Marc-Antoine Lebret : « J'ai commencé par imiter mes professeurs en classe de sixième »

L’imitateur français sera sur scène à Huy ce vendredi. L’occasion de voir Stéphane Bern, Nikos Aliagas, Cyril Hanouna, Didier Deschamps, François Hollande et bien d’autres, le tout lors d’une même soirée!

"Je n'ai jamais imité Johnny Hallyday par exemple. Je ne voyais pas ce que je pouvais apporter de plus."
"Je n'ai jamais imité Johnny Hallyday par exemple. Je ne voyais pas ce que je pouvais apporter de plus."

Tantôt Denis Brogniart, tantôt Chantal Ladesou, Marc-Antoine Lebret change de voix comme on changerait d'habit. Un talent qui n'est plus à démontrer pour ce jeune imitateur qui a su se faire une place dans un cercle très fermé. Après s'être fait connaître aux côtés de Laurent Ruquier ou de Cyril Hanouna, ainsi qu'à la radio, Marc-Antoine Lebret revient sur scène. Dans son spectacle Solo, l'imitateur présente de nombreux personnages de la pop culture, du sport, du cinéma mais aussi de la politique. Un spectacle moderne et dynamique.

À l'occasion de sa venue en Belgique, au Centre Culturel de Huy le vendredi 31 mars, Paris Match.be a rencontré ce virtuose de l'imitation.

Comment vous est venue l'envie de faire de l'imitation dans votre jeunesse ?

J'ai commencé à vouloir faire des imitations vers l'âge de douze ans. Je suis tombé sur des imitateurs et imitatrices à la télévision, et je trouvais ça génial de passer d'une voix à l'autre. Il y avait ce côté performance, et ce côté marrant aussi de changer de gestuelle pour se glisser dans un personnage. J'ai commencé à imiter mes professeurs en classe de sixième (sixième primaire en Belgique, ndlr). J'étais très dissipé, un peu en échec scolaire, et j'avais du mal à me concentrer… Du coup, j'observais mes professeurs. Je n'écoutais pas ce qu'ils disaient, mais j'écoutais plutôt leurs intonations et leur manière de s'exprimer: s'ils avaient un accent ou des intonations différentes qui peuvent être accentuées… C'est ça qui est intéressant: trouver des petits défauts qui peuvent faire rire les élèves ou les gens.

Vous expliquiez que pour vous entraîner, vous aviez enregistré des émissions de la «Star Academy» pour imiter Nikos Aliagas. C'était toujours un simple passe-temps?

Non, j'avais 17 ou 18 ans, et quand j'ai commencé à enregistrer, c'est que je voulais vraiment en faire mon métier. Je travaillais à fond pour chercher de nouvelles imitations. J'étais chez moi, tout seul, et j'enregistrais des programmes pour les écouter ensuite pendant des heures et des jours… Tout ça, ça m'a servi aujourd'hui.

Comment vous faites pour imiter une voix en particulier ? Ça vous vient naturellement ou vous la travaillez?

Je travaille. Je regarde des vidéos sur les réseaux sociaux, sur YouTube, et j'essaie de trouver le plus possible de «moments clés». Ça peut être une phrase ou un mot, comme s'ils pouvaient résumer toute la personne. Dès que j'ai ça, je réécoute beaucoup de fois, je m'enregistre et je me réécoute. Souvent, j'écoute même le lendemain parce que je n'aurais pas la même oreille. Je peux très bien me dire le jour même «c'est super», et penser le lendemain «ah non, c'est de la merde»!

Est-ce qu'à force d'étudier d'autres voix, la vôtre a évolué ?

Je sais pas du tout… Mais je la pose plus, ça c'est sûr. Quand je commençais les imitations, je forçais un peu trop sur ma voix parce que je parlais avec la gorge, et du coup, je la cassais. J'ai appris avec une formation (qui s'adresse aussi aux chanteurs lyriques et aux avocats) à mieux reposer et placer ma voix pour ne pas la fatiguer. Ça passe aussi par des exercices de respiration pour préserver sa voix. Et je pense que ça a un peu modifié ma voix.

Quel est votre secret pour vous différencier des autres imitateurs ?

Dès le départ, je ne voulais pas faire comme eux. Je trouvais ça super bien, mais je n'avais pas envie de faire ce que les autres avaient déjà fait. J'aime ce côté création, comme quand j'imitais mes professeurs. Je cherche le côté surprenant dans une nouvelle imitation. C'est comme ça que j'ai commencé à faire Cyril Lignac avant qu'il ne soit très connu.

Et puis il y a des imitateurs qui font très bien Johnny Hallyday par exemple, et je ne voyais pas ce que je pouvais apporter de plus. Je ne l'ai jamais imité. Laurent Gerra le fait tellement bien, je ne vois pas ce que je pourrais rajouter de plus.

Est-ce qu'il vous est arrivé de perdre une voix que vous saviez imiter par le passé ?

Non, mais par contre, je peux les mettre de côté. Par exemple, je n'imite plus les gens qui sont décédés, ou alors dans le cadre précis d'hommage. Il y a un côté gênant d'imiter des gens qui sont morts… Dans mes imitations, je vanne souvent ce qu'ils disent, donc s'ils sont morts, je ne vais pas continuer de vanner. Ils ne peuvent pas se défendre !

Est-ce que vous vous êtes déjà censuré par peur de blesser ou de mal faire ?

Oui, parfois on peut s'autocensurer par peur de blesser quelqu'un. Il faut faire attention de ne pas trop tomber là-dedans parce que sinon après, on se prive de beaucoup de choses. Le plus important, c'est de se demander si c'est drôle.

Comment vous faites pour vous renouveler dans vos spectacles?

Il faut chercher de nouveaux personnages, des gens de la nouvelle génération comme des youtubeurs. C'est la clé. C'est compliqué de plaire à tout le monde, mais il faut essayer de trouver un juste milieu. J'ai d'ailleurs un sketch sur la différence de générations dans le public, avec des stars comme des youtubeurs qui vont être suivis par des millions de gens et qui sont totalement inconnus par d'autres personnes. C'est ça qui est intéressant. Et il faut travailler, toujours travailler.

Combien de temps ça vous prend pour arriver à imiter une personne?

Ça dépend, vraiment. Ça peut être très rapide comme ça peut prendre plusieurs mois. Et puis parfois, je peux aussi ne pas réussir à trouver le bon angle. Ce n'est pas forcément qu'une question de voix. Il faut trouver ce qui va être marrant et facilement reconnaissable du public.

Quelle voix vous a demandée le plus de temps à apprendre?

J'ai mis beaucoup de temps pour trouver Nagui. Au départ, je me cassais la voix justement. Et puis je me suis rendu compte que je pouvais partir de Raymond Domenech, un ancien sélectionneur de l'équipe de France, et que si je monte un peu dans les aigus et que je fais des petites pauses en mettant un peu plus de grave, j'ai Nagui.

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