Bénédicte Linard sur l'explosion des violences conjugales en lockdown : « Un foyer n'est hélas pas un endroit sûr pour tout le monde... »
Les lignes pour les victimes de violences conjugales explosent en Belgique comme ailleurs depuis le début du lockdown, catalyseur d’enfer pour les abus domestiques.
- Publié le 08-05-2020 à 09h37
- Mis à jour le 15-05-2020 à 14h26
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Bénédicte Linard, ministre des Médias et du Droit des Femmes à la Fédération Wallonie-Bruxelles, mène de longue date les combats féministes cruciaux. En première ligne aujourd’hui: celui des violences au sein du foyer, renforcées durant la crise sanitaire et ce confinement imposé. «Le sentiment d’isolement des victimes est aiguisé. Nos efforts pour lutter contre la pandémie ne doivent pas affaiblir l’attention que nous portons à leurs droits et besoins…»
Le numéro vert Écoute violences conjugales, une ligne téléphonique gratuite en Belgique francophone, a relevé début avril un doublement des appels. Ceux-ci ont triplé plus récemment. En Flandre, le 1712 a fait état d’une augmentation de 70% de ces appels durant le premier mois de confinement au plat pays.
En Espagne, pour prendre un autre exemple européen, trois femmes ont été tuées dans le cadre de violences domestiques présumées durant le lockdown du pays. Trois féminicides qui ont eu lieu depuis le 14 mars et le confinement strict qui a été appliqué dans le pays dès ce moment. L'isolement rend plus difficiles les quêtes d'aide, estime la police locale.
Un communiqué de l'Onu le confirme si besoin était. «Les mesures du confinement peuvent piéger les femmes avec des partenaires violents», rappelle son secrétaire général, António Guterres. La vulnérabilité des femmes est également mise en lumière par le Collectif contre les violences familiales et l'exclusion (CVFE) qui souligne leur isolement croissant.
En Belgique, après une réunion interministérielle le 3 avril dernier, une coordination nationale a été renforcée, de même que les lignes d’écoute. Les maisons de justice, qui soutiennent les victimes dans le suivi judiciaire et les centres de prise en charge de victimes de violences sexuelles (à l’hôpital Universitaire de Gand, au CHU Saint-Pierre de Bruxelles et CHU de Liège) ouverts 24 heures sur 24 (*), assurent également un relais constant.

Philippe Geluck et Khadja Nin ont pris leur bâton de pèlerin pour dénoncer le caractère intolérable de ces faits et l’impunité de leurs auteurs – de ces bourreaux qui sévissent en vase clos. Ils réclament par ailleurs une mobilisation accrue du gouvernement provisoire sur ces questions.
«Le sentiment d’isolement des victimes est renforcé»
«Le nombre d'appels à Ecoute violences conjugales a triplé ces derniers jours», confirme Bénédicte Linard, ministre du Droit des femmes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. «Un foyer n'est malheureusement pas un endroit sûr pour tout le monde. Les nécessaires mesures de maintien au domicile augmentent aujourd'hui les risques de violence ou aggravent les situations où s'exercent déjà des violences conjugales et intrafamiliales. Le sentiment d'isolement des victimes de violence domestique est également renforcé. Nos efforts pour lutter contre la pandémie ne doivent pas affaiblir l'attention que nous portons à leurs droits et besoins. Avec mes collègues Barbara Trachte (ministre-présidente du Collège de la Commission communautaire française, chargée de la promotion de la Santé et de la Famille notamment), Christie Morreale (ministre wallonne de la Santé et de l'Egalité des Chances) et Nawal ben Hamou (secrétaire d'État à la Région bruxelloise, en charge de l'Égalité des Chances), j'ai lancé une Task force Violence conjugale et confinement.»

Des réponses coordonnées ont été prises, indique la ministre, en partenariat toujours avec les acteurs de terrain. «Les services d'aide restent disponibles malgré les mesures de maintien au domicile. Nous avons rappelé les numéros d'appels (dont le 0800/30.030) et les lignes d'écoute ont été renforcées. A Bruxelles, un hôtel a été mis à disposition des victimes de violences conjugales. D'autres solutions ont pu être trouvées après contact avec les communes wallonnes. Les risques de violences intra-familiales sont importants et une attention particulière doit aussi être apportée aux enfants. Des numéros d'appels existent également, notamment auprès de SOS Enfants.»
Des kits pour les rédactions
La question des droits des femmes est évidemment majeure aujourd'hui. La prévention des violences y est étroitement associées. Elles sont souvent domestiques et se retrouvent dans toutes les catégories sociales. « Plus de 46 000 plaintes sont déposées chaque année, et les associations ont recensé 107 féminicides en Belgique depuis 2017. On sait évidemment qu'il existe des inégalités».
