Charles Aznavour s'était confié à Paris Match Belgique il y a quelques semaines...

Le plus vieux chanteur français encore en activité en 2018 parle de son affection pour notre pays.

Je ne comprends pas le flamand. Quoique je connaisse quelques mots comme “dank U wel”…
Je ne comprends pas le flamand. Quoique je connaisse quelques mots comme “dank U wel”…

Un entretien de Marc Belmond

Paris Match. Charles Aznavour en Belgique, c'est une histoire d'amour qui dure depuis toujours. Vous n'avez pas envie de chanter « Emmenez-moi… en Belgique » ?

Charles Aznavour. (Il éclate de rire) La Belgique, c'est juste à côté. C'est comme si j'ouvrais une porte pour aller dans l'autre pièce. Quand je vais en Belgique, je ne vais pas à l'étranger.

Vous y avez connu des moments forts ?

Dans ma vie, il s'est passé énormément de choses au Plat Pays. Dans le désordre et pas chronologiquement, c'est là que j'ai écrit « Je m' voyais déjà ». J'étais dans une boîte de nuit place de Brouckère. Je retiens également la décoration de l'Ordre de Léopold. Mes spectacles à Forest National. A Liège, je me suis beaucoup amusé avec Edith Piaf. On vivait dans des pensions et non pas dans les hôtels… A l'époque, les artistes descendaient régulièrement dans deux pensions pas vraiment cinq étoiles.

Vous avez été marqué par des artistes belges ?

Bien évidemment. Déjà par ma sœur de métier : Annie Cordy ! C'est une amie tout ce qu'il y a de plus proche. Une vraie amitié solide. Ça dure depuis longtemps. Salvatore Adamo fait partie des hommes et des artistes que je respecte beaucoup. Il a tenu une ligne de conduite irréprochable. Il est comme moi, il aime les gens et son métier. Stromae, c'est le dernier arrivé. Une vraie personnalité. De nos jours, le plus dur n'est pas d'entamer une carrière, mais de confirmer et de poursuivre sur le même tempo.

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Vous avez dû annuler plusieurs concerts pour raison de santé (deux chutes). Comment allez-vous ?

J'ai fait ma réduction. Parfois dans la douleur, certes, mais je n'abandonne jamais. Et, surtout, je n'aime pas me plaindre. Mes petits maux ne regardent personne. Aujourd'hui, après mes exercices, je reprends la route pour des spectacles, et j'en suis heureux. J'aime trop le contact avec le public. Sur scène, je suis chez moi. J'aime y partager une belle complicité.

Et vous parlez encore d'avenir. Quelle classe !

C'est vous qui le dites. J'écris tous les jours. J'ai plusieurs chansons en attente. Mon métier, qui est véritablement ma passion, est mon premier bonheur, comme ma famille. Croyez-moi : je n'ai pas envie de mourir sur scène. Tant que je pourrai chanter et passer de bons moments avec le public, je ne m'en priverai pas. Mon métier, c'est la force qui m'anime. La retraite, c'est l'antichambre de la mort. Surtout à 94 ans.

Si vous aviez 20 ans, vous auriez la même motivation ?

Oui. La même hargne et la même envie. Dans la vie, il faut savoir ce qu'on veut faire. Et quand le choix est posé, se donner à fond. Il est important de croire en son travail. Si les jeunes ont plus de facilité que nous jadis, l'essentiel ne change pas : faire carrière car durer est un vrai défi.

Que voudriez-vous que le public retienne de vous ?

Mes chansons, ce ne serait déjà pas si mal ! Regardez le nombre d'artistes dont on ne connaît même plus le nom… Voilà pourquoi je ne crois pas à la postérité.

Quel est votre plat préféré belge ?

Les maatjes et les anguilles au vert. Qu'elles soient chaudes ou tièdes.

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Votre péché mignon préféré belge ?

J'avoue adorer la bière. Elle est même bonne sans alcool ! On n'a pas l'impression qu'il lui manque quelque chose.

Votre expression ou mot belge préféré ?

Une fois.

Qu'aimeriez-vous que votre pays emprunte à la Belgique ?

Je serais tenté de dire la bonne humeur !

Et qu'est-ce que vous ne comprenez pas en Belgique ?

Je ne comprends pas le flamand. Quoique je connaisse quelques mots comme « dank U wel ». Il serait amusant que je vienne sur scène en Flandre et que, d'un coup, je parle le flamand. Tous seraient surpris. Et moi aussi !

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