Exclusif : Pierre Kompany lance sa Fondation pour lutter contre le racisme qui "gangrène la société"
Alors que le racisme, dans les stades de football comme ailleurs, n’en finit pas de sévir, Pierre Kompany revient sur cette action de chaque instant qu’il poursuit sur de multiples fronts. Il évoque aussi ses enfants, dont Vincent bien sûr, et cette fierté qu’il ressent devant leur mobilisation. Il aborde par ailleurs, au détour d'une phrase, une ambition. Il se verrait volontiers conseiller la présidence du conseil de l'Union, assurée par la Belgique dès janvier 2024.
- Publié le 03-06-2023 à 09h32
- Mis à jour le 03-06-2023 à 11h19
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Le député Les Engagés, Doctor Honoris Causa de la VUB, lance le 9 juin prochain une fondation qui porte son nom. Celle-ci compte trois axes principaux : la question du climat et les approches environnementales liées ; les droits humains - lutte contre le racisme et la xénophobie en particulier - ; la pratique sportive et les "valeurs intrinsèques à son exemplarité".
« Sur le racisme, il faut être beaucoup plus clair. Et si l’histoire était mieux expliquée, les gens se regarderaient différemment. Le vrai problème, c’est la culture universelle", martèle cet homme engagé au propre comme au figuré. Qui n'hésitera pas, au fil de notre entretien fleuve, à commenter, entre moult autres, l'affaire dite "Maître Gims" : "On lui a fait un bien mauvais procès, à ce garçon... On s’est acharné et on continue à le faire sur ce jeune homme alors qu’il a pu interpréter le travail de certains. (...) N’a-t-on pas dit en Occident tant d’aberrations sur les Noirs aussi? Et qu’est-ce que ça peut faire que ce gamin bombe le torse ? (...) Je dis aux parents, que leurs enfants soient noirs, métis ou blancs, qu’il est temps qu’eux-mêmes se décolonisent mentalement, et décolonisent leurs enfants. On est tous fragiles potentiellement. Tous dans le même bateau. »

Le racisme est l’un de vos combats prioritaires. En 2020, vous nous parliez de ces menaces dont vous avez fait l’objet alors que vous étiez bourgmestre de Ganshoren (de 2018 à 2022). Vous étiez la première personne d'origine africaine à occuper ces fonctions en Belgique. On vous a baptisé "L'Obama belge". En juin 2020, vous étiez la cible d’une vague de messages à caractère raciste sur les réseaux sociaux. De l’incitation à la haine, à la violence, à la discrimination. Vous avez même reçu des courriers menaçants à la commune. Le lieu où l’on réside, où l’on est actif, cristallise-t-il davantage les attaques ?
Pierre Kompany. Les attaques que j’ai vécues ne venaient pas directement d’habitants de la commune de Ganshoren. La vague d’insultes et de méchanceté était énorme. En juin 2020, c’était une déferlante insoutenable sur mes réseaux sociaux. Je ne suis pas un débutant dans la vie ou dans la politique. J’ai beaucoup vu et entendu. Mais surtout j’ai vu les autres endurer le racisme. Je peux personnellement me défendre, mais lors de ces attaques à mon encontre, j’ai voulu cette fois ci réagir par la voie officielle et donc judiciaire. J’ai porté plainte au Tribunal de la Justice accompagné de mon avocate, Olivia Venet et soutenu par mon groupe politique au Parlement bruxellois. Les gens osent désormais moins car ils m’ont vu agir et réagir. Mais c’est davantage ce que subissent les autres qui me touche et me mobilise. C’est souvent alarmant. Et il ne faut plus se taire. Il faut dénoncer de tels actes
Suite à ces faits, vous vous étiez porté partie civile, avec le soutien de vos collègues parlementaires bruxellois, Les Engagés, à l’initiative de la cheffe de groupe Céline Fremault. Vous avez lancé une procédure en justice pour incitation à la haine et à la discrimination à votre encontre. Où en est-elle aujourd’hui ?
Le jugement a été prononcé le 29 novembre 2022. Le tribunal a reconnu la nature des propos racistes à mon encontre, ainsi que le préjudice moral qui en découle. Un des deux prévenus a été condamné pour propos fondés sur la supériorité ou la haine raciale à une peine de probation autonome d’un an, avec l’obligation de se soumettre à une réflexion et une sensibilisation sur la discrimination. L’autre a été acquitté. Dans ce cadre la, je suis parti en appel… affaire à suivre!
« Si nous n’allons pas en appel, nous accepterions que des propos proposant de me transformer en animal empaillé ne soit pas sanctionnés, ce qui est tout de même ahurissant », comme l’a souligné mon avocate Olivia Venet. Elle estime que les propos dont j’ai fait l’objet, sont, au minimum, « relatifs à la supériorité d’une race sur l’autre ».
Pierre Kompany : "On a éliminé l'homme noir de l'histoire de la colonisation"Cette question, la lutte contre le racisme et la xénophobie constitue un des piliers de la "Fondation PK" que vous lancez bientôt et dont vous nous parlez en primeur.
