Dormir à deux, est-ce vraiment une bonne idée ?

Au lit, l’autre est-il un compagnon ou une nuisance ? Les études et les avis se téléscopent, tandis que ce qui semble vraiment importer, c’est «ce qui vous rend heureux ».

Dans Eternal Sunshine, partager le même lit ne signifie pas forcément être heureux.
Dans Eternal Sunshine, partager le même lit ne signifie pas forcément être heureux. ©AP2004

L'amour, c'est regarder dans la même direction, mais aussi se réveiller tous les jours aux côtés de l'autre, qu'on le veuille ou non… Du moins, c'est dont se persuadent nombre de couples partageant nuit après nuit le même lit, malgré les insomnies de l'un et les ronflements de l'autre : dormir ensemble est une évidence qu'on remet rarement en question. Pourtant, une tendance émergerait depuis plusieurs années parmi les couples américains : près d'un sur quatre préférerait faire chambre à part, pour le bien de leur sommeil, révèle une étude parue en 2005 et relayée par le Guardian.

Plus qu'une habitude de personnes âgées, dormir séparément aurait une influence positive sur le sommeil des amoureux, et donc sur leur santé physique, mentale et émotionnelle, explique le Dr. Neil Stanley, spécialiste anglais du repos et partisan du lit simple. C'est qu'on lie de mauvaises nuits à davantage de risques de dépression, de maladies cardiaques, de troubles respiratoires, d'accidents de la route et du travail, selon le médecin et la BBC. Et puisque selon une étude, dormir ensemble augmente de 50% les perturbations du sommeil, faire chambre à part préviendrait logiquement tous ces problèmes.

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L'argument ultime du Dr. Neil Stanley pour les dormeurs transis ? Un mauvais sommeil, induit notamment par une couche partagée, pourrait mener… au divorce. Une étude de l'Université de Berkeley vient appuyer sa conclusion : un manque de sommeil a tendance à diminuer les sentiments positifs que l'on ressent pour son partenaire. Les chercheurs ont en effet découvert que les mauvais dormeurs montraient moins de gratitude envers leur conjoint et étaient plus prompts à l'égoïsme. Ils ont également tendance à déprécier davantage la personne avec qui ils partagent leur vie – et leur lit.

Dormir ensemble, par économie ou par amour ?

Presque convaincus, c'est à se demander pourquoi les couples se sont mis à ronfler de concert en premier lieu. En effet, l'histoire montre qu'il s'agit d'une pratique héritée de la révolution industrielle. Dans la Rome ancienne, par exemple, le lit était le théâtre des ébats, pas des insomnies communes, raconte The Atlantic. Ce n'est que lorsque les familles ont migré vers des villes plus peuplées qu'il a fallu prendre moins de place, et donc partager sa couche. Dans les familles les plus pauvres, dormir ensemble était également une question d'économie et de chaleur : le lit étant l'un des objets les plus coûteux, et il n'était pas rare que toute la famille le partage, quand la basse-cour elle-même n'investissait pas la chambre à coucher, pour réchauffer la pièce.

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Mais selon The Atlantic, il existe également des raisons plus obscures pour lesquelles les êtres humains apprécient dormir côte à côte : la peur du noir, ou plus spécifiquement de la nuit, un moment où l'on est particulièrement vulnérable. Avoir un partenaire de lit, c'était auparavant s'assurer une meilleure protection contre les voleurs – et les fantômes.

Aujourd’hui, si dormir ensemble, c’est toujours s’assurer de partager la nuit, c’est surtout parce qu’elle implique une intimité naturelle. Les confessions se font mieux en pyjama, et les ébats sont infiniment plus confortables sous la couette. Dès lors, avouer que l’on fait chambre à part, c’est risquer de passer pour un couple qui va mal, notamment parce que sa vie sexuelle est en déclin. Et si certains couples s’accomodent très bien de moins de galipettes, la tendance générale est à penser qu’une vie sexuelle épanouie influence directement nos relations sentimentales.

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Alors, entre l'affection que l'on se porte et la qualité de son sommeil, et donc de sa santé, que choisir ? «Il s'agit de ce qui vous rend heureux, propose le Dr. Neil Stanley. Si vous partagez le même lit et dormez tous les deux parfaitement bien, ne changez rien, mais ne soyez pas effrayés de faire les choses différemment».

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