Beyrouth : Les douanes voulaient faire déplacer le nitrate d'ammonium depuis des années
Presque deux jours après les deux explosions qui ont balayé Beyrouth, de nombreuses questions se posent autour du stockage de près de 3 000 tonnes d'une substance dangereuse dans le port de la ville, responsable selon les autorités du drame qui a coûté de nombreuses vies.
- Publié le 06-08-2020 à 14h36
- Mis à jour le 06-08-2020 à 14h37
:focal(1495x1000.5:1505x990.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/3X4PSMAKDNGIVDHDDC2BTYHY3E.jpg)
Presque deux jours après les deux explosions qui ont balayé Beyrouth, de nombreuses questions se posent autour du stockage de près de 3 000 tonnes d’une substance dangereuse dans le port de la ville, responsable selon les autorités du drame qui a coûté de nombreuses vies.
D'après un article Paris Match France deA.B.
Comment plusieurs tonnes de nitrate d'ammonium, un composant substance qui entre dans la composition de certains engrais mais aussi d'explosifs, a pu être stockée sans protection en plein coeur de Beyrouth durant six ans ? Le Premier ministre Hassan Diab a promis que les responsables devraient «rendre des comptes» après deux explosions mardi qui ont ravagé la moitié de la capitale libanaise et provoqué la mort d'au moins 137 personnes et blessé des milliers d'autres. Depuis le drame, les autorités du port, les services des douanes et des services de sécurité, qui étaient tous au courant que des matières chimiques dangereuses étaient entreposées au port, se sont rejeté mutuellement la responsabilité.
Lire aussi >Qu'est-ce que le nitrate d’ammonium, potentiellement à l'origine des explosions mortelles à Beyrouth ?
Les 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium proviennent de la cargaison d'un battant pavillon moldave qui a fait escale à Beyrouth en 2013 avant de s'y voir bloquer à cause d'une interdiction de reprendre la mer. Ses propriétaires l'ont abandonné avec sa cargaison, qui a été stockée en 2015 dans le port de Beyrouth, non loin d'un entrepôt de feux d'artifices, selon Badri Daher, directeur général des douanes libanaises, qui a parlé à L'Orient du Jour. Ce dernier affirme avoir averti sans succès la justice à «six reprises, entre 2014 et jusqu'à récemment sur la nécessité de ré-exporter cette marchandise hors du pays». Selon lui, cette cargaison ne dépendait pas des douanes mais relevait de la responsabilité de la «direction du port» qui «est sous la tutelle du ministère des Travaux».
Lire aussi >À la une du Monde, le dessin de Plantu en hommage au Liban fait un tollé sur la toile
Des fissures dans le hangar
Une enquête sur cette cargaison avait été menée en juin 2019 par la sûreté de l'Etat après des plaintes sur des odeurs nauséabondes qui émanaient du hangar, rappelle l'AFP. Dans son rapport, elle notait le caractère dangereux de la substance stockée qu'il «est nécessaire de déplacer» et alertait contre la présence de fissures dans le hangar qui rendaient le vol possible. La direction du port a fait les réparations nécessaires et ce sont celles-ci qui auraient pu être à l'origine des explosions meurtrières selon des sources de sécurité citées par l'agence de presse.
Mercredi, le gouvernement a réclamé l'assignation à résidence des personnes responsables de ce stockage et plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Amnesty international a elle réclamé à une enquête «indépendante».
© 2023 Paris-Match France. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Paris-Match France. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de Paris-Match France.