La Fondation va se concentrer non sur les actions judiciaires mais sur l’instruction, la formation. Comment instruire la société autrement. Comment l’éduquer. Nous travaillons en partenariat avec l’Université Saint-Louis qui connaît depuis longtemps le traitement des questions à caractère racistes.
La Fondation PK décernera tous les deux ans un prix à un étudiant en master de droits humains. Il sera décerné par un jury qualifié et indépendant à l’Université Saint-Louis. Celui ci pourra également présenter son travail à l’université partenaire au Congo, l’université de Kasa Vubu à Boma.
Nous allons organiser des séminaires récurrents sous la houlette du professeur Sébastien Van Drooghenbroeck de Saint-Louis et avec l’Université Kasa Vubu. Nous prévoyons aussi des journées de sensibilisation dont la Journée mondiale contre le racisme et le déploiement de modules de formation aux enseignants sur le racisme et la xénophobie.
Pierre Kompany, à nouveau victime de racisme : « Mes enfants sont métis. On a dû les protéger », rappelait-il récemment à MatchAutre axe essentiel : le sport dont les échanges sportifs et par exemple l’envoi de jeunes joueurs de football belges en immersion sur le terrain africain.
Ce sera un partenariat notamment avec l’ASBL Friendly Foot, déjà active en Belgique et en Afrique. L’idée est que les jeunes, au lieu d’effectuer des stages ici, puissent en faire en Afrique. Ils seront accueillis dans une académie et seront hébergés dans des familles. L’inverse est vrai aussi, pour leur éviter d’idéaliser la vie en Europe. Ces échanges sont porteurs dans les deux sens. Il faut que les enfants ne soient pas uniquement des footballeurs mais des citoyens du monde avec des vraies valeurs de vivre ensemble.
L’idée est de montrer aussi aux jeunes que le Congo n’est pas uniquement une destination de curiosité ou de tourisme mais en montrer les réalités. Ceux qui y sont partis avec leur sac à dos au Congo sont subjugués, il n’y en a pas un qui n’a pas envie d’y retourner. Il faut que les touristes sachent que le Congo est fascinant. Mais au-delà de cet aspect, le pays a une importance énorme pour la Belgique. Nombreux sont ceux qui s’attachent commercialement au Congo, l’exploitent à travers les mines notamment. La Belgique a cet avantage d’être proche du Congo.
Il est trop facile de dire que le Congo n’est pas bien géré. Les Congolais s’activent aujourd’hui malgré ce qu’on peut raconter dans la presse. L’évolution se fait à son rythme mais elle est positive. Le président Tshisekedi fait beaucoup d’efforts. De grands ouvrages sont réalisés dans ce pays, des choses parfois surprenantes mais ce n’est pas ça malheureusement qu’on rapporte. Un exemple, on y construit a aujourd’hui 100 écoles, des centres d’épuration d’eau énormes… On peut dire que rien n’est fait mais tout cela n’existait pas avant et les résultats arrivent.
Sur une population de 15 millions, quelque milliers d’enfants sèment la terreur à Kinshasa. Tout peut se produire dans une ville avec une telle concentration. Prenez les mégapoles du Brésil ou du Mexique. On ne peut pas non plus y mettre des millions de policiers.

La question du racisme, qui tient une place majeure dans votre action, est évidemment plus brûlante que jamais. On a vu notamment, lors du match contre Valence du 21 mai dernier dans le championnat espagnol de football, des propos éhontément racistes à l’encontre du joueur brésilien Vinícius Júnior.
On est, hélas, en plein dedans… On a vu tout récemment les stades hurler aux singes contre ce jeune attaquant. Insulté par les supporteurs adverses, il a dénoncé le racisme qui sévit au sein de La Liga espagnole. Il fait partie des artistes qui font plaisir à voir, qui donnent parfois les joies que Zinedine a données au Réal de Madrid. C’est une chance immense pour un club, en l’occurrence le Real, de l’avoir.
Cette énième attaque à son encontre a fait réagir le gouvernement de Lula qui a exigé des sanctions. La justice espagnole a ouvert une enquête. Le Brésil et l’Espagne se sont retrouvés en plein “incident diplomatique”. Valence et ses supporters ont été sanctionnés par la Fédération.
Ce n’est hélas pas une première on le sait. En avril dernier, Romelu Lukaku a été la cible d'insultes racistes au moment de tirer son penalty en Coupe d'Italie face à la Juventus. Là aussi, on a pu entendre, sur des vidéos des cris de singe venant des tribunes. Ces attitudes ont été évidemment condamnées par le monde du football. Il y a tant d’exemples…
En octobre 2013, Yaya Touré, joueur ivoirien de Manchester City, a dénoncé des chants racistes et des cris de singes lors du match de Ligue des champions sur le terrain du CSKA Moscou.
On peut citer aussi ce cas, en mai 2016, de Jérôme Boateng, alors défenseur de l’équipe d’Allemagne, qui avait fait l’objet de propos racistes proférés par le responsable de la droite populiste en Allemagne : le gouvernement allemand avait condamné ces insultes qui avaient suscité une levée de boucliers dans le pays. Ce grand joueur, de mère allemande et de père ghanéen, avait remporté avec le Bayern Munich la Ligue des champions de l'UEFA 2012-2013. Il avait remporté aussi la Coupe du monde en 2014.
