Héritage colonial et arrestations : Le couronnement de Charles III est célébré malgré ses polémiques
Le roi Charles III est couronné ce samedi 6 mai, succédant à sa défunte mère Elizabeth II sur le trône britannique.
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Publié le 06-05-2023 à 13h45 - Mis à jour le 06-05-2023 à 14h16
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La cérémonie de couronnement du roi Charles III n’a pas lieu sans oppositions et polémiques. Il y a quelques jours, un vieil homme a été interpellé en face du palais de Buckingham. Il avait jeté plusieurs objets dans le parc, soupçonnés d’être des cartouches de fusil, et était en possession d’un couteau. Finalement, l’homme a été hospitalisé et interné pour maladie mentale, a confirmé la police. Le jour-j de la cérémonie de couronnement, le Guardian a confirmé l’arrestation par la police de Graham Smith, chef du groupe antimonarchiste Republic. Des protestations ont d’ailleurs été menées par ce même groupe dans les rues de Londres. Six militants qui demandaient la libération du leader ont notamment été arrêtés samedi matin, avant la cérémonie de couronnement.
D’après l’agence de presse Belga, Human Rights Watch a jugé ces arrestations “incroyablement inquiétantes”. “Les informations faisant état de personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement contre le couronnement sont incroyablement inquiétantes. C’est quelque chose que l’on s’attend à voir à Moscou, pas à Londres”, a indiqué la responsable de l’organisation au Royaume-Uni, Yasmine Ahmed, dans une déclaration transmise à l’AFP.
La monarchie peu populaire ?
Les opposants à la monarchie profitent du couronnement pour tenter de se faire entendre. C’est le cas du groupe Republic, qui affirme vouloir abolir la monarchie pour que le roi soit remplacé par un chef d’État élu démocratiquement. “À la place du roi, nous voulons une personne choisie par le peuple, qui ne dirige pas le gouvernement mais représente la nation indépendamment de nos politiciens”, écrit le collectif sur son site.
Le roi Charles III ne peut pas vraiment compter sur la jeunesse britannique pour modérer les mouvements protestataires. Il faut dire qu’un sondage YouGov/BBC, relayé par Le Figaro, a assuré que seuls 32 % des 18 et 24 ans sont favorables à la monarchie. Mais le nouveau souverain reste relativement populaire chez les Britanniques de manière générale. Un sondage Ipsos affirme que 57 % d’entre eux approuvent sa prestation. De quoi rendre jaloux certains présidents élus démocratiquement.
Les meilleures photos de la cérémonie de couronnement de Charles IIIFace aux oppositions et arrestations, le ministre de la Sécurité Tom Tugendhat a déclaré sur la chaîne de télévision Sky que les “services de renseignement et (les) autres forces de sécurité sont parfaitement conscients des défis auxquels nous sommes confrontés et sont prêts à les relever”. Il a ajouté que le “couronnement n’est pas seulement l’occasion de célébrer notre nouveau roi mais aussi de présenter le Royaume-Uni au monde entier. […] Il y aura littéralement des milliers, voire des centaines de milliers, de touristes étrangers, […] des journalistes du monde entier et, bien sûr, des chefs d’État et de gouvernement qui viendront célébrer avec nous samedi”.
La plaie encore ouverte du colonialisme
La reine consort, Camilla a annoncé qu’elle ne portera pas le Koh-i Nor pour le couronnement de Charles III. Ce diamant incrusté sur la couronne portée par les reines britanniques depuis la fin du XIXe siècle réveille un passé colonial douloureux. Et si officiellement l’Inde l’a offert à la reine Victoria, le pays réclame avec insistance sa restitution. Mais ce geste de Camilla ne suffit pas à effacer le passé colonial britannique de la cérémonie.
D’autres joyaux issus du passé colonial britannique apparaissent lors de cette journée historique. On compte notamment le diamant Cullinan sud-africain. Il orne le sceptre royal que tient le roi Charles lors du couronnement. Surnommé le “Star of Africa”, ce diamant a été extrait de la mine de Thomas Cullinan près de Pretoria en 1905. Il est en fait un fragment du plus gros diamant du monde, de plus de 3 106 carats. D’autres pierres ont été taillées d’après ce diamant d’une valeur inestimable. Elles décorent la couronne de la reine consort Camilla.
La correspondante RFI à Johannesburg, Claire Bargelès, affirme que “nulle demande officielle de restitution n’a jamais émané des gouvernements sud-africains contemporains”. Mais “une pétition en ligne a regroupé près de 8 000 signatures pour réclamer leur retour dans un musée du pays”. Ces joyaux symbolisent une période d’esclavage douloureuse pour certains pays. Mais la couronne britannique ne semble pas encore prête à définitivement tourner cette page de l’histoire.