Naomi Parker, la véritable "Rosie the riveter", est décédée

Naomi Parker, l’Américaine qui avait inspiré un célèbre dessin féministe, est décédée. Elle avait 96 ans.

La Rédaction
Kahina Sekkai
Le fameux poster inspiré par Naomi Parker.
Le fameux poster inspiré par Naomi Parker.

Naomi Parker, l’Américaine qui avait inspiré un célèbre dessin féministe, est décédée. Elle avait 96 ans.

Concentrée sur son travail, penchée sur une machine, Naomi Parker ne pensait pas que cette photo inspirerait une illustration féministe connue à travers le monde. L’Américaine, décédée samedi à l’âge de 96 ans, avait prêté sans le savoir ses traits à « Rosie la riveteuse », célèbre dessin montrant une travailleuse en bleu de travail, le bras dressé et le poing serré, un fichu rouge à pois blancs sur la tête clamant « Nous pouvons le faire! » Le but de cette image: doper le moral des travailleuses des usines de la Westinghouse Electric Corporation, qui faisait face à de nombreuses grèves et l’absentéisme des employés.

Les photos dont s'était vraisemblablement inspiré le dessinateur J. Howard Miller avaient été prises en 1942 sur la base navale d'Alameda, en Californie, où travaillait la jeune femme. Le bandana sur sa tête n'était pas qu'un accessoire de mode: c'était indispensable pour protéger ses cheveux des rouages des machines, rappelle le New York Times.

«Presque tout ce que nous pensions savoir de Rosie la riveteuse était faux»

Naomi Parker, issue d'une famille nombreuse de l'Oklahoma, avait commencé à travailler à l'usine en Californie après l'attaque japonaise sur Pearl Harbor. Elle y avait trouvé un emploi au côté de sa sœur cadette Ada, travaillant à la chaîne pour contribuer à l'effort de guerre. Mais une fois le conflit fini, elle est devenue serveuse, toujours en Californie, où elle s'est mariée à trois reprises et a eu un fils, trois petits-enfants et trois arrière-petits-enfants. Mais elle n'avait été reconnue comme l'inspiration de l'artiste que sur le tard, grâce à la persévérance de James K. Kimble, un chercheur qui a mis six ans à remonter la trace de Naomi Parker. « Au final, presque tout ce que nous pensions savoir de Rosie la riveteuse était faux. Faux, faux, faux, faux », avait-il déclaré en 2016, après avoir retrouvé la nonagénaire. Pendant des années, personne n'avait remis en doute le témoignage de Geraldine Hoff Doyle, une ouvrière du Michigan, qui pensait sincèrement être la véritable Rosie.

©AFP PHOTO – Geraldine Doyle.
AFP PHOTO – Geraldine Doyle.

En 2011, ne sachant pas qu'un chercheur tentait de découvrir l'identité de la véritable Rosie, la retraitée s'était retrouvée face à l'illustration et y avait trouvé une ressemblance avec elle-même. Quatre ans plus tard, James Kimble l'a retrouvée grâce à la légende de l'image de 1942: « La jolie Naomi Parker est aussi agréable à regarder que les heures sup' sur la fiche de paie. Et elle est un bon exemple du vieil adage qui dit que le glamour vient de ce qu'il y a autour des vêtements, pas des vêtements eux-mêmes. Les frous-frous de la mode d'avant-guerre sème la discorde avec les vêtements pour femmes en temps de guerre. Naomi porte des chaussures imposantes, un costume noir et un turban pour protéger ses cheveux du danger (on parle de la machine, beta) ».

Une photo publiée dans la presse locale

Si J. Howard Miller n'a jamais évoqué ce qui lui avait inspiré Rosie la riveteuse, le timing ne laisse pas de doute pour le chercheur: « L'affiche apparaît dans les usines de Westinghouse en février 1943. Ils les ont créées plusieurs semaines, voire plusieurs mois, en avance. Donc j'imagine que Miller a travaillé à l'été et l'automne 1942 ». Et la photo de Naomi Parker avait été publiée dans la Pittsburgh Press, un journal de la ville où vivait le dessinateur, le 5 juillet 1942. « Miller a donc très bien pu la voir », avait raconté le Dr Kimble au New York Times.

En 2016, interrogée par le magazine People, Naomi Parker avait repris la pose dans un bleu de travail et un bandana rouge et blanc. « Les femmes de ce pays ont besoin d'icônes en ce moment. Si elles pensent que j'en suis une, cela me rend heureuse », avait-elle simplement déclaré.

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