« Il y a en Allemagne des réactions assez cash par rapport au racisme, et ce tous domaines confondus. On ne tergiverse pas, on ne joue pas sur les mots, on n’essaie pas de trouver de la nuance là où les excès sont inexcusables.»
Vous rappelez qu’en 2013, alors qu’il joue pour l’AC Milan, Jérôme Boateng faut interrompre un match en Italie, heurté par les insultes des supporters de l’équipe adverse.
L’international ghanéen retire alors son maillot et quitte le terrain. Ses coéquipiers lui emboîtent le pas. C’est un moment énorme. Il y a des applaudissements mais aussi des huées. L’arbitre met fin au match. La scène tournera à travers le monde. Jets de bananes, chants racistes, cris de singes, il aura tout enduré, tout vu, tout entendu… Il y eut ce choc entre l’AC Milan et l’AS Rome en 2013 toujours. En septembre de la même année, il finira par quitter l’AC Milan pour rejoindre l’Allemagne. Le racisme n’aurait pas été étranger à ce choix.
Vous dites qu’il aura d’ailleurs des réactions “d’Allemand”. Dans quel sens ?
Il fera preuve à plusieurs reprises d’un mental “allemand”. A savoir : on ne discute pas devant l’inadmissible. On quitte le jeu et on s’en va, point. Il y a en Allemagne des réactions assez cash par rapport au racisme, et ce tous domaines confondus. On ne tergiverse pas, on ne joue pas sur les mots, on n’essaie pas de trouver de la nuance là où les excès sont inexcusables.
Un exemple récent : En avril dernier, le Bayern de Munich annonçait que Sadio Mané, ancien attaquant de Liverpool avait été écarté du noyau pour le prochain match après une altercation lors du match perdu contre Manchester City en Ligue des Champions. Mais selon la presse sénégalaise, ce seraient en réalité les injures racistes de Leroy Sané qui auraient mis le feu aux poudres.
Leroy Sané, joueur allemand métis, fils d’un ancien footballeur sénégalais et d’une gymnaste allemande, aurait ainsi, selon certaines sources, traité son coéquipier, Sadio Mané, de « scheisse schwarze » (« noir de merde »). L’ancien de Liverpool s’est excusé ensuite pour son comportement. L’incident avait été condamné par le Bayern Munich. Si les propos étaient avérés, il est évident que la mère du joueur incriminé ne doit pas être fière de lui. Il doit apprendre que le sang de sa mère n’est pas différent de celui qui se déverse au Sénégal. Et que le sang du Sénégal, le sien donc, s’est déversé sur l’Histoire.
Vous faites allusion notamment aux tirailleurs que le Sénégal a fournis à l’armée française durant la Deuxième Guerre mondiale.
Sur les 63 000 engagés en France en 1940, 24 000 sont morts ou portés disparus au moment de l'Armistice. En outre, les Sénégalais ont été l'objet de discrimination raciale sous le régime de Vichy qui clamait le principe de supériorité de la race blanche. Ce point serait si long à évoquer…
« Les joueurs de football sont connus comme des stars du hip hop, et bien davantage souvent. De plus, chaque équipe comptant au moins vingt joueurs, tous réputés à un certain niveau, cela multiplie les risques d’excès, de dérapages. Du moins cela augmente les chances de visibilité et de médiatisation des insultes. Il y a un autre facteur : Les joueurs circulent plus encore que les rappeurs et autres célébrités. »
Les attaques racistes se sont-elles à votre avis multipliées dans le foot ou cette multiplication des cas connus est-elle simplement liée à la caisse de résonance des réseaux sociaux ?
Il y a, je pense, un recul progressif des actes racistes dans ce domaine, du moins dans les grands matches, mais ces haut-parleurs expéditifs que sont les réseaux sociaux sont là pour identifier toute hérésie. Aujourd’hui, nul ne peut plus y échapper. Il n’y a plus d’impunité médiatique, dans quelque sens que ce soit. Et on sait que ces réseaux ne sont évidemment pas le paradis des saints.

Pourquoi selon vous parle-t-on davantage d’injures et agressions racistes en football plus que dans le monde de l’entertainment par exemple ? Au-delà des enjeux financiers, de l’immense popularité du sport, de cet impact qui évidemment transcende les frontières, à quoi attribuez-vous ce point ?
A un certain niveau, les joueurs sont connus comme des stars du hip hop, et bien davantage souvent. De plus, chaque équipe comptant au moins vingt joueurs, tous réputés à un certain niveau, cela multiplie les risques d’excès, de dérapages. Du moins cela augmente les chances de visibilité et de médiatisation des excès en question. Il y a un autre facteur : Les joueurs circulent plus que les rappeurs et autres célébrités. Le joueur, même s’il vient de la brousse la plus reculée, pourra être valorisé dans la ville la plus “haute” et puissante qui soit. Parce que les équipes réputées veulent gagner.
Par rapport au hooliganisme, les Anglais ont aujourd’hui des réactions claires. C’est plus linéaire, il n’y a pas de flou, pas de points de suspension.