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Ces inégalités, il faut les traiter, tordre le cou aux clichés. Le choix du vocabulaire dans les outils de communication est évidemment crucial. «Comme le recommande la Convention d'Istanbul (Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à égard des femmes, premier instrument juridiquement contraignant au niveau européen), on a fait des appels d'offres pour créer des kits pratiques à utiliser dans les rédactions et les écoles de journalisme. La prise de conscience commence. Des sujets comme les féminicides, la violence sexuelle ou le cyberharcèlement sont de plus en plus abordés. Ce n'est pas gagné mais quelque chose se passe.»
« Un jeune sur cinq pense que le viol au sein d’un couple n’existe pas…»
«Les violences domestiques sont essentiellement perpétrées par des hommes», pointe Bénédicte Linard. Elles se retrouvent aussi dans tous les milieux sociaux. Plus largement, les violences sexuelles incluent aussi des demandes insistantes, répétées. Une problématique qui exige une connaissance bétonnée de la notion de consentement. «Ce concept est totalement flou chez les jeunes. Un jeune sur cinq pense que le viol au sein d'un couple n'existe pas… Cela m'a fortement interpellée. Il n'est pas normal qu'il y ait encore autant de flou sur ce point. On constate aussi une augmentation de la violence au sein de couples très jeunes car la violence est banalisée.» Les solutions? Le dialogue, l'éducation, l'information toujours. «Il faut aller dans les écoles et les maisons de jeunes. Le politique doit renforcer l'éducation des jeunes à la vie relationnelle, sexuelle et affective. Cela existe déjà en partie.»
Il y a eu 102 féminicides en trois ans en Belgique. L'urgence est là, même si ce n'est bien sûr que la pointe visible de l'iceberg.
Il y a aussi cette lutte contre les stéréotypes qui ont la peau dure. La ministre revient à quelques fondamentaux, ces «classiques» qui empoisonnent les destins, des «confinements» de genre aberrants, imposés encore aux individus dès leurs plus tendres années. «Pourquoi les filles sont invitées encore à jouer à la poupée. Pourquoi les jeux de construction sont réservés aux garçons, etc.» Tout cela impose au minimum des formations pour les professionnels de l'enfance et les écoles afin d'élargir les vues, de briser les œillères.

Bénédicte Linard rappelle aussi que l'histoire a été écrite par des hommes, des «êtres humains masculins». Elle évoque dans la foulée ces petits gestes du quotidien, vestiges d'une galanterie ancestrale. «Quand on offre des fleurs aux femmes et pas aux hommes, c'est bienveillant mais on reproduit des stéréotypes et il faut s'y opposer.»
Le féminicide, priorité des priorités
Le féminicide est en tête de gondole des violences faites aux femmes. «Il y en a eu 102 en trois ans en Belgique. L'urgence est là, même si ce n'est bien sûr que la pointe visible de l'iceberg.» On sait aussi que les violences sexuelles ne se limitent naturellement pas aux milieu culturels évoqués, sportifs, médicaux ou ecclésiastiques par exemple, mais qu'on les retrouve à tous les niveaux. Une enquête commandée par Amnesty International (Belgique) et SOS Viol révèle aujourd'hui l'ampleur du phénomène : 47% des Belges ont déjà été exposés à au moins une forme de violence sexuelle. Une femme sur cinq dit avoir été «personnellement exposée» à ce crime, un chiffre en augmentation par rapport à la dernière étude d'Amnesty datant de 2014 (13%). Un jeune sur quatre dit aussi y avoir été exposé.
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La ministre s'est rendue assez récemment dans les locaux de SOS Viol. «Les soutenir est essentiel pour libérer la parole. On sait qu'il faut trois ou quatre tentatives d'appel au moins pour qu'une personne victime ose s'exprimer, pour qu'un son sorte de sa bouche. Libérer la voix, c'est déjà gagner. En trois ans, le nombre d'appels à ce numéro gratuit (0800 98 100) a augmenté de 54%. Avec ma collègue Valérie Glatigny (ministre de l'Enseignement supérieur, de la Promotion sociale, de la Jeunesse et du Sport) nous avons permis un investissement de 75000 euros pour la ligne d'appel. L'idée est de pouvoir pérenniser ce type d'outil, essentiel.»
Quand on développe des vêtements aguichants pour des gamines de 9 ans, je pense qu'on se trompe. Je ne pense pas qu'elles aient besoin de string. Il faut protéger nos enfants, leur donner les bons codes.
