Historiquement, les tapis de course sont une véritable torture

Il était facile de sans douter, mais l’histoire le confirme : des engins comme le «step» ou le «tapis de course» n’ont pas été inventés pour le plaisir des sportifs.

Elisabeth Debourse
Image d'illustration
Image d'illustration

«Depuis que je me suis mis au sport, je suis une personne différente». La phrase est presque inévitable chez les rares courageux qui tiennent leurs bonnes résolutions et ce cousin qui a subitement doublé sa masse musculaire, en l'espace de deux mois. Ceux qui sont des sportifs dans l'âme vous le diront aussi : le sport, c'est la santé, mais bien plus encore.

C'est en tout cas ce dont semblait persuadé William Cubitt, un ingénieur civil anglais, qui inventait en 1818 un antique croisement entre le tapis de course et le «step». Et sa plus populaire création a rapidement pris place dans les prisons du pays : au début du 19ème siècle, les détenus étaient sommés de monter sur la machine durant de longues heures – dix l'été, sept l'hiver – pour ressentir les «bienfaits» de l'effort sur un mental de criminel. Dans la douleur et la sueur, ils finiraient bien par apprendre à se tenir, espéraient les institutions pénitentiaires anglaises, qui, dès 1942, étaient plus d'une centaine à être équipées. Le mécanisme, en plus d'épuiser les prisonniers, broyait en sous-sol du maïs ou pompait de l'eau – soit un moulin mécanique actionné par la seule force d'hommes emprisonnés, explique Quartzy.

Lire aussi >Les sports de combat se féminisent

De l’insertion au sport, en passant par la punition

Ces derniers étaient bien souvent alignés côte à côte, jusqu’à ce qu’on leur ôte également cette dernière opportunité de socialisation. Chaque prisonnier était alors isolé sur son propre «tapis de course-broyeur», prêt à subir un long supplice qu’on ne qualifiait alors pas de sportif. Car plus qu’une manière de mettre les bandits au travail, l’instrument est rapidement devenu une punition pour les dissidents. Et les conséquences de cette pénitence importaient alors peu : chaque semaine, un homme mourait sur l’engin.

©EPA/RUNGROJ YONGRIT – Dans de nombreuses prisons encore, le sport est synonyme de discipline personnelle.
EPA/RUNGROJ YONGRIT – Dans de nombreuses prisons encore, le sport est synonyme de discipline personnelle.

Les tapis de torture n’ont peu à peu disparus qu’après une série de mesures et de constatations : la machine ne permettait en rien une meilleure réinsertion du détenu. Pour cela, il semblait exister d’autres moyens, aujourd’hui évidents, comme l’éducation.

Lire aussi >À vos marques, prêts, plogguez ! Les joies de la course aux déchets

Ce n’est que dans les années 1910 que l’enfin a refait surface, sous la forme d’un appareil d’entrainement aux États-Unis, avant de s’installer officiellement sous cette forme dans les foyers américains en 1960. Désormais, ses utilisateurs y montent de leur propre chef – et même avec plaisir, parait-il.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...