Maître Gims : "Je ne comprends pas ou plus cette France actuelle"
Rencontre avec le chanteur Maître Gims, invité d’honneur de la 12e édition du Concert de la Tolérance, diffusé sur W9 samedi 28 octobre.
La RédactionPublié le 23-10-2017 à 14h56 - Mis à jour le 23-10-2017 à 15h06
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Rencontre avec le chanteur Maître Gims, invité d’honneur de la 12e édition du Concert de la Tolérance.
Depuis 2002, Maître Gims est un véritable phénomène dans l’industrie musicale. L’aventure Sexion d’Assaut et leur album « L’apogée » avait atteint les sommets des charts. Mais c’est en solo que le rappeur a acquis ses lettres de noblesse avec des tubes comme « Bella » ou « Ma direction ». Invité d’honneur de la 12e édition du Concert de la Tolérance, diffusé en France sur la chaîne W9 samedi 28 octobre, l’artiste s’est confié à Paris Match sur sa vision de la société, sur sa famille mais aussi sur son envie d’ailleurs.
Paris Match : Vous êtes l'invité d'honneur de cette 12e édition du Concert pour la Tolérance. Chanter pour une noble cause, je suppose que c'est un honneur…
Maître Gims :C'est exactement ça. D'autant plus que je ne vais pas que chanter lors du concert. Je vais m'occuper du show et animer. Je crois que je suis un peu stressé !
Et que ce concert se déroule au Maroc, c'est tout un symbole pour vous ?
Evidemment. C'est comme lorsque un joueur de football joue à domicile. J'habite à Marrakech, je me sens chez moi ici. Mais au-delà de cette appartenance marocaine, c'était une évidence pour moi de chanter au nom de la tolérance. Je suis concerné. J'aimerais que les gens se souviennent qu'on se bat pour la tolérance, mais surtout contre l'intolérance. On veut que le message passe !
Quelle serait votre définition de la tolérance ?
La vie devrait être comme dans The Voice. Les jurés écoutent la voix du candidat et s'ils aiment, ils se retournent ! Ici, il n'est jamais question de physique, de classe sociale ou de couleur de peau… La seule chose importante c'est le talent et ce que la personne propose. Dans le monde du travail, ce n'est pas toujours le cas.
«Je suis tombé sur des imbéciles. Appelons cela des intolérants»
Vos enfants sont encore jeunes, mais est-ce que vous leur inculquez déjà ces valeurs ?
Je veux être un modèle pour mes enfants. Ils m'imitent, ils mettent mes chaussures. Ils ont même commencé à marcher avec ! Mais je ne suis pas ce genre de père qui parle pour rien. Je pense qu'il vaut mieux agir plutôt que de les assommer de belles paroles. Au fond, je n'ai qu'un but : qu'ils aient une bonne éducation et qu'ils soient préservés des malheurs de ce monde.
Avez-vous déjà été victime de racisme ?
Je suis né au Congo, arrivé très jeune en France. Alors bien sûr, enfant, je suis tombé sur des imbéciles. Appelons cela des intolérants. J'ai appris ensuite à vivre avec, à passer au-dessus. C'est aussi pour cela que je suis à Agadir aujourd'hui et que je chante pour cette cause : je sais de quoi je parle. Je l'ai vécu aux premières loges ! Après on peut réagir de deux manières, soit avec la haine en répondant comme eux, le feu par le feu, soit en réfléchissant un peu et en tentant de trouver le bon en chacun d'entre nous. C'est ma philosophie depuis le départ.
Cela vous a-t-il rendu plus fort ?
Totalement. Cela a même construit l'homme que je suis aujourd'hui et que j'espère être encore en train de façonner. Je veux qu'on puisse dire le jour de ma mort : «cet homme, il allait par là». Je ne réussirai peut-être pas à aller au bout de ma route, mais qu'importe ! Ma quête est belle et j'en suis fier.
«Je suis conscient de l’image que je renvoie»
En France, n'y-a-t-il pas un vrai problème de vivre-ensemble ?
C'est un des grands problèmes de notre beau pays, qui a une histoire incroyable, mais qui est capable de parler d'identité nationale. Paris est à mes yeux la plus belle ville du monde, la France un pays incroyable. Mais il est vrai que je ne comprends pas ou plus cette France actuelle. Avec toutes ces années de vivre-ensemble que l'on a, comment peut-on être aussi divisé ? Vivre dans une société aussi déstructurée ? Notre pays possède tellement de cultures différentes, de religions différentes, de richesses incroyables… et on n'arrive pas à vivre ensemble ! Cela parait presque fou.
Vous considérez-vous comme une personne engagée ?
Oui, bien sûr. Chaque artiste l'est d'une façon ou d'une autre. Chaque artiste a un slogan, un message. Et que je le veuille ou non, je suis un haut-parleur pour mes fans. Je pense même que plus tard, si j'arrête la musique, je m'engagerais sérieusement.
Vous pensez donc arrêter la musique ?
J'ai toujours eu peur de faire le truc de trop ou de gêner. Je n'ai pas envie de déranger, c'est aussi pour cela que je fais très peu de télé ou que je porte ces lunettes. C'est une barrière, plus exactement ma barrière. Ce n'est pas ostentatoire ou par amour des lunettes de soleil! Je sais que les gens aiment penser cela. Tout comme je suis conscient de l'image que je renvoie : très froide, limite antipathique. Mais c'est faux. Ces lunettes me permettent juste de donner ce que je souhaite et d'avoir toujours une partie de moi ailleurs.
Quel est votre plus grand rêve aujourd'hui ?
C'est une belle question ça… (Il réfléchit) Je vais répondre sincèrement. Quand je me réveille le matin, si mes enfants vont bien, si ma famille est en bonne santé, je suis le plus heureux des hommes. À l'inverse, je serais anéanti s'il arrivait quelque chose à mes enfants. Mon rêve donc… avoir une longue vie en bonne santé, avec plein d'amour. Pour le reste, je sais faire !
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