Le hooliganisme est-il en hausse ? On songe à cette caricature qu’ont longtemps incarnée les supporters britanniques…
A l’étranger la bière était plus chaude que chez eux… Mais on a appris à les discipliner. Le football britannique a, comme on sait, été pénalisé après le drame du Heysel. Ils ont perdu l’Europe pendant cinq ans. L’ambiance dans les stades en Grande-Bretagne n’a plus rien à voir. Ici, on a des grillages pour empêcher les mouvements de masse. Chez eux il n’y a pas de grillage mais celui qui oserait passer une frontière interdite est frappé par une sanction directe : un retrait d’abonnement. Or ces abonnements ont une grande valeur familiale, ils sont cédés par les familles de génération en génération. Quand on en perd un, on pénalise la famille et il faut attendre parfois des années pour en récupérer un. Par rapport au hooliganisme, les Anglais ont aujourd’hui des réactions claires. C’est plus linéaire, il n’y a pas de flou, pas de points de suspension.

Votre fils Vincent a été lui aussi touché par des commentaires racistes. Était-ce le cas dès son plus jeune âge ?
Même quand il était enfant il a subi quelques attaques… Je me souviens par exemple de cette anecdote, qui relevait plus d’une forme de sectarisme large que de racisme à proprement parler. Quand Vincent était Diable rouge débutant, il a dû s’absenter de l’entraînement pour assister à l’enterrement de sa grand-mère maternelle. Il y avait, au petit stade du village ardennais où vivaient ses grands-parents, beaucoup de monde dont des sportifs. Quand il est retourné au club il a reçu une sanction. A l’époque c’était un entraîneur hollandais et c’était l’époque où les Hollandais considéraient les Belges comme inférieurs à eux au niveau sportif. Mais la presse, notamment ardennaise et wallonne avait trouvé ça inacceptable et défendu Vincent. Les gens l'aiment beaucoup, c’est un fait. Mais il peut y avoir cette “petite masse”, un noyau agressif qui agit contre toute logique, de façon, il faut le dire, criminelle. Je dirais qu’il a été longtemps préservé si ce n’est un jour, dans son propre pays, à Bruges, où, malheureusement, on l’a traité de “singe noir”. Le bourgmestre avait alors affirmé n’avoir rien entendu alors même que d’autres témoignages, notamment techniques confirmaient l’atteinte.
C’était en décembre 2021, Vincent Kompany, alors entraîneur à Anderlecht, et plusieurs membres de son équipe ont été la cible d'insultes racistes venant des tribunes, lors d’un déplacement à Bruges. « Je quitte ce match dégoûté. On ne devrait plus vivre ça aujourd'hui » a-t-il déclaré. Le Club de Bruges a répondu sur Twitter en condamnant « toute forme de racisme ».
Comme souvent, la justice a expédié cette question de racisme. Dans le camp d’Anderlecht, il y avait parmi les plaignants l’Union belge de football. Mais on ne peut pas se cacher derrière un club. Les joueurs doivent aussi sortir du bois. Les plaignants, où étaient-il vraiment?
C’est une autre différence avec la Grande-Bretagne. Là-bas, sur le terrain, lorsqu’il y a un problème avec deux joueurs, dont l’un profère des propos racistes, dès que le joueur insulté porte plainte, ça devient une affaire très sérieuse, on n’a même pas le temps de faire un arrangement à l’amiable… Un exemple flagrant : En octobre 2011, accusé d'avoir proféré des injures racistes à l'encontre d'Anton Ferdinand, un jeune joueur métis des Queen Park Rangers, John Terry, défenseur de Chelsea, a dû rendre son brassard de capitaine de la sélection anglaise. Le frère du jeune homme était capitaine de Manchester United.
Terry a été déféré le 1er février 2012 devant le tribunal d’instance de Londres pour insultes racistes. Il a nié la plainte mais l’enquête a confirmé les faits après lecture labiale sur une vidéo. Terry a écopé d’une lourde amende. En Grande-Bretagne, l’affaire a été réglée dans un timing serré. Ici, c’est toujours plus laborieux, ça traîne et puis les faits sont noyés.

Le multiculturalisme britannique a-t-il favorisé ces prises de décision plus rapides et efficaces selon vous ?
Peut-être. Il y a en tout cas au Royaume-Uni une éducation civique populaire. Cela va du respect de la queue à la position qu’on occupe sur l’escalator pour permettre au voisin de vous dépasser s’il est pressé. Bien sûr, rien n’est parfait mais quelques notions d’éducation civique de base sont le minimum. Ça devrait être naturel, et clair. Dès qu’on commence à fignoler sur des questions aussi graves que le racisme, on fait stagner les choses. Il est beaucoup plus efficace de dire clairement ce que l’on veut et d’agir.
Il faut que les clubs et les joueurs prennent tous des positions claires et efficaces sur ces insultes et discriminations. L’impact médiatique du football de haut niveau est, de fait, énorme. C’est un problème de société qui doit être pris au sérieux. Toutes ces questions, si elles ne sont pas gérées avec fermeté et clarté peuvent pourrir la société.