Là aussi, la prévention est cruciale. «Dans les médias par exemple, le fait de relayer ces récits permet de mettre le doigt sur des questions fondamentales, d'expliquer pourquoi les victimes subissent des violences, comment réagir etc. Beaucoup reproduisent culturellement des stéréotypes qui peuvent engendrer des violences physiques.»
Oversexualisation de la société?
Que dire dans d'autres registres de l'impact de la libération sexuelle? Que penser de l'hypersexualisation de certains héros du show-biz en général, de la façon de revendiquer «sexytude» et féminisme, comme le font par exemple les stars– surtout américaines – de l'entertainment mais aussi les «socialites» au goût du jour comme les influenceuses? Faut-il y avoir des vestiges d'une ère post-soixante-huitarde qui aurait repris du poil de la bête? «Il y a un retour en arrière par rapport à la liberté des femmes de disposer de leur corps. On s'est habitué aux images porno qui circulent. Le monde change très vite et une adaptation est nécessaire. Il faut pouvoir donner aux jeunes les bons codes de lecture sur les réseaux sociaux ou les images porno. Pas pour la censure mais pour permettre un certain recul et l'épanouissement des uns et des autres. Il y a des publics à protéger. Quand on développe des vêtements aguichants pour des gamines de 9 ans, je pense qu'on se trompe. Je ne pense pas qu'elles aient besoin de string. Il faut protéger nos enfants, leur fournir les outils ad hoc. Mais interdire serait le meilleur moyen de passer à côté de l'objectif.»
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On peut rappeler aussi que le principe du «revenge porn» est désormais plus lourdement sanctionné. La Chambre a adopté récemment une proposition de loi dans ce sens. Ce terme en vogue désigne la diffusion publique, souvent par vengeance, notamment via les réseaux sociaux, de contenus sexuellement explicites sans le consentement de la ou des personnes qui y figure(nt). Le principe touche souvent des femmes mais pas seulement. On songe notamment à l’affaire Benjamin Griveaux qui pourrait en faire partie si l’on prend l’expression dans un sens plus large.
Démultiplication des discriminations
Les femmes qui cumulent d'autres inégalités – femmes noires par exemple – sont naturellement plus fragiles encore. Les «faiblesses» prennent alors des formats incontrôlables. «Ces inégalités se creusent chaque fois qu'une personne porte les stigmates d'une minorité – mêmes si les femmes ne sont pas minoritaires dans les faits. Quand on porte sur soi les marques visibles d'une différence, les inégalités se renforcent. Dans la Convention d'Istanbul, l'intersectionnalité est une question très prégnante. Nous voulons travailler sur cette question des diversités et de la multiplication des discriminations. »
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Nous évoquons la dépréciation de certains métiers qui se sont féminisés. Bénédicte Linard s'empare d'un livre dans sa bibliothèque. Un code épais sur les droits des femmes édité par Fem&Law. «Une vingtaine de femmes du monde juridique – avocates, juristes et juges – ont édité un code de droits des femmes, enfin!» L'ouvrage en question (Droits des femmes. Code commenté – éd. Larcier, 2020) a été publié en février. Il reprend l'intégralité de ce qui peut se faire ou se dire sur la question des droits des femmes et l'égalité entre genres – enjeu évidemment majeur en démocratie.

Que manque-t-il aux hommes pour aborder ces matières ? L'éducation doit être revue à la source bien sûr. En attendant, c'est, répond la ministre, «un exercice de catégorisation que je ne ferai pas». Elle rappelle néanmoins qu'on vit «dans une société patriarcale, même si la parole s'est libérée avec Metoo et Balance ton porc. Certains ont envie de porter cette parole mais il y a aussi des hommes et des femmes qui reproduisent les stéréotypes et clichés. On reste marqué par cette vision.»
«L’affaire Polanski? Les réactions épidermiques secouent les conservatismes »
Metoo, reparlons-en. Que pense-t-elle des réactions de femmes d'une autre génération comme Catherine Deneuve ou Fanny Ardant par exemple qui ont défendu Roman Polanski ou argué que le lynchage public et le tribunal médiatique ne peut se substituer à la justice? Est-ce une question générationnelle ou sociale et cette question peut-elle se réduire à ce type de catégories ? «Je ne sais pas si c'est une question sociale ou de génération. Je peux vous dire en tout cas que cette question traverse toute la société. L'affaire Polanski n'est pas un simple fait divers mais un fait de société.» Le tribunal devait-il se trouver dans une salle, dès le moment où le principe même de nominations aux César n'était pas contrecarré ? «Faire un triomphe à Polanski peut être perçu comme extrêmement violent et douloureux pour toutes les victimes de violence sexuelle. Les réactions plus épidermiques sont légitimes. Elles secouent les conservatismes et font du bien. Le dialogue sera la clé.»

