À Berlin, des graffeurs détournent les croix gammées

Armé de bombes de peinture, un groupe d’artistes berlinois n’en peut plus de voir fleurir les croix gammées sur les murs de sa ville. Plutôt que de les recouvrir totalement, ils ont décidé de les transformer en fresques drôles et colorées.

F. D.
Image d'illustration.
Image d'illustration.

À Berlin, le symbole nazi court toujours les rues. Elles se font de plus en plus nombreuses, taguées sur les murs berlinois: les croix gammées, emblèmes nazi, imposent leurs angles et leurs branches dans les quartiers de la capitale allemande. Au lieu de faire disparaitre complètement ce symbole, le street-artisteIbo Omari a trouvé une réponse plus intelligente : les dissimuler sous des dessins bien plus sympathiques.

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En se servantde la croix gammée comme base pourson travail à la bombe, il donne une réponse impertinente à ceux qui continuent à dessiner le symbole antisémite. Plutôt que de lutter contre les emblêmes nazis en les effacant d’un coup de pinceau rageur, Ibo Omari a pris le parti de les détourner et de les transformer de manière poétique.

Street art et engagement politique

Un jour un habitant de Schöneberg, un quartier de Berlin, découvre une croix gamée dessinée sur le mur d'un terrain de jeu. Ibo Omari choisit alors d'utiliser le symbole nazi et de le customiser pour envoyer un message.«Nous voulions réagir avec amour et joie, pour que tousles jeunes puissent s'identifier à notre message, pas seulement ceux venant du monde dugraffiti ou de l'univers urbain », a confié Ibo Omari à The Verge. «Nous prenons ce message laid et le transformons en quelque chose de beau.»

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Depuis, le mouvement a pris de l'ampleur et a suscité de la sympathie parmi les habitants. Sur les réseaux sociaux le hashtag #PaintBack,quel'onpourraittraduirepar «riposterpar la peinture», est devenu populaire. Ces guerrileros de la rue ont ainsi transformé une cinquantaine de croix gammées en dessins amusants et adorables.

« Les nazis n’ont rien à faire ici ! »

Ces graffeurs au grand coeur ont du pain sur la planche :chaque jour apparaissent de nouvelles croix gammées à recouvrir en dessins bien plus joyeux. EnAllemagne, mais aussi en France, la pensée d’extrême-droite progresse et les adeptes de l’antisémitisme s’expriment de manière de plus en plus décomplexée.Les activistes de #paintback reprennent les codes du hip-hop des années 90 : tolérance, impertinence et humour.

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Avec leur idée, Ibo Omari et ses compagnons bombeurs démontrent aussi que l'univers du graffiti n'a rien à voir avec le racisme et la pensée fasciste.«On ne se contente pas de recouvrir ces paroles de haine : on y répond avec impertinence et humour, parfois peut-être de manière infantile, mais toujours avec du beau, et surtout, avec beaucoup d'amour », a déclaréle graffeur dans un reportage d'Arteconsacré au phénomène. Un graffeur nommé Philipp explique s'être à son tour lancé dans le projet parce qu'il «ne veut pas que les touristes pensent que Berlin est une ville fasciste. C'est une ville ouverte sur le monde et les nazis n'ont rien à faire ici ! »

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