Quelques années plus tôt, au printemps 2013, Vincent Kompany, alors capitaine des Diables Rouges et de Manchester City, était aussi victime d’insultes racistes. C’était après un derby disputé contre Manchester United. La police anglaise avait alors immédiatement ouvert une enquête. Face à l’indicible, il y a cette exemplarité que, par leur notoriété et leur popularité, les clubs de football doivent impérativement mettre en œuvre. Le font-ils davantage aujourd’hui ?
Certains y travaillent. Quelques mois après ce que Vincent avait subi, il y a eu le cas de Faris Haroun, joueur de l’Antwerp. Il a subi le même sort mais n’a pas hésité à s’exprimer publiquement, dans les médias etc. En décembre 2020, l'Antwerp et le FC Bruges ont porté plainte contre X en réaction à des tweets racistes envers Faris. Cette réaction commune et concertée entre les deux clubs belges et le joueur était un geste fort : « Le racisme n’a pas sa place. Ni dans, ni en dehors du football, ni dans les tribunes, ni sur les réseaux sociaux ». Faris Haroun a rappelé sa fierté d’être noir, belge et tchadien.
Le paradoxe est là aussi : ailleurs, Vincent, grand joueur et capitaine respecté est écouté, et chez lui il peut devenir une cible... Parmi ses soutiens, il faut citer Albert Martens (ancien joueur, scout pour le RC Anderlecht, football manager 2021). Il est fou de Vincent depuis qu’il est gamin. Il est toujours présent lorsque Vincent est victime d’une attaque.
Mais plus largement, il faut que les clubs et les joueurs prennent tous des positions claires et efficaces sur ces questions. L’impact médiatique du football de haut niveau est, de fait, énorme. C’est un problème de société qui doit être pris au sérieux. Toutes ces questions, si elles ne sont pas gérées avec fermeté et clarté peuvent pourrir la société.
Vous suivez encore personnellement l’évolution de jeunes sportifs, quels conseils leur donnez-vous pour lutter contre les discriminations?
D’abord, je dis souvent aux parents, que leurs enfants soient noirs, métis ou blancs, qu’il est temps qu’eux-mêmes se décolonisent mentalement, et décolonisent leurs enfants. On est tous fragiles potentiellement. Tous dans le même bateau.
"Maître Gims", on lui a fait un bien mauvais procès. On s’est acharné et on continue à le faire sur ce jeune homme alors qu’il a pu interpréter le travail de certains. (...) Et n’a-t-on pas dit en Occident tant d’aberrations sur les Noirs aussi? Et qu’est-ce que ça peut faire que ce gamin bombe le torse ?
Vous préconisez une connaissance accrue de l’histoire de l’Afrique, une remise en perspective. Des points qui doivent impérativement être mis en lumière, valorisés dans les manuels scolaires dans les médias etc.
L’histoire a été faussée dans bien des récits. Il en manque des pans entiers, je suis intarissable à ce sujet, c’est vrai, mais il nous faudrait quelques pages de plus pour en parler… Combien de gens savent par exemple que c’est une femme noire qui a inventé le GPS ? Que c’est une femme noire aussi qui avait calculé la trajectoire vers la Lune ?
Lorsque les peuples ne peuvent pas se valoriser mutuellement, on en arrive à ce qu’on vit maintenant. Tout est prétexte à du lynchage ou des démonstrations de haine. A ces gaillards qui hurlent dans les stades, lancent des insultes racistes, on n’a pas appris que l’esclavage est un leurre terrible… On ne leur a pas appris non plus que les noirs ont été des précurseurs dans bien des domaines, scientifiques notamment. Le Congolais a par ailleurs été reconnu comme vaillant soldat à travers le monde. Si les choses étaient davantage dites, expliquées, les gens se regarderaient différemment. Le vrai problème, c’est la culture universelle. Il faut ouvrir les esprits, les éduquer impérativement.
Vous évoquez l’affaire dite « Maître Gims »... (En avril dernier, dans une interview sur la géopolitique et l’Afrique, le chanteur assurait que l’Égypte disposait de l’électricité dès l’époque antique, comparant en gros les pyramides à des centrales électriques. NDLR)
On lui a fait un bien mauvais procès. On s’est acharné et on continue à le faire sur ce jeune homme alors qu’il a pu interpréter le travail de certains. Dont Cheikh Anta Diop, historien anthropologue, égyptologue et homme politique sénégalais, mort en 1986. Il a mis l’accent sur l’apport de l’Afrique et en particulier de l’Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiale. Il est considéré comme un précurseur pour ce qui concerne l’importance et l’ancienneté de la place des Africains dans l’histoire. Et puis surtout, pour revenir à Gims, n’a-t-on pas dit en Occident tant d’aberrations sur les Noirs aussi? Et qu’est-ce que ça peut faire que ce gamin bombe le torse ?
J’ai envie de lui dire qu’il est noir, qu’il s’affirme et n’a rien à regretter. Que les jeunes blancs doivent aussi s’assumer et à un moment ne pas rester sur de faux schémas. Il a en tout cas mon soutien.
Vous n’êtes pas pour le déboulonnage des statues, mais plutôt pour la note explicative ?
Je suis en effet plutôt dans l’explication et la compréhension tout en gardant quand même le bon sens qui me permet de ne pas laisser parler un idiot.
