Le champion belge Nicolas Colsaerts fête ses 20 ans de circuit pro
Notre champion Nicolas Colsaerts fête ses vingt ans de circuit professionnel. Retour sur une carrière aussi atypique que le personnage.
- Publié le 01-12-2020 à 17h50
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Par Miguel Tasso
Flash-back. Novembre 2000. Il y a pile vingt ans. Un jeune « ket » de 18 ans, les cheveux en bataille, fait ses grands débuts sur le circuit professionnel européen. Son nom ? Nicolas Colsaerts. Le « Coels », pour les intimes. De l’avis unanime, le jeune champion bruxellois est hyper doué. Mais aussi un peu chien fou, capable du meilleur un jour et du pire le lendemain. Un jeu et un tempérament d’artiste, en somme.
Vingt ans plus tard, Nicolas est toujours là, bon pied bon œil sur l’European Tour. « Le golf, c’est la seule chose que je sais faire », sourit-il souvent. Alors, pas question de retraite anticipée. Certes, la famille a pris une grande importance dans sa vie. Marié à la belle Rachel et papa d’un petit Jackson qui fêtera bientôt ses 3 ans, il apprécie chaque jour davantage les plaisirs casaniers et aime se ressourcer dans ses appartements de Monaco. Mais pas question de ranger ses clubs au placard. Il a, pour toujours, le swing dans la peau.
Certains prétendent qu’avec son talent naturel, il aurait pu signer une carrière bien plus brillante. C’est sans doute vrai. De l’avis de nombreux spécialistes, il possède l’une des plus belles frappes de balle de la planète golf. Et, avec un peu d’assiduité au practice, il se serait probablement construit un palmarès bien plus fourni.
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Mais Nico est un épicurien du golf. Il n'a jamais été un forçat de l'entraînement façon Bryson DeChambeau. Il aime se laisser guider par ses intuitions et ses sensations. Il aime les beaux coups bricolés par ses doigts d'or. Et il a son mode de fonctionnement très particulier. C'est le contraire du calculateur carriériste. Alors, quelque part, il est plutôt satisfait de son parcours.
Tout n'a pas été rose durant ses vingt ans. Il y a eu des hauts et des bas. En 2008, au fond du trou, il a même failli jeter l'éponge. Mais, dos au mur, il est reparti de plus belle après un exil spartiate en Australie. Du Nicolas dans le texte !
Avec, en toile de fond, plusieurs moments inoubliables : son premier titre remporté lors de l’Open de Chine en 2011, sa victoire au World Match Play sur le parcours andalou de Finca Cortesin en 2012, sa participation au Masters d’Augusta en 2013 et aux Jeux olympiques de Rio en 2018, et son sacre inattendu à l’Open de France en 2019. Et puis, bien sûr, il y eut cette fabuleuse Ryder Cup de 2012 à Medinah où, en état de grâce, il se révéla aux yeux du monde en se payant le scalp de Tiger Woods en personne.

Souvenirs, souvenirs. Alors oui, c'est vrai, le « Belgian Bomber » (surnom donné par la presse américaine en raison de ses drives monumentaux) aurait pu ajouter bien d'autres lignes à son CV. Mais il est toujours resté fidèle à lui-même, quitte à déranger ou à surprendre. Scorpion certifié conforme, il sait ce qu'il veut et il faut se lever tôt pour le faire changer d'avis. En 2013, tout auréolé de sa gloire naissante, il s'en va tenter sa chance sur le PGA Tour américain. Le must. La Champions League du golf. Mais il se rend vite compte que l'« American dream » ne correspond pas à son caractère. « Je me suis vite ennuyé. Là-bas, rien ne ressemble plus à un motel qu'un autre motel. En Europe, on passe d'un pays à l'autre. D'une culture à l'autre. Il y a une vie en dehors du golf. Aux States, tout est chloroformé. J'ai préféré revenir à mes racines. »
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Il est comme ça, Nicolas. Têtu. Honnête. Généreux. Fidèle à ses amis et à ses idées. Et on le changera pas. Aujourd’hui, du haut ses 38 ans, le « Coels » garde d’ailleurs le même cap déroutant. C’est dans son ADN. Il a mis un peu d’eau dans son vin, mais il reste déboussolant. Et c’est pour ça qu’on l’aime tant.
Une chose est sûre : grâce à ses exploits, son charisme et son talent, il a fait entrer le golf belge dans une autre dimension. Durant ces vingt ans, il a suscité des milliers de vocations chez les jeunes et servi de modèle à toute une génération. Ce n’est assurément pas un hasard si Thomas Pieters et Thomas Detry ont suivi ses pas et rejoint, à leur tour, le plus haut niveau européen. Quelque part, il a joué pour eux le rôle de grand frère. Le devoir de transmission est, à ses yeux, le plus important.