Depeche Mode : Les rois incontestés du rock électronique continuent de régner

La salle est pleine à craquer, vibrante d’une énergie palpitante, alors que les lumières s’éteignent. Dave Gahan et Martin L. Gore font leur apparition sous les cris hystériques de la foule. Ils ouvrent avec leur nouveau single “My Cosmos Is Mine” avant d’enchaîner avec une autre chanson de leur dernier album Memento Mori. Un nouvel opus sorti en mars dernier, après une attente de six années marquée par le décès d’Andrew Fletcher, claviériste et cofondateur du groupe, l’année dernière. Un retour sur scène presque miraculeux pour les fans qui savourent pleinement la présence de leurs stars sur scène.

Le groupe continue avec “Walking in My Shoes”, ce qui enflamme le public. Même si le concert vient seulement de débuter, Dave Gahan fait chanter la foule et se déhanche avec une énergie débordante. Il tient même la note à deux reprises, démontrant sa maîtrise vocale. Une prestance rassurante après avoir vu certaines prestations télévisées où on aurait pu douter de la voix du charismatique leader. Les fans sont rassurés, leur idole est bien présente et fidèle à elle-même. Même si Dave Gahan ne laisse plus tomber son veston, son charisme déborde toujours autant, et à plus de 60 ans, il conserve une énergie scénique incroyable.

Depeche Mode enchaîne les titres les plus populaires et les morceaux plus confidentiels, les nouvelles compositions et les plus anciennes, avec une parfaite harmonie. Martin Gore prend le micro pour chanter “Soul With Me” et “A Question of Lust”, et le public conquis en redemande. Un groupe de filles hurle même son nom à chaque fin de chanson, témoignant de leur adoration sans faille.

Dave Gahan et Martin Gore rendent hommage à leur camarade Andy Fletcher avec la chanson “World in My Eyes”. Alors qu’une photo du musicien apparaît sur les écrans géants, les premières notes du synthétiseur résonnent. Ce titre a été choisi avec soin, car Andrew Fletcher avait confié que c’était l’une de ses chansons préférées de Depeche Mode. Un moment chargé d’émotion, aussi bien pour le public que pour Dave Gahan. Le concert se termine sur une prestation intense de "Enjoy the Silence" où la foule reprend à plein poumons les refrains.

Le rappel débute avec Dave Gahan et Martin Gore se rejoignant pour chanter sur l’avancée de la scène “Waiting for the Night”. Un beau tableau quand on connaît les différentes tensions qui ont pu exister entre les deux hommes au fil des années. La chanson se termine, les deux hommes s’enlacent, la foule est en liesse.

Le groupe achève son spectacle de plus de deux heures en force avec “Just Can’t Get Enough”, “Never Let Me Down Again” et “Personal Jesus”. Cette fin de concert est vécue par les fans comme une véritable cérémonie sacrée. Un moment unique de communion entre le public et le groupe, où durant la partie musicale de “Never Let Me Down Again”, la foule agite les bras en vague au rythme de Dave Gahan. Un instant très puissant où la passion et l’énergie se mêlent dans une symbiose parfaite.

Bien qu’il manquait quelques incontournables de leur répertoire, tels que “Suffer Well”, “Shake the Disease”, "Behind the Wheel" ou “Policy of Truth” (pour ne citer que ça), il faut reconnaître qu’il est difficile de condenser quinze albums en seulement deux heures. Petit bémol en revanche : le groupe n’était pas toujours très présent sur les écrans géants, ce qui peut être décevant pour certains spectateurs placés loin. Le concert est également très calibré (peut-être un peu trop ?), avec les mêmes arrangements live sur certaines chansons depuis plusieurs années. Mais contrairement à certains groupes qui déçoivent... ici ce n'est pas le cas. Depeche Mode a toujours la même énergie, la même présence sur scène et la même passion pour la musique que l’on ressent dans son interprétation. Le groupe est bien loin d’être 'has been', malgré ce que certains se plaisent à dire. Dave Gahan a toujours sa voix et son timbre si particulier, ce qui fait plaisir à entendre après autant d’années d’attente. Plus qu’un concert à voir, c’était un concert à vivre.