BruZelle : Un collectif pour lutter contre la précarité menstruelle
BruZelle se donne pour mission de récolter des protections hygiéniques pour les distribuer gratuitement aux femmes dans le besoin.
- Publié le 07-02-2019 à 15h43
- Mis à jour le 07-02-2019 à 17h29
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« Brisons les tabous. Changeons les règles ! » Les protections menstruelles peuvent être considérées comme un produit de luxe pour certaines femmes.Elles sont sans-abri, travailleuses pauvres, migrantes ou étudiantes et partagent la même angoisse : chaque mois, elles se demandent où trouver l'argent pour acheter leurs protections hygiéniques.Veronica, Yves et Valérie ont lancé en 2016 leur asbl Bruzelle pourrécolter des protections périodiques et les distribuer gratuitement dans la dignité aux femmes précarisées.
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Comment les femmes qui vivent dans la rue s'en sortent quand elles ont leurs règles ? C'est la question que se sont posée les trois amis au début de leur aventure. « Car oui, les menstruations, c'est tous les mois, même quand on est à la rue» rappelle Veronica.
Les menstruations, c'est tous les mois, même quand on est à la rue.
Après une rencontre avec une femme sans-abri dans le métro bruxellois qui lui demande un tampon et deux anti-douleurs pour ses règles douloureuses, le visionnage d’un documentaire sur le sujet, et la surprise de découvrir qu’à Bruxelles rien n’est fait pour aider les femmes démunies lors de ces périodes mensuelles difficiles, ils lancent leur projet de collecte et de distribution de serviettes hygiéniques.

Des bénévoles et des trousses
L'asbl compte sur l'aide de bénévoles et fonctionne exclusivement sur base de dons.Ces boites sont placées dans despoints de collecte fixes à Bruxelles, où n'importe qui peut venir déposer des colis de serviettes hygiéniques. Puisqu'elles seront par la suite manipulées, celles-ci doivent être impérativement emballées individuellement. Les bénévoles de BruZelle viennent ensuite récolter les dons pour les trier. Ils se chargent aussi de créer des trousses réalisées en tissu et contenant chacune 20 serviettes et un flyer.«C'est un vrai travail d'équipe avec tous les bénévoles» reconnait Véronica.
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Si au début les tampons étaient acceptés au même titre que les serviettes, les membres de l'asbl ont vite compris qu'ils n'étaient pas adaptés aux réalités de la rue. Le manque d'accès aux toilettes et la perte de la notion du temps rendleur utilisation peu pratique et hygiénique. Les trousses sont distribuées à Bruxelles et à Namur, auprès d'acteurs de terrain comme l'Opération Thermos, DoucheFLUX ou Rolling Douche. BruZelle collabore aussi avec des maisons maternelles, des hébergements pour femmes battues, des banques alimentaires, des ONG, ou des centres d'accueil pour distribuer ces jolies trousses uniques et gratuites.
Vous souhaitez coudre des trousses pour BruZelle, mais vous ne savez pas comment vous y prendre?Voilà un merveilleux…
Publiée par BruZelle surSamedi 19 janvier 2019
Féminité, dignité, gratuité
Depuis 2016, ce sont plus de 6940 trousses qui ont été distribuées à Bruxelles, en Wallonie, et dans des camps de migrants à l'étranger, soit 138 800 serviettes périodiques. Un chiffre qui démontre l'ampleur des besoins et de la demande.«Ca marche bien, et malheureusement cela ne devrait pas être le cas» se lamente Véronica,« car si les citoyens doivent le faire, c'est parce que le monde politique n'agit pas ! BruZelle répond à une urgence, à quelque chose d'inconcevable en 2019. »
Quand on parle de sans-abri, la première personne à laquelle on pense c'est un homme et pas une femme.
En constatant que les abris et les centres spécialisés dans la précarité nient la question des règles, c'est aussi à un tabou et à la question de l'intimité que veut répondre l'asbl : «Ce qui est aussi frappant, c'est que quand on parle de sans-abri, la première personne à laquelle on pense c'est un homme et pas une femme. Et quand en plus on parle des règles, il y a quelque chose qui gêne parce que c'est intime. »
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L'asbl demande par ailleurs la gratuité pour tous les produits de protection périodique. «Aucune femme n'a choisi de l'être, elle n'a donc pas à supporter le coût» revendique Véronica.Depuis peu, BruZelle accepte aussi les dons en espèce pour assurer les stocks et les besoins matériels. Pour l'instant, l'asbl ne reçoit aucun subside. Envie de les soutenir ? Tous les points de collecte sont ici.
