Sorties BD : Judee Sill, la fabuleuse songwriter folk que le monde avait oublié…

Vermines (Tome 1) : Elles ne sont pas forcément celles que l'on croit !

Le pitch : Thriller fantastique situé à la Nouvelle-Orléans, le lecteur pourra y découvrir les aventures post-mortem de Marcus Garner, jeune membre de gang propulsé à sa mort au sein d’un univers parallèle accueillant tout ce qui contredit les règles de notre réalité. Témoin impuissant des conséquences de sa propre mort auprès de sa famille et de ses proches, Marcus sera contraint de s’allier à une créature monstrueuse afin de déjouer les plans des mystérieuses “Vermines” tatouées à l’origine de son assassinat.

Notre avis : Les dessins de Mathieu Salvia (Croquemitaines, Sept) sont assez impressionnants pour mettre en musique cette histoire de 'monstres vermines' dans un monde parallèle imaginé par Johann Corgié (Spirou et Fantasio). Les couleurs sont également d’excellente facture dans cette Louisiane au cœur de la culture cajun. Dès les premières pages, on se laisse happer jusqu’au premier rebondissement qui n’est autre que la mort du personnage principal. Ne vous en faites pas, on ne spoile rien, c’est inscrit rouge sur jaune sur la quatrième de couverture. Passé, présent et futur se mêlent dans la narration où les vivants sont sur scène et les 'autres' dans des coulisses de notre réalité en proie à la rébellion. Le premier tome assure la mise en place, on attend la suite. En espérant que sur la longueur, cela tienne la route. À voir !

Judee Sill : la colombe ne s’est jamais envolée…

Le pitch : 1979. North Hollywood. Deux policiers découvrent une junkie décédée dans son appartement. Une affaire sordide de plus ? Non. Car la victime est une certaine Judee Sill, étoile filante de la Folk qui connut une brève heure de gloire seventies avant de mystérieusement disparaître dans la nuit de l’anonymat… C’est ce destin dramatique, romanesque et musical que vous invitent à remonter Juan Díaz Canales et Jesus Alonso Iglesias, au gré d’un scénario rythmé comme une partition, servi par un dessin restituant comme jamais les années 70.

Notre avis : En toute honnêteté, on ne connaissait pas du tout cette chanteuse folk américaine principalement active fin des 'sixties” et début des 'seventies'. On s’est donc dans un premier temps rendu sur notre compte Spotify afin d’entendre celle dont la vie était traitée en bande dessinée par Alonso Iglesias et Diaz Canales. On conseille à ceux et celles dans le même cas de faire de même et de découvrir une fabuleuse chanteuse aux chansons subtiles. La voix de Judee Sill ne pourra que vous toucher profondément. Canales (Blacksad) nous raconte donc la vie distendue et tragique de celle qui n’aura connu la reconnaissance que plusieurs décennies après sa disparition à l’âge de 35 ans. La BD, joliment colorée comme ces années de parenthèse hippie et hallucinée, nous emmène dans le couloir du temps menant de la fin des années 1960 à la décennie suivante. Mais que reste-t-il réellement de cette période psychédélique, d’un effleurement du succès et d’une lente et inexorable descente aux enfers ? Judee Sill comme une partie de la jeunesse d'après-guerre s'est brûlée les ailes. À découvrir !

La brigade des souvenirs (tome 4) – Le mur de Hans : L’Histoire racontée aux enfants… mais pas que !

Le pitch : 2 octobre 1964. Berlin, la nuit. Face au Mur, le petit Hans, dans les bras de sa maman, salue son papa malheureusement coincé du côté Est… Des années plus tard, de nos jours, Tania, Alban et Théo, fondateurs de la Brigade des souvenirs, retournent les vieilles affaires de Pierre, papa de Tania et Alban. Leur objectif : trouver des trésors à vendre lors d’un futur vide-greniers ! Mettant la main sur une série de vieilles cassettes audio, ils vont découvrir que Pierre, adolescent, échangeait avec un correspondant allemand, un certain Hans… L’occasion pour la Brigade de découvrir le destin incroyable et touchant de ces familles séparées par le Mur de Berlin… Mais parviendront-ils à retrouver Hans, des décennies plus tard, ainsi que le morceau du Mur qu’il offrit à Pierre ?

Notre avis : La brigade des souvenirs raconte avec douceur à un pan de l’Histoire, pas si ancienne… la guerre froide. Loin des conflits politiques abstraits, le récit décrit avec une grande justesse et sensibilité le quotidien de milliers de Berlinois dont la vie a changé du jour au lendemain. Cette bande dessinée réussit à parler d’un sujet difficile avec légèreté, en s’adressant aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Les personnages principaux apportent une bouffée d’air frais dans le récit, alors que les flashback d’Hans, adolescent vivant à Berlin-Ouest, apportent une profondeur à l’histoire. La brigade des souvenirs est aussi ancrée dans son temps, avec une mamie qui joue à la Playstation, et des enfants qui découvrent les cassettes audio grâce aux vidéos TikTok. Un dossier historique à la fin de la bande dessinée donne des informations complémentaires sur la Guerre Froide et le mur de Berlin, sans pour autant tomber dans une leçon magistrale. Une bande dessinée à lire à tout âge !

Amours fragiles (tome 8) – Le Pacte : La fin approche

Le pitch : Lorsqu’on quitte Martin Mahner à la fin du 7ᵉe tome de la série Amours fragiles il déserte par crainte d’être poursuivi pour complicité passive dans l’attentat manqué contre Hitler. Il se trompe : il ne sera considéré que comme déserteur, un parmi beaucoup d’autres en cette période de chaos qui préface l’effondrement de l’Allemagne nazie. Outre l’obligation pour Martin de vivre dans la clandestinité on assiste à la fin du 3e Reich suite aux offensives conjuguées des Anglo-Américains – à l’Ouest – et de l’Armée Rouge – qui fait fuir vers l’Ouest des milliers d’Allemands dans des conditions apocalyptiques : l’hiver est particulièrement rigoureux… et les soldats soviétiques entendent solder leurs comptes.

Notre avis : Sans même avoir lu les tomes précédents, on entre directement dans l’histoire. L’intrigue est captivante et les différents rebondissements apportent de l’authenticité et de la gravité. Ancrée dans l’Histoire et dans l’Allemagne nazie, on découvre le parcours d’un résistant allemand et d’autres citoyens allemands qui sont tout autant opposés au régime d’Hitler. Une bande dessinée qui met ainsi en lumière la “résistance intérieure au nazisme”, plutôt méconnue du côté francophone, et qui a tout autant sa place dans les livres d’Histoire. Cette série se clôturera avec un dernier tome Crépuscule, qui devrait sortir en fin d’année 2023.