Quelle réponse apportez-vous à l’idiot ?
Je rattrape l’individu par ma connaissance de l’histoire. Douceur et efficacité.

Vos enfants sont des relais dans votre engagement. Ils ont hérité de votre fibre sociale. Comment décririez-vous leurs approches ?
Ils tiennent de leur maman aussi, qui était syndicaliste. Ils ont une connaissance parfaite de qui je suis. Ils connaissent mon admiration pour Nelson Mandela. Ils m’ont offert le voyage en Afrique du Sud pour ses funérailles. Oui, ils ont repris les valeurs parentales.
Ils les ont amplifiées parfois, vous nous dites que votre fille ne mâche pas ses mots lorsqu’elle est face à une situation à connotation raciste. La nouvelle génération est-elle plus ferme?
Tout à fait. Avec ma fille, personne ne jouera avec le racisme. Elle est directe, contrairement à ses frères qui ont les capacités de se retenir. Avec elle le répondant est immédiat. Elle n’est pas déterminée à écouter en longueur les moqueries et le manque de considération.
Elle a une force incroyable. Elle gère un club de plus de 1200 enfants (le BX Brussels, club de foot à caractère social fondé par Vincent Kompany). C’est une gestion qui consiste notamment, oserais-je dire, à “dresser” la communauté vers un sens civique commun. Une jeune femme comme ma fille qui arrive à discipliner tous les acteurs de cette belle aventure. Qu’ils soient marocains, tunisiens, noirs ou blancs, qu’il s’agisse des joueurs ou de leurs familles, elle les aborde de la même façon, avec la même aisance et la même fermeté.
Votre beau-fils est, dites-vous, passé à l’immobilier après avoir été menacé..
Il a été avocat des Droits de l’homme mais c’est un métier de fou. Dans le cadre cette fonction qu’il a incarnée brillamment, devant la Cour européenne de justice notamment, il a subi des pressions incroyables. Il a subi des menaces. Il avait aussi des appels parfois au milieu de la nuit, de parents qui appelaient, inquiets parce que leur enfant avait été enfermé. Il a réfléchi à sa famille, à ses enfants encore jeunes. Et il a choisi de changer de métier. Il est devenu juriste immobilier. C’est le domaine où travaille aussi ma fille et ça lui permet une vie plus régulière.
Votre fils Vincent est notamment engagé de longue date, notamment pour les sans-abri au Royaume-Uni.
C’est un homme d’engagement. Il a commencé très jeune et a été très sollicité très tôt. Avant ses 18 ans, j’allais aux réunions, lui s’occupait de son football.
La protection de sans-abri à Manchester (Tackle4MCR) est une grande œuvre dans laquelle il s'est investi. Noël Gallagher, le fondateur d’Oasis, a joué en 2018 pour un gala organisé par l’association de Vincent. Sa guitare y a été vendue pour plus de 60 000 livres. La mairie de Manchester a récolté plus de 260 000 livres pour les sans-abri.
Il y a aussi SOS Village Enfants, dont Vincent est un ambassadeur officiel de la FIFA. Un projet qu’il aime et qu’il a fait découvrir à Kim Gevaert (championne olympique 2008 et directrice du Mémorial Van Damme). Elle est retournée récemment au Congo, pays d’origine de son mari, l’ancien athlète Djeke Mambo, en tant que marraine de SOS Villages d’enfants.
Dans ce milieu, il y a une règle en tout cas : quand on quitte un club, on ne parle pas. Ou on compliquerait la tâche à tout le monde. Le lieu où on s’exprimer le moins aujourd’hui, oui c’est sans doute le foot. Si on est intelligent, on parle peu.
En réaction aux attaques visant Vicinius, Vincent Kompany lui a adressé ces mots : “Mon cœur saigne. Nos parents, grands-parents et ancêtres ont beaucoup enduré et la bataille n’est pas encore terminée. Nos enfants ne grandiront pas dans un monde où la haine et la discrimination se répandent. Ils ne s’inclineront jamais devant ceux qui choisissent de discriminer, de diviser et de haïr ». Votre fils réagit toujours calmement, dites-vous, il prend acte. Parlez-vous beaucoup de ces sujets ensemble ?
Nous ne parlons pas que de racisme avec lui ou en famille...
Vous parlez football ?
Ah, là je mets souvent un joker. Lui a atteint un niveau exceptionnel, donc mes conseils en la matière sont peu importants pour tout le monde !
En tant qu’entraîneur de Burnley, il a fêté récemment son premier titre de champion en division 2 anglaise, permettant donc à l’équipe d’accéder à la Premier League. Il a été titré « coach de l’année » pour son action dans le championnat et Burnley a prolongé et son contrat jusqu’en 2028. Quels types de mesures prend-il en tant que coach de Burnley ?
Le maire de Burnley a dit que Vincent ne leur a pas apporté que du football mais du social aussi. C’est d’autant plus marquant dans cette ville où il y avait eu auparavant des manifestations sous la bannière raciste « White Lives Matter ».