«Il en va de même pour les sphères où le pouvoir se mêle au professionnel», précise la ministre. «DSK ou Weinstein sont des gens qui ont abusé de leur pouvoir pour commettre des viols ou des violences sexuelles. Et je trouve que les réactions de Mme Foresti ou de Mme Haenel sont légitimes par rapport à l'indécence.»
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Bénédicte Linard justifie les positions plus radicales, propres à la libération d'une parole qui entend remettre légitimement la victime au coeur de la question. « Les réactions très fortes par rapport à celles et ceux qui ont dénoncé la situation des César touchent aussi les victimes.On est passé à côté de l'essentiel en oubliant les victimes derrière ces faits. Le débat autour de la lettre ouverte de Virginie Despentes par exemple (qui fut applaudie mais aussi largement fustigée dans les médias et réseaux sociaux car elle avait tendance à associer au combat féministe des domaines sans réel lien – allant de la politique française à l'ultralibéralisme etc. NDLR), quelle que soit sa teneur, enferme dans la prison du silence les victimes et ceux qui dénoncent les faits. Et ce alors même que la parole commence à se libérer. C'est le propre de ce type de débats : ils oublient les victimes de violence, masculine pour la plupart.»
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«Les droits des femmes doivent être traités comme de vraies questions de société»
Que dire encore de cet éternel débat, celui du choix entre l'homme et l'artiste, plus que jamais dans l'air du temps. Est-il prioritaire, nécessaire, consistant ? «Qu'un artiste poursuive une carrière n'est pas un problème. Je n'ai personnellement pas de leçon à donner sur le fait qu'il faille aller ou non voir le film de Polanski. Mais pour ma part, à titre personnel, je ne vais pas le soutenir et je ne le verrai pas… En tant que ministre, je dis simplement ceci: il faut que les droits des femmes soient traités comme de vraies questions de société. Je n'ai pas envie de rentrer dans les détails quand aux films ou créations qu'on peut respecter par ailleurs, mais j'insiste sur le fait qu'on ne peut pas refermer la porte de cette libération de parole. La première étape pour sortir du statut de victime est de pouvoir parler. Dès lors il ne faut pas se tromper de combat. Il faut remettre la parole de la victime au centre de l'attention. Sans omettre les questions judiciaires bien sûr mais en se concentrant sur la prévention et l'accompagnement des victimes. Le gouvernement doit soutenir ces actions civiles.»

Le 3 mars, le Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles a approuvé le projet de décret portant un plan commun Droits des femmes. Le plan associe les décrets du 7 janvier 2016 sur l'intégration de la dimension de genre et du 3 mai 2019 sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Il suit quatre axes prioritaires : la lutte contre les violences faites aux femmes, la déconstruction des stéréotypes de genre, l'action pour une meilleure participation des femmes dans tous les secteurs professionnels et, crucial bien sûr, «à tous les niveaux dans les instances de décision et postes à responsabilité». Dernier point enfin, qui touche le quotidien : permettre une conciliation accrue entre vies professionnelle et privée.
Moins de ministres de la Santé ?
Bénédicte Linard, également ministre de la Santé et de la Culture au gouvernement Wallonie-Bruxelles, est sur tous les fronts dont celui, bouillant, de la crise sanitaire. Elle gère notamment, dans le cadre du déconfinement progressif, le thème également brûlant de l’avenir des arts de la scène, autre débat qui méritera un zoom plus spécifique.
Dans ce contexte de pandémie, nous lui demandons une réaction par rapport aux propos de Georges-Louis Bouchez, président du MR, et autres politiques qui plaident pour une réduction du nombre de ministres en charge de la Santé en Belgique et une refédéralisation d'une partie du dossier. «Nous travaillons depuis le début en coordination avec le fédéral. Je n'ai aucun tabou quant à l'idée de réfléchir à l'avenir au nombre de ministres qui serait le plus efficace, à une rationalisation du système, pourquoi pas. Mais on ne va pas faire une réforme de l'État pendant une crise sanitaire urgente… Notre mission est de protéger les gens. »
Une partie de notre dossier est à lire dans Paris Match Belgique, édition du 7 mai, disponible dans toutes les librairies.
* Les victimes de violences conjugales en Belgique peuvent contacter gratuitement le 0800/30.030 ou le 1712 en Flandre. Elles peuvent également témoigner par chat sur www.ecouteviolencesconjugales.be ou www.1712.be/home