JO 2020 : Scandale de violences sexuelles dans l’équipe américaine d’escrime

Des membres de l’équipe américaine d’escrime ont arboré des masques roses sur le visage, dénonçant la sélection de leur coéquipier Alen Hadzic, sous le coup d’une enquête pour violences sexuelles.

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Image d'illustration. ©AFP or licensors

Des membres de l’équipe américaine d’escrime ont arboré des masques roses sur le visage, dénonçant la sélection de leur coéquipier Alen Hadzic, sous le coup d’une enquête pour violences sexuelles.

D'après un article Paris Match France deClémentine Rebillat

Vendredi, alors que l’équipe américaine d’escrime était présentée avant son combat contre le Japon, trois des quatre membres présents sur l’estrade arboraient un masque rose. Le dernier, lui, portait un masque noir. La raison? D’après les médias américains, les trois escrimeurs ont souhaité protester contre la sélection de leur coéquipier au sein de la délégation américaine. Ce dernier est en effet sous le coup d’une enquête pour violences sexuelles. Il avait dans un premier temps été suspendu et donc interdit de JO, avant d’être finalement autorisé à y prendre part après avoir fait appel le mois dernier.

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Alen Hadzic est accusé de violences sexuelles par trois femmes pour des faits qui se seraient déroulés entre 2013 et 2015. Les médias n'ont pas donné de détails sur les allégations mais l'Américain nie tout en bloc. L'une des accusatrices a témoigné anonymement auprès de USA Today: « Je crois qu'un seul cas est suffisant pour que vous ne soyez pas autorisé à participer à ces putains de Jeux Olympiques. On se demande vraiment jusqu'où quelqu'un doit aller pour qu'il ne soit pas autorisé à prendre part à la compétition».

La Fédération lance un «plan de sécurité»

Dans une enquête publiée par Buzzfeed, il a été révélé qu'après avoir autoriséAlen Hadzic à participer aux Jeux, la Fédération américaine d'escrime a lancé dans le même temps « un plan de sécurité » pour le tenir éloigné des femmes dans et hors du village olympique. Il a ainsi voyagé jusqu'au Japon, dans un avion sans ses coéquipiers et a été logé dans un hôtel loin d'eux. Il a également eu l'interdiction de prendre part à des entraînements mixtes. Des décisions « arbitraires et pas nécessaires » selon Alen Hadzic. Mais la Fédération a expliqué « que des membres de l'équipe ont exprimé leur inquiétude, pour leur sécurité et leur bien-être, en sa présence».

La tension est montée d'un cran avec l'affaire des masques. Interrogé par USA Today, l'épéiste de 29 ans – remplaçant vendredi – a déclaré : « Ils ne m'ont jamais demandé ma version de l'histoire. Ils n'ont jamais demandé comment je me sens». « Je me souviens m'être dit que ça serait bizarre si j'étais avec eux avec un masque noir donc j'ai demandé s'ils en avaient un rose en plus et ils m'ont dit non. Ce n'est qu'après avoir vu la photo plus tard, que j'ai réalisé ce qui venait de se passer», a-t-il ajouté. Il a expliqué au média américain avoir ensuite essayé de s'expliquer avec ses coéquipiers et avoir parlé avec deux d'entre eux, Jake Hoyle et Yeisser Ramirez. « J'ai dit à Hoyle que j'avais honte d'être son coéquipier. J'avais honte de me tenir debout avec lui. Et à Ramirez, j'ai dit que ce n'était pas cool ».

«L’activisme de performance ne résout rien au vrai problème ici»

Ces masques roses, destinés à soutenir les femmes, n'ont toutefois pas convaincu tout le monde, dont Jackie Dubrovich, membre de l'équipe, qui a partagé sa colère sur son compte Instagram. Elle a rappelé que voir des hommes porter des masques roses ne devrait pas être traité par les médias « comme une belle histoire ». « Alen a quand même eu le droit de rejoindre l'équipe. Il n'a pas été tenu pour responsable. Les gens responsables de ce système non plus. La Fédération n'a pas donné d'explication alors qu'elle clame l'ignorance à propos de son attitude de prédateur et sa violence qui dure depuis presque 10 ans (…). Qui a menti pour le protéger ? J'espère que l'on ne va pas se perdre dans le récit chaleureux de ce geste (les masques roses) et oublier de poser les vraies questions», a-t-elle notamment partagé en story. Et d'ajouter: « L'activisme de performance ne résout rien au vrai problème ici… Les femmes athlètes n'ont pas été protégées et notre sécurité a été considérée comme pas assez importante », a-t-elle dénoncé.

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L'ancienne journaliste star de la chaîne ESPN avait déclaré au moment de l'article de Buzzfeed que les décisions prises étaient la preuve « que l'équipe olympique se fout complètement des femmes». « C'est inexcusable et c'est un bon rappel que même après Larry Nassar, le Comité Olympique américaine se fiche des femmes » a-t-elle écrit, faisant référence à l'ancien médecin de la gymnastique américaine, condamné pour des centaines d'abus sexuels sur de jeunes gymnastes – dont Simone Biles – et protégé durant des années par les plus hautes instances du sport américain.

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