Sorties BD : les charmes (ou pas) d’un passé révolu
Cette semaine, on prend la machine à remonter le temps avec des histoires et des personnages exhumés du passé de la bande dessinée et une aventure flashy au pôle Nord.
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Publié le 26-05-2023 à 15h33 - Mis à jour le 26-05-2023 à 17h18
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Parismatch.be vous invite deux fois par mois à vous plonger dans l’univers de la bande dessinée en vous proposant toute une série d’aventures pour adultes, jeunes et ados. L’offre en 2023 est abondante et de qualité : voici nos coups de cœur cette semaine !
Harry Dickson (Tome 1) : Mysteras – Le charme d’un passé révolu
Le Pitch : Londres, prison de Hammersmith. Baltimore Harmon, un condamné à mort, est exécuté à l’aide d’un étrange prototype de chaise électrique. Le tout sous le discret regard de la romancière Delphina Cruyshank, qui observe la scène au télescope depuis une luxueuse tour, accessible à elle seule. Le premier va s’échapper à la suite de son exécution. Alors que la seconde va disparaître de ses appartements… Entre mystère, chambre close et surnaturel, la journée d’Harry Dickson s’annonce compliquée.
Notre avis : La série de romans avec Harry Dickson comme héros, le Sherlock Holmes américain popularisé par le Belge Jean Ray, fascine depuis les années 1930. Déjà Dargaud et Soleil avaient édité une vingtaine d’aventures cartonnées du détective 'old school'. Dupuis a donc décidé de relancer la 'franchise' avec le trio Onofrio Catacchio, Doug Headline et Luana Vergari. On prend plaisir dans les premières pages à retrouver un dessin familier pour le lecteur belge et une agréable palette de couleurs. On s’amuse aussi du côté un peu suranné de l’ambiance et des personnages qui flairent bon l’après-guerre. Cela rappelle des jours de vacances avec un temps maussade dehors où l’on dévore la collection familiale de bandes dessinées. Mais ce bon sentiment s’estompe quelque peu au fil des pages pour une intrigue un peu tirée par les cheveux et des codes quand même un peu dépassés. On est un peu resté sur notre faim en se demandant également qui Dupuis veut réellement attirer avec cette offre ?

No Limit – Froid comme le pôle
Le Pitch : Convaincu que la survie dans le Grand Nord est non seulement possible mais aisée, l’ethnologue et explorateur canadien, Vilhjalmur Stefansson lance deux expéditions polaires en 1913 et 1921. La première, cherchant à prouver que tout ce dont un individu a besoin pour survivre se trouve simplement caché sous la glace, tourne à la catastrophe, et de la seconde, tentative de colonisation de l’île Wrangel, ne reviendra qu’une rescapée… No Limit est le récit de ces deux fiascos. Mais en associant à la véritable histoire, celle, fictive, d’un professeur d’université en pleine crise de la quarantaine.
Notre avis : L’idée est bonne de vouloir donner écho en 2023 à une histoire d’aventuriers du pôle Nord démarrée plus de cent ans auparavant. Ces temps de respiration dans le récit de ce très (trop ?) gros roman graphique de la traversée de Vilhjalmur Stefansson ne donne cependant pas grand-chose en plus à se mettre sous la dent. Et sans réel rapport si ce n’est le naufrage de la vie d’un professeur d’université à la dérive pour garder l’imagerie du bateau…
L’utilisation de couleurs “flashy” façon aurore boréale dans un contexte supposé blanc immaculé est intéressante. On notera aussi un scénario qui met en avant les relations humaines dans un contexte extrême et de survie dans lequel les caractères s’affrontent. Avec ses lots de trahisons, de peurs, de rejets et souvent la mort tout au bout… C’est sans doute la partie la plus réussie. Pour le reste, on s’ennuie un petit peu comme l’attente du prochain printemps pour que la glace fonde et le navire de secours arrive…

Plagiat ! : le trio magique de la fin des années 1980 réuni à nouveau
Le pitch : Chris Van Meer est le peintre le plus en vogue de la nouvelle vague. Son excentricité subjugue autant que ses toiles, et ses expositions attirent des amateurs de plus en plus nombreux. Les critiques ne jurent que par lui, les femmes se jettent à ses pieds, mais lui ne se passionne que pour son œuvre. Avec sa nouvelle série de tableaux, il pense avoir atteint le sommet de son art. Mais tout s’effondre lorsque deux étranges cambrioleurs s’introduisent dans sa somptueuse villa !
Notre avis : Les auteurs offrent une nouvelle jeunesse à une BD sortie en 1989 et qui a reçu un prix au festival d’Angoulême à l’époque. Nous sommes plongés dans la ligne claire grâce au dessin de Alain Goffin. Le scénario étant signé par le solide duo François Schuiten et Benoît Peeters. L’ensemble des pages ont été retracées, remises en couleur et relettrées par le dessinateur. Un travail a aussi été mené sur le récit. Effectivement, on ne peut qu’apprécier le travail graphique et de couleurs (version 2023) qui rend le téléportage à la fin des années 1980 possible et encore agréable. Et qui permet surtout à la BD de rester forte 30 ans plus tard. Les amateurs bénéficient aussi d’un dossier de seize pages à la fin de l’album. Il contient de nombreuses illustrations et recherches inédites d’Alain Goffin et François Schuiten.
