Core Festival : Joanie Lemercier, le surdoué du vidéo mapping devenu activiste climatique

Basé à Bruxelles, l'artiste français navigue habilement entre propositions futuristes et défense de l'environnement. Il dévoile une nouvelle œuvre ces 27 et 28 mai au Core Festival, dans le verdoyant parc d'Osseghem.

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Joanie Lemercier. ©Marine Lecuyer.

J’ai grandi avec un crayon dans une main et une souris dans l’autre”, s’amuse Joanie Lemercier du haut de son bureau niché dans ses ateliers à Anderlecht. C'est ici qu'il expérimente les fruits de son imaginaire, bercé par le doux rêve de proposer un art qui s'accorde avec les impératifs climatiques.

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Fils d'une professeure de dessin assisté par ordinateur et d'arts plastiques, Joanie est dés l'enfance amené à jouer avec la technologie pour en extraire lumière et formes. Mais c'est autour de 2005, quand il s'installe à Bristol au Royaume-Uni, que le jeune homme d'alors découvre un monde qui lui sied.

Le dubstep indépendant explose alors dans la ville anglaise, et Joanie commence à faire du veejaying dans des clubs. Il illustre la musique en projetant des images sur un écran. Mais le garçon veut aller un cran plus loin : “Petit à petit, j’ai commencé à m’affranchir de l’écran et j’ai voulu faire du mapping. C'est-à-dire projeter sur des objets, sur des volumes ou des bâtiments.”

Pionnier du vidéo mapping qui deviendra hyper populaire, l'artiste parcourt le monde en collaborant avec de nombreux festivals de musique, des stars comme Jay-Z ou Flying Lotus et se fait un nom dans le milieu de l'art contemporain. Il finit par poser ses valises à Bruxelles en 2015 et y installe son studio, avant de vivre un événement qui va modifier sa vision artistique.

“Ça nous arrive désormais d’envoyer des boîtes avec des projets d’installations audiovisuelles. Il y a des petites instructions avec et ça permet de présenter notre travail partout, sans se déplacer.”

Il nous raconte le “choc” d’avoir vu, il y a cinq ans, la plus grande mine de charbon d’Europe (plus grosse source de CO2 du continent), située à Hambach en Allemagne. “J’ai fait la connexion entre ma consommation énergétique et le désastre écologique”, décrit-il en racontant son œuvre "Slow violence", où il filme ces gigantesques machines en train de fracasser le paysage.

À partir de cette impulsion nouvelle, Joanie Lemercier veut modifier de manière radicale son rapport au monde et à son art. Dés leur retour à Bruxelles, l'artiste et Juliette Bibasse (directrice artistique du studio) réalisent un état des lieux de leur consommation énergétique. L'objectif : la réduire drastiquement, que ce soit au quotidien ou dans leurs déplacements.

“Un projet facile à déployer n’importe où“

C'est dans la même optique qu'est née l'œuvre "Cosmos.1999" réalisée pour le Core Festival. "Le Core nous a offert une carte blanche. On a donc voulu présenter un nouveau projet, conçu pour pouvoir être présenté n'importe où, sans qu’on voyage avec lui. On utilise un matériel très standard, soit un dispositif LED qu’on installe au milieu des arbres. Et ensuite on va installer un écran de 6 mètres par 3 qui va faire office de fenêtre vers le cosmos, qui va faire écho à l’environnement naturel qui l’entoure”, détaille Joanie.

L'aller-retour entre son travail artistique et son engagement est primordial pour l'activiste : "J'ai voulu comprendre les besoins énergétiques de mon projet, rester dans quelque chose de raisonnable. Plutôt que d’utiliser 10 projecteurs ou x quantité de technologies, je vais essayer de rester dans une certaine forme de sobriété", jure-t-il.

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Image teasing de l'œuvre "Cosmos.1999". ©Joanie Lemercier Studio.

L'idée, au bout du compte, est de faire voyager son art sans accumuler des miles en avion : “Ça nous arrive désormais d’envoyer des boîtes avec des projets d’installations audiovisuelles. Il y a des petites instructions avec et ça permet de présenter notre travail partout, sans se déplacer.”

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Convaincu d'une notion éthique qui incombe désormais au métier d'artiste, Joanie Lemercier veut faire voler en éclats les "anciennes valeurs, qui étaient d’être exposé dans des galeries, de vendre des oeuvres pour des sommes folles". "On est dans un passage vers des imaginaires plus collaboratifs”, souffle-t-il encore. Pour un nouveau modèle, avant qu'il ne soit trop tard.

Toutes les infos sur le Core Festival sont disponibles par ici

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