Rencontre avec Vincent Dirckx : « Ce que j'aime avec la photographie c'est embellir les choses »

Nous sommes allés à la rencontre de Vincent Dirckx qui expose en ce moment une quinzaine de photos dans l’agence de Voyageurs du Monde à Bruxelles. Des photographies faites au flash qui donnent comme une envie d’ailleurs.

Une quinzaine de clichés sont à découvrir jusqu'au 21 décembre à l'agence Voyageurs du Monde de Bruxelles.
Une quinzaine de clichés sont à découvrir jusqu'au 21 décembre à l'agence Voyageurs du Monde de Bruxelles.

«J'étais assis à l'arrière d'une voiture quand j'ai aperçu cet homme sur le bord de la route. Il avait quelque chose qui m'intriguait, alors j'ai demandé à mon chauffeur de s'arrêter et je suis allé à sa rencontre. En arrivant à son niveau, je lui ai montré mon appareil, une manière de lui demander si je pouvais le prendre en photo. Il m'a alors fait un geste de la tête pour me dire oui, et j'ai pris ce cliché. J'étais saisi par son regard intense», raconte avec ferveur Vincent Dirckx. C'est comme ça que tout a commencé il y a moins de 10 ans pour ce photographe belge que rien ne prédestinait à cette activité. Avocat d'affaires, Vincent Dirckx se prend de passion pour la photographie lors d'un voyage en Inde en 2011. C'est la rencontre avec cet homme assis sur le bord d'une autoroute qui change tout pour lui. «De retour en Belgique, je regarde mes photos et je trouve ce cliché réussi. Je commence alors à m'intéresser à la photographie. J'étudie et je me documente beaucoup. Les voyages me permettent de mettre tout cela en pratique.»

Aujourd'hui, le photographe amateur expose dans le cadre du PhotoBrussels Festival quelques-uns de ses clichés à l'agence Voyageurs du Monde à Bruxelles. À travers son exposition intitulée Instants d'ailleurs, Vincent Dirckx souhaite faire découvrir ses rencontres au gré de ses voyages en Afrique et en Inde. Quand on lui demande s'il préfère la photographie ou voyager, sa réponse est sans appel. «Le voyage n'est pas vraiment un but en soi, ce que je veux c'est le contact avec les gens. Je vais dans des pays dans lesquels je ne serais jamais allé si ce n'était pas pour rencontrer une tribu en particulier, comme par exemple au Tchad, au Sud Soudan ou encore en Afghanistan.» Mais à quoi sert donc la photographie? «Ce que j'aime avec la photographie c'est embellir les choses», confie-t-il.

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«C'est comme la plongée sous-marine. Quand je plonge, j'oublie tout.»

Ces rencontres le déconnectent totalement du monde. «C'est comme la plongée sous-marine. Quand je plonge, j'oublie tout.» Tout? Pas vraiment. Ce qu'il voit le fait réfléchir et est source de remise en question. «C'est une leçon de modestie terrible. Quand on rentre, on a envie de vendre tous nos biens matériels, on se dit que tout cela est superflu et on veut se concentrer sur l'essentiel. Après la vie reprend le dessus.» Même s'ils ne parlent pas toujours la même langue et qu'il est difficile de communiquer, le photographe s'inspire beaucoup des personnes qu'il rencontre. «Ce sont des rencontres très enrichissantes. C'est important de respecter et de préserver ces tribus.»

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Des histoires humaines derrière la photographie

Bien qu'il affectionne chacun de ses voyages, certains moments sont plus forts émotionnellement que d'autres. Alors qu'il est en voyage dans le Nord de l'Éthiopie en 2014, il va faire une rencontre qui va le bouleverser. «Je me suis rendu dans le Tigré à Maryam Korkor qui est une église orthodoxe troglodyte, dans la roche. Il faut effectuer une longue randonnée pour y arriver, et même escalader des parois pieds-nus car c'est un lieu sacré. J'arrive et je rencontre un moine qui n'est jamais descendu de sa montagne depuis l'âge de 8 ans. On discute et je fonds en larmes devant cet homme si gentil et si tendre.»

Après des heures de randonnée, le photographe belge a rencontré cet homme à Maryam Korkor dans le Nord del’Éthiopie.© Vincent Dirckx
Après des heures de randonnée, le photographe belge a rencontré cet homme à Maryam Korkor dans le Nord del’Éthiopie. Vincent Dirckx

Les anecdotes de voyage ne manquent pas. En huit ans d'expérience, il y a de quoi raconter. «Toujours dans le Nord de l'Éthiopie, je suis allé à la rencontre des Dassanetchs pour rencontrer plus particulièrement une dame que j'avais déjà vue en photo. Quand j'arrive dans le village, on me dit que cette vieille dame est décédée. Je suis un triste et peu déçu, mais je pars à la rencontre des habitants et je commence à les prendre en photo. Et tout à coup, je vois la dame en face de moi (qui n'était pas du tout morte du coup). Je la rencontre et elle m'invite à rentrer dans sa hutte. On a échangé et c'était un instant très touchant.»

Pour cette exposition,Instants d'ailleurs, Vincent Dirckx a choisi en lien avec Voyageurs du Monde une quinzaine de photographies, dont cinq clichés pour lesquels il éprouve «une tendresse particulière». On retrouve notamment la photographie en tête d'article, celle de l'homme sur le bord de la route en Inde, ou encore une superbe photo réalisée avec un flash sur une barque. «Cette photographie a été réalisée au petit matin, sur une barque. On ne le voit pas sur la photo, mais sur le côté droit, j'ai comme un assistant qui me tient la lumière.» Oubliez les flashs d'appareils photo. Ici, le flash est une lumière externe, comme une sorte de petit «studio portatif». «C'est beaucoup de matériel qui impose une certaine organisation et logistique. Cette technique permet de donner une allure et une douceur à la photo».

L’utilisation du flash donne «une allure etune douceur» à la photo. © Vincent Dirckx
L’utilisation du flash donne «une allure etune douceur» à la photo. Vincent Dirckx

Vincent Dirckx

Du 15 novembre au 21 décembre

Voyageurs du Monde, Chaussée de Charleroi, 23 à 1060 Bruxelles

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