belgique et 40 % en France, mais nous avons l'intention d'étendre nos activités hors de l'espace francophone et de toucher les pays limitrophes en nous étendant progressivement vers le nord. »
Vu les considérations prises en compte par l’entreprise et son ouverture sur le monde du handicap, les échos, les rencontres et les retours sont évidemment très positifs. Ce qui alimente bien des anecdotes amusantes, comme celle que tient à nous rapporter Nassim : « Comme les Péruviens aiment les pantoufles très larges, les premiers prototypes qu’ils nous ont fait parvenir étaient des pointures pour géants. Nous les avons gardées. Donc si quelqu’un cherche des pantoufles de pointure 53 ou 54, pas de souci, nous les avons sous la main ! »