Accusée du meurtre de ses 4 enfants, la « pire tueuse en série » d’Australie graciée après 20 ans
Kathleen Folbigg a été surnommée « la pire tueuse en série » d’Australie après avoir été condamnée pour le meurtre de ses quatre enfants, a été libérée après avoir passé 20 ans en prison. Elle a été graciée par le gouverneur.
- Publié le 05-06-2023 à 13h20
- Mis à jour le 05-06-2023 à 15h49
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Il a fallu de nombreuses expertises et de longs débats pour arriver à une décision finale. Lundi, Kathleen Folbigg a été libérée après 20 ans de prison en Australie. Elle avait été condamnée pour le meurtre de ses quatre enfants. Un crime pour lequel elle vient d’être graciée par la gouverneure Margaret Beazley, suivant les recommandations du procureur Michael Daley.
Le « Sydney Morning Herald » explique que cette décision désormais irrévocable intervient après qu’une enquête historique a conclu qu’il y avait un doute raisonnable sur sa culpabilité. L’affaire Folbigg est désormais considérée comme l’une des plus grandes erreurs judiciaires de l’histoire juridique australienne.
Accusée d'avoir étouffé ses bébés
Les faits pour lesquels Kathleen Folbigg a été condamnée datent de 1989 à 1999. Au cours de ces dix années, elle avait, selon la justice, étouffé ses bébés - Caleb, Patrick, Sarah, et Elizabeth - âgés de 19 jours à 19 mois. Pour la justice australienne à l’époque, il ne faisait pas de doute que Kathleen Folbigg avait tué ses enfants.
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L’une des preuves principales au cours du procès avait été son journal intime, dans lequel elle avait notamment écrit : « Je suis bien la fille de mon père ». Ce père alcoolique qui avait tué sa mère de 24 coups de couteau au cours d’une dispute alors qu’elle n’avait que 18 mois. Lorsque Kathleen Folbigg avait partagé cette pensée à l’écrit, elle avait déjà perdu trois de ses enfants. C’est son mari qui a fini par la dénoncer à la police, après avoir lu le fameux journal intime. L’Australienne avait alors déclaré aux autorités que ce qu’elle avait écrit avait simplement capturé l’angoisse et le désespoir d’une jeune mère.
La « tueuse en série de nourrissons »
En 2003, Kathleen Folbigg a été condamnée à 40 ans de prison. Rapidement surnommée « la pire tueuse en série du pays » ou la « tueuse en série de nourrissons », elle était accusée d’avoir tué ses quatre enfants, avant chacun de leur deuxième anniversaire. Mais Kathleen Folbigg n’a jamais cessé de clamer son innocence, affirmant que ses bébés avaient tous succombé au syndrome de la mort subite du nourrisson. Au cours du procès de Kathleen Folbigg, le procureur a cependant catégoriquement rejeté la possibilité que la mort de tant d’enfants dans une même famille puisse être naturelle. « Il n’y a jamais eu, jamais, dans l’histoire de la médecine, de cas comme celui-ci », avait déclaré le procureur.
En 2021, plusieurs scientifiques se sont rassemblés afin de demander une réévaluation de ce dossier, affirmant que la mère de famille disait probablement la vérité et réclamant sa libération. Dans leur pétition, les 90 experts soutenaient que de nouvelles preuves médico-légales suggéraient que ces décès inexpliqués étaient liés à des mutations génétiques rares ou à des anomalies congénitales.
Une rare mutation génétique
Après avoir séquencé le génome de Kathleen Folbigg, les scientifiques ont en effet découvert qu’elle avait une mutation génétique relativement rare connue sous le nom de gène CALM2, qui pourrait avoir causé la mort de ses enfants. D’après la pétition des scientifiques, aucun d’entre eux n’était en bonne santé au moment de leur mort, et il n’y a pas de preuve médicale spécifique d’étouffement.
Parmi les maux des nourrissons, certains souffraient de cécité, d’épilepsie ou encore d’infections respiratoires. Des échantillons de sang et de tissus ont confirmé que ces derniers avaient également la mutation génétique, connue pour déclencher un arrêt cardiaque chez les bébés. Dans le monde, moins de 100 personnes ont ce gène CALM2.
Peu de temps après la grâce, une camionnette de prison blanche a conduit Kathleen Folbigg du centre correctionnel de Clarence à Grafton à une ferme de la côte nord du centre, où elle a retrouvé son amie et soutien de longue date Tracy Chapman. Elle vivra dans cette ferme de thérapie animale alors qu’elle tentera de reprendre une vie normale hors des murs de la prison. Le « Sydney Morning Herald » indique que des amis proches ont confié qu’elle attendait avec impatience un bain et un steak.