Quand il a été engagé à Burnley, le 14 juin 2022, alors que le club venait d’être relégué en Championship, Vincent, alors ex-capitaine de Manchester City, prenait l’équipe « la plus blanche d’Angleterre » comme l’a dit la presse britannique.
Avec très peu d’argent, il a amené au club des joueurs qui sont devenus des stars. Un Marocain qui était sur le banc à Charleroi, un autre gamin qui était sur le banc à Antwerp, un Brésilien qui était au cercle de Bruges, d’autres encore venant de Westerloo, du Standard ou de Saint-Trond…. La cote de tous ces jeunes gens est aujourd’hui plus élevée que quand il les a acquis. Et ils comptent désormais parmi les coqueluches d’Angleterre. Vincent a par ce biais renvoyé de l’argent anglais en Belgique. Parmi son staff, il y a aussi un Flamand, des Congolais d’origine venant d’Anderlecht et puis un grand joueur, Craig Bellamy.

Bellamy est assistant manager de votre fils qu’il admire et présente comme un « bourreau du travail ».
C’est un homme qui a joué tout gamin à Manchester avec Vincent. Il avait d’autres propositions en tant que coach mais il a dit : « Je veux être capable d’abord de faire ce que fait Vincent avant de me lancer. »
En 2012, quand Vincent a « offert le derby des derbys » à Manchester City, Diego Maradona occupait la loge à côté de la nôtre. C’était le jour où Vincent a marqué de la tête contre Manchester United. Ce fut un vrai match à suspense. Quand il a marqué, Maradona est venu m’embrasser et me serrer très fort. Il m’a dit : « Vincent is the best of the best! ». Ça ne s’oublie pas… Maradona avait bravé les interdits : son garde du corps avait pour lui une petite bouteille d’alcool dans la poche.
Quels sont les souvenirs les plus forts que vous avez avec votre fils ?
En septembre 2008. Vincent avait été engagé par Hambourg. On arrive sur place vers minuit. Et là, le manager du club fait éclairer le stade rien que pour nous, alors qu’il était protégé pour la Coupe du monde qui aurait lieu quelques semaines plus tard. On lui a proposé de choisir son numéro – il a choisi le 10, avant ça il avait eu le 4 toute sa vie. La preuve de la considération que le club allemand avait pour lui. Je me suis dis : savoure ces instants. Vincent était le joueur le plus cher de tous les temps à ce moment-là. Pour Hambourg c’était un gros transfert.
Autre souvenir, en avril 2011, Manchester City, dont Vincent portait le brassard de capitaine, a battu son rival historique, Manchester United, en demi-finale de la Coupe d'Angleterre à Wembley. C’est un stade mythique pour tout le monde. L’entraîneur nous a proposé de descendre dans les vestiaires…. Combien de parents de joueurs ont eu cet honneur ? Il faut à un joueur une certaine dignité et une importance dans un club pour bénéficier de telles faveurs… Des supporters de Man City, deux castards, m’ont soulevé et porté en chantant « Kompany »… C’est ça la vie entre les humains… Le reste, la voyoucratie et tout ça, on oublie. Les pisse-vinaigres existent toujours mais il faut parfois pouvoir les ignorer !
Séquence mémorable encore en 2012, quand Vincent a « offert le derby des derbys » à Manchester City. Diego Maradona, dont le beau-fils, Agüero, jouait en attaque, occupait la loge à côté de la nôtre, ma fille m’accompagnait. C’était le jour où Vincent a marqué de la tête contre Manchester United. Ce fut un vrai match à suspense. Grâce à Vincent, City a affirmé le titre avec un goal marqué à vingt secondes de la fin du match Quand il a marqué, Maradona est venu m’embrasser et me serrer très fort. Il m’a dit : « Vincent is the best of the best! ». Ça ne s’oublie pas… Maradona avait bravé les interdits : son garde du corps avait pour lui une petite bouteille d’alcool dans la poche.
Je me rappelle aussi, bien sûr, ce fameux goal que Vincent a marqué en mai 2019 avant de quitter Manchester City. C’était le seul goal du match, marqué à très grande distance et qui leur a permis de reprendre la tête du championnat anglais devant Liverpool… Il n’y a pas de mots pour traduire cela.
Et puis je citerais août 2021, lorsque Man City a dévoilé les statues – des sculptures en acier - de Vincent et de David Silva, devant l’Ethiad Stadium à Manchester. Vincent était très ému. Il a rappelé que sa femme vient de Manchester et que ses enfants y sont nés. Pour ses 12 ans de bons services à Man City, une rue au centre d’entraînement a été rebaptisée Vincent Kompany Crescent. J’étais là lorsqu’on a dévoilé la plaque de cette rue qui porte son nom. Énorme émotion.
Votre fils s’exprime peu dans les médias, du moins rarement en longueur. Il semble plus simple d’avoir un entretien un peu consistant avec le président américain ou le Pape qu’avec une figure du football aujourd’hui… Le foot reste un lieu où règne l’omerta ?
Dans ce milieu, il y a une règle en tout cas : quand on quitte un club, on ne parle pas. Ou on compliquerait la tâche à tout le monde. Le lieu où on s’exprimer le moins aujourd’hui, oui c’est sans doute le foot. Si on est intelligent, on parle peu.
