Les écrits érotiques de Bruno Le Maire suscitent des moqueries sur les réseaux sociaux

Un passage émoustillant du nouveau roman du ministre de l'Economie parasite la communication du gouvernement.

bruno Lemaire
Bruno Lemaire en avril 2023. ©PHOTOPQR/LE COURRIER PICARD/CRUZ

Après Marlène Schiappa dans Playboy, les écrits érotiques de Bruno Le Maire. Suscitant les moqueries sur les réseaux sociaux, le nouveau roman du ministre des Finances oblige une nouvelle fois le gouvernement à s'expliquer sur son image et sa communication.

Présents dans les médias pour commenter la crise politique et sociale en plein 1er mai unitaire de protestation contre la réforme des retraites, les responsables de la majorité n'ont pas échappé aux questions sur la page la plus crue du dernier opus du ministre écrivain.

"Ca montre que derrière les costumes de ministres, on nous le reproche parfois, il y a des sentiments", a répondu sur BFMTV et RMC le ministre du Travail Olivier Dussopt, un peu embarrassé. Il a concédé ne pas avoir lu le livre, mais seulement le passage érotique qui l'a "fait sourire".

Fugue américaine, le dernier roman de Bruno le Maire (aux éditions Gallimard) est sorti en librairie jeudi dernier. Il est consacré au pianiste Vladimir Horowitz, à travers l'histoire de deux frères, Franz et Oskar Wertheimer, qui font un voyage à Cuba pour assister à l'un de ses concerts et dont la vie s'en trouve bouleversée.

Mais c'est une page de ce livre qui a retenu l'attention, celle où une des protagonistes du roman décrit une excitation sexuelle extrême dans les termes les plus explicites. Ces lignes ont fait le tour des réseaux sociaux, suscitant une abondance de sarcasmes et de moqueries.

Un gouvernement en décalage avec l'humeur du pays ?

Et elles ont relancé un questionnement politique. Le gouvernement n'est-il pas en décalage avec l'humeur du pays, plongée dans la crise des retraites, marquée par de nouvelles manifestations lundi à l'occasion du 1er mai ?

"Il faudrait un nouvel Alfred Jarry pour écrire Ubu roi, il pourrait écrire aussi Ubu à Bercy" pour décrire les derniers épisodes concernant Bruno Le Maire, a ironisé dimanche le député La France insoumise (LFI) François Ruffin, en référence à l'écrivain du burlesque et de l'absurde. Pour lui, le ministre des Finances ne devrait pas avoir "une minute, une heure, une semaine de son temps à consacrer à l'écriture d’un livre" lorsque les Français connaissent "de gros soucis sur l'inflation".

Hasard des calendriers, la publication de l'ouvrage de Bruno Le Maire a coïncidé à quelques heures près avec l'annonce de la dégradation de la note financière de la France par l'agence américaine Fitch. L'élu insoumis a fait le parallèle avec la controverse issue de l' interview récente de la secrétaire d'Etat à l'Economie sociale et solidaire Marlène Schiappa, accordée au magazine Playboy. "Ca se ressemble", a-t-il noté. L'apparition de la ministre en Une du magazine de charme, photos à l'appui, avait mécontenté la Première ministre Elisabeth Borne qui l'avait rappelée à l'ordre.

Elle risquait de donner l'impression d'un gouvernement dispersé dans sa communication. S'y ajoutait l'effet déstabilisant d'un entretien donné fin mars par le président Emmanuel Macron au journal Pif. Auteur de 13 livres, dont cinq ces quatre dernières années, Bruno Le Maire revendique cette double-carrière, politique et littéraire.

Nicolas Mathieu s'amuse à réécrire le passage

"S'il n'y avait que la politique sans cette liberté que donne la création littéraire et romanesque, la politique ne suffirait pas", expliquait-il la semaine dernière dans un entretien à l'AFP. "Il organise son temps comme il veut", a estimé sur LCI le patron du Modem François Bayrou, rappelant qu'il avait lui aussi écrit des livres pendant qu'il occupait des fonctions ministérielles. Le leader centriste n'a pas dit s'il lirait Fugue américaine et s'est bien gardé de se prononcer sur la qualité littéraire de l'ouvrage.

Sur son compte Instagram, l'écrivain Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018, voit "un peu d'excès" dans les critiques du passage érotique du roman. "Quel morceau de cette nature ne semblerait pas ridicule tiré de son contexte, pris isolément ?". Mais "petit exercice de style", il s'amuse aussi à en proposer une réécriture.

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