Le petit détail (qui veut dire beaucoup) de la couverture du Time

Sur sa couverture parue ce mercredi 6 décembre, le Time a volontairement coupé l’une de ses figurantes. Un détail que beaucoup n’avaient pas remarqué…

Non, nous non plus on ne l'avait pas vu.
Non, nous non plus on ne l'avait pas vu.

Pour sa une, le magazine – qui vient de désigner les «Silence Breakers» comme «personnalité de l'année» – a fait le choix de cinq visages. Tous féminins et dont l'expression rappelle toutes celles et ceux qui ont«brisé le silence»au sujet du harcèlement et des violences sexuelles. Mais pour illustrer ce qui fait le symbole de 2017, l'hebdomadaire américain a également choisi d'y glisser… un bras.

Cherchez l’intrus

Caché en bas à droite de la photo, l’élément passé pour beaucoup inaperçu a néanmoins attisé la curiosité des internautes les plus attentifs. Si aux yeux de certains, ce choix de mise en page est apparu «injuste», il n’est pourtant pas le fruit du hasard.

Lire aussi >Après Donald Trump, au tour des femmes harcelées d’être élues «personnalité de l’année» par Time magazine

Visages connus et anonymes

Afin demettre en lumière celles qui ont osé témoigner contre le magnat d'Hollywood accusé de viol et harcèlement sexuel, le Time a directement fait appel à elles. Certaines sont connues, d'autres sont anonymes. Ensemble, elles incarnent la libération de la parole. Parmi ces visages, celui del'actrice Ashley Judd, considérée comme étant «la première star»à témoigner avant que des centaines d'autres femmes témoignent contre Harvey Weinstein, entraînant la chute decelle de dizaines d'autres hommes. À ses côtés, la chanteuse Taylor Swift a également pris la pose, quelques temps après avoir remporté son procès intenté contre le DJ David Mueller, accusé d'attouchement.

Lire aussi >Taylor Swift gagne son procès contre le DJ qu’elle accusait d’agression sexuelle

En couverture, on retrouve également une ex-employée d'Uber, Susan Fowler, dénonciatrice d'abus sexuels au sein de l'entreprise.Adama Iwu, une lobbyiste et auteure d'une lettre ouverte dénonçant l'omniprésence du harcèlement et des violences sexuelles sur la scène politique californienne. Ainsi queIsabel Pascual*, une employée agricole originaire du Mexique qui aparticipé en novembre dernier à une marche de soutien aux victimes de harcèlement dans les rues d'Hollywood, en compagnie de centaines d'autres ouvrières agricoles de Californie.

Harcèlement sous silence

Enfin, reste ce mystérieux coude. C'est celui d'une femme, volontairement restée dans l'obscurité. Interviewé par le Today Show sur NBC, l'éditeur en chef du magazine explique :«L'image que vous voyez partiellement sur la couverture est celle d'une femme à qui nous avons parlé», ajoutant qu'il s'agit d'une jeune employée d'un hôpital du Texas qui a préféré se présenter anonymement, par crainte de menacer son gagne-pain.«Elle est également victime d'agression sexuelle, mais est venue anonymementà la séance photoen signe de solidarité, pour représenter tous ceux qui ne peuvent pas parler», a écrit le magazine.

Lire aussi >#MeToo : Agressions sexuelles partout, justice nulle part?

Loin d’être une erreur au montage, ce «bras coupé» représente ainsi les millions de personnes qui subissent le harcèlement sexuel en silence. Comme toutes celles et ceux qui ne peuvent pas le dénoncer publiquement, par peur de représailles, de perte d’emploi, de rejet familial ou toute autre raison. Ce petit bras de femme porte donc un symbole fort et rend hommage à toutes celles qui anonymement mais courageusement ont osé briser le silence et témoigner de leurs expériences de harcèlement ces derniers mois.

(*) Nom d’emprunt

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...