L’ADN, le stockage numérique de demain
Des chansons mythiques de Deep Purple et de Miles Davis viennent d’être sauvegardées via ADN. Une méthode révolutionnaire qui a de l’avenir.
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- Publié le 03-10-2017 à 19h14
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Du Montreux Jazz Festival à l’éternité, il n’y a qu’un pas. Ou plutôt un fragment d’ADN. Une technique inédite a permis de sauvegarder et numériser des versions live de «Smoke On the Water» du groupe de hard rock Deep Purple et de «Tutu», morceau du génial trompettiste Miles Davis grâce… à des brins d’ADN.Trois collaborateurs ont accordé leurs violons pour faire naître cette méthode révolutionnaire: Twist Bioscience, une start-up spécialisée dans l’ADN synthétique, l’Université de Washington et Microsoft.Les deux morceaux, tirés directement des archives du célèbre festival suisse, vont donc accéder à une postérité certaine. Plus important peut-être, l’ADN est en passe de devenir le stockage numérique demain.
L’ADN préserve le contenu pendant des millénaires
Grâce à leurs avancées, les collaborateurs proposent leur réponse à une question simple. Les formats actuels comme le mp3 sont-ils assez fiables dans le temps? Les scientifiques qui ont travaillé sur le projet estiment en effet que les données actuelles ne vont pas tenir sur le très long terme. «Tandis que les meilleurs systèmes de stockage de données actuels permettent une sauvegarde digitale d'une centaine d'années maximum, l'ADN synthétique préserve son contenu pour plusieurs milliers d'années», affirme Twist Bioscience.
La quantité d'ADN utilisée est bien plus petite qu'un grain de sable
Du côté de Microsoft, on souligne le fait que l'ADN a des arguments à faire valoir grâce à sa petite taille. «La quantité d'ADN utilisée pour stocker ces chansons est bien plus petite qu'un grain de sable», explique Karin Strauss. Ainsi 6 millions de gigaoctets de données, soient l'ensemble des archives du Montreux Jazz Festival depuis sa création en 1967, pourraient être stockés dans l'équivalent d'un grain de riz.
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La voie de l’avenir
L'ADN est une molécule utilisée par les organismes pour stocker, transporter et transmettre de l'information. Le concept a donc été appliqué à l'informatique pour permettre de stocker des données de manière pérenne. Concrètement, les chansons comportent un code binaire qui est converti en séquences d'adénine (A), de cytosine (C), de guanine (G) et de thymine (T). Un morceau est représenté par une séquence de ces quatre lettres.
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Surtout, l’ADN ne consomme pas toute l’énergie nécessaire aux centres de données. C’est là que Microsoft intervient en flairant le bon coup. En avril dernier, le géant de l’informatique a acheté des millions de brins d’ADN à Twist Bioscience pour faire avancer ses recherches. Grâce aux investissements, le coût de la fabrication de l’ADN synthétique a baissé. Le prix d’un génome est ainsi passé de 3500 dollars et un peu plus de mille. Une manière de s’assurer que cette méthode devienne bien la voie de l’avenir.