Et en politique ?
En politique, il faut faire attention quand on parle des autres. Ceux qui passent leur temps à faire des messes de minuit sont les plus sensibles !
Mais si on boycotte les athlètes russes, eh bien qu’on montre aussi qu’on est capable de résoudre le problème du racisme, qui est déjà largement présent ! Le racisme ne s’éteindra pas de lui-même.
Estimez-vous que les grandes manifestations sportives internationales sont, qu’on le veuille ou non, et d’une façon ou d’une autre, “politiques” ?
Bien sûr.
En tant qu’ancien sportif et père de sportifs vous-même, êtes vous pour ou contre l’intégration des athlètes russes aux prochains JO ?
On a parlé des chantiers de la Coupe du monde, et finalement quasi tout le monde était là. Beaucoup d’argent a circulé. On a évoqué les milliers de morts sur ces chantiers, je n’en doute pas mais qu’a-t-on fait réellement pour arrêter cela ? Avez-vous vu de vraies manifestations pour enrayer le processus en amont ? Je pense que dans les Jeux qui rassemblent des peuples, on ne peut pas boycotter une nation. Sauf si le pays concerné refuse lui-même d’y aller, là vous ne pouvez rien. Mais si on boycotte les athlètes russes, et bien qu’on montre aussi qu’on est capable de résoudre le problème du racisme, qui est déjà largement présent ! Le racisme ne s’éteindra pas de lui-même.
Et puis les athlètes se préparent pendant des années, ils investissent tout dans leur discipline, leur famille est souvent mobilisée. Ils parcourent, au fil des mois, des ans, des milliers de kilomètres pour s’entraîner. Et puis on leur dirait : cette fois-ci vous êtes interdits de compétition, revenez dans quatre ans! Mais l’âge de la retraite arrive tôt chez les sportifs de haut niveau… tout cela doit être pris en ligne de compte.
Dans les guerres, il y a des entreprises qui vendent des armes dans des lieux où elles ne devraient pas le faire. Pour moi, les Jeux olympiques doivent rester ouverts. C’est un événement catalysant pour le monde entier et les athlètes n’ont pas à payer pour les décisions des dirigeants.
Notre pays va bientôt assurer la présidence du Conseil de l’Union (du 1er janvier au 30 juin 2024). Je pourrais être bien indiqué pour être parmi les conseillers de la personne qui assumera cette présidence.
Vous avez été le premier bourgmestre noir de l’histoire de Belgique. Vous êtes membre du Parlement de la Région bruxelloise depuis 2014. Quelles sont aujourd’hui vos aspirations politiques ?
Je n’ai en tout cas pas l’intention de m’arrêter. Je pense être encore bien utile au niveau intergénérationnel, à la compréhension entre communautés et individus et à la compréhension que je peux donner du monde et de la Belgique par rapport au Congo notamment, qui doit être un allié et atout principal. Pourquoi tolérer que les richesses du Congo passent par une série d’autres pays ? Pourquoi, au niveau de l’industrie qu’on accuse de polluer, créer des industries similaires dans d’autres pays ? Il faut utiliser nos forces au Congo, les mettre en commun. Ne pas créer ailleurs de nouvelles industries qui existent déjà et qui polluent, dont la fabrication de batteries. Maintenir les industries là-bas, sans les démultiplier ou les reproduire ailleurs, permet de donner de l’emploi primaire et secondaire. Il faut qu’on arrête de parler à l’Afrique comme à un enfant. Et il faut également avoir une approche plus humaine par rapport à ce continent.
Comptez-vous rester actif en Belgique ou au Congo ?
Ma Fondation a son siège en Belgique, au sein de l’Europe. C’est ici, en Belgique, en Europe que je vis et que vit ma famille. C’est ici que je reste actif, naturellement. Plusieurs tableaux se présenteront en fonction des élections à venir en Belgique. Notre pays va bientôt assurer la présidence du Conseil de l’Union (du 1er janvier au 30 juin 2024. Durant cette période, la Région bruxelloise assurera également la représentation de la Belgique au Conseil « Environnement » de l'UE. NDLR). Je pourrais être bien indiqué pour être parmi les conseillers de la personne qui assumera cette présidence.
Fondation Pierre Kompany - « Que l’humain l’emporte »
www.FondationPK.com Www.pierrekompany.be




































































































Photos familiales :
- Pierre Kompany et Vincent Kompany le 7 avril 2023 à Middlesbrough, avec le trophée de la victoire de Burnley contre Middlesbrough, permettant à l’équipe coachée par Vincent de monter en Premier League.
- Photo de famille, le 7 avril 2023 à Middlesbrough toujours. De gauche à droite : Selloi Hannaoui, la compagne de Pierre Kompany; Carla Kompany, l’épouse de Vincent; Kai Kompany, leur fils aîné; Vincent Kompany; Sienna Kompany, leur fille, et Caleb, leur plus jeune fils.