La vidéo d’une femme autochtone mourante, insultée par les soignants, choque le Canada
La mort d’une femme autochtone au Canada fait scandale après qu’une vidéo la montrant en train de se faire verbalement abusée par du personnel de l’hôpital a été publiée. Beaucoup dénoncent des propos racistes.
- Publié le 02-10-2020 à 17h23
- Mis à jour le 02-10-2020 à 17h13
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La mort d’une femme autochtone au Canada fait scandale après qu’une vidéo la montrant en train de se faire verbalement abusée par du personnel de l’hôpital a été publiée. Beaucoup dénoncent des propos racistes.
D'après un article Paris Match France deC.R.
Pour Justin Trudeau, Joyce Echaquan a été victime «de la pire forme de racisme». Le Premier ministre canadien a réagi en début de semaine devant la Chambre des communes à la mort d'une femme autochtone, dans un hôpital du Québec lundi. Joyce Echaquan, issue de la communauté atikamekw de Manawan, est décédée à 37 ans au Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière (CISSS) de Joliette. Une enquête a été ouverte afin de faire la lumière sur les circonstances de son décès. Peu avant de s'éteindre, Joyce Echaquan s'est filmée sur sa civière, alors qu'elle se plaignait d'un mal de ventre. Elle a alors montré, en direct, les conditions dans lesquelles elle était prise en charge. Sur les images, choquantes, elle est à plusieurs reprises victime d'insultes pendant qu'elle se tord de douleur et hurle.
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Sur la vidéo de 10 minutes, publiée par Métro, on peut entendre des soignants parler d'elle: «Esti d'épaisse de tabarnouche… C'est mieux mort ça. As-tu fini de niaiser… câlisse? T'es épaisse en câlisse», une façon de lui demander d'arrêter de se plaindre et de la traiter de «conne», «épais» en québécois signifiant être «bête». L'une des infirmières s'adresse ensuite directement à elle, le tenant responsable de la situation dans laquelle elle se trouve parce qu'elle a «fait des mauvais choix». «Qu'est-ce qu'ils penseraient, tes enfants, de te voir comme ça», demande-t-elle. Et d'ajouter: «Pense à eux autres un peu… C'est meilleur pour fourrer qu'autre chose («baiser» en québécois, ndlr) pis on paie pour ça. Qui tu penses qui paie pour ça?».
«Elle filmait car elle savait qu’elle était maltraitée là-bas»
En plus de l'enquête ouverte afin de déterminer les causes de la mort de cette femme, une autre, interne, a été lancée par le centre hospitalier. Mardi, le premier ministre du Québec, François Legault, a déjà annoncé qu'une infirmière avait été congédiée face à l'émotion suscitée par ces images, indique Radio-Canada. Dans un communiqué envoyé à People, le CISSS a fait savoir que deux infirmières avaient en réalité été suspendues.
D'après Carol Dubé, le mari de Joyce Echaquan interrogé par Radio-Canada, sa femme «est rentrée à l'hôpital samedi pour un mal de ventre. Deux jours plus tard, elle est morte». Il dénonce les propos dégradants des soignants et explique qu'il va désormais devoir élever sept enfants, sans leur mère. Karine Echaquan, une proche elle aussi citée par le média canadien, explique que Joyce Echaquan s'est vue administrer de la morphine à l'hôpital, alors que ses problèmes de santé le lui interdisait. «Mais ils lui en ont donné pareil, parce qu'elle était trop agitée», affirme-t-elle.
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Depuis la mort de la trentenaire, plusieurs témoignages d'autochtones font état d'expériences similaires dans le même hôpital. «Ce que les employées de l'hôpital ont dit à Joyce, on l'a tous entendu. À Joliette, à Montréal ou ailleurs au Québec, ça ne change jamais pour nous», a regretté auprès de La Presseune membre de la famille. «Je n'ai pas encore réussi à regarder la vidéo au complet. Quand j'ai essayé, j'ai lancé mon téléphone du bout de mes bras et il s'est cassé. Elle filmait car elle savait qu'elle était maltraitée là-bas», a de son côté confié la mère de la jeune femme.
«Tous les Canadiens ont été choqués de voir cette vidéo»
«Tous les Canadiens ont été choqués de voir cette vidéo des derniers moments de Joyce Echaquan. Toutes nos condoléances vont à sa famille et aux habitants de Manawan en ces temps incroyablement difficiles. Ce qui s'est passé, c'est la pire forme de racisme quand quelqu'un avait le plus besoin d'aide.C'est un exemple, un autre exemple de racisme systémique qui est tout simplement inacceptable au Canada», a dénoncé Justin Trudeau.
Une page de collecte de dons a été ouverte pour aider la famille dans cette épreuve. «Jeudi dernier, Joyce Echaquan, 37 ans, s'est rendue à l'hopital pour des douleurs à l'estomac. Lundi on lui donne de la morphine même si elle refuse. Elle sait qu'elle a un pace maker au coeur. C'estdans une vidéo en direct sur Facebook que son entourage a reçu des nouvelles de Mme Echaquan. On peut l'entendre crier à l'aide en attikamek et dire avoir reçu trop de médicaments. Elle décède quelque minutes après, auprès de soignants racistes», peut-on lire. Le salon funéraire en charge de ses obsèques a annoncé que ses funérailles auraient lieu samedi et dimanche.
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