Attention, enfants sous l'emprise des écrans

On croyait calmer nos petits avec les distractions sur écrans, on s’extasie de les voir manipuler les touches avec une dextérité naturelle. Il faut déchanter. Non, les écrans ne stimulent pas leur développement. Ils entravent leur épanouissement social, affectif et intellectuel. C’est la conclusion des médecins qui voient affluer dans leurs cabinets de nouvelles pathologies. Et des parents désespérés. Ils donnent l’alerte. Pas d’écran avant 3 ans. Et encore.

La Rédaction
Anne-Sophie Lechevallier
De plus en plus d'enfants consultent pour des troubles de l'attention.
De plus en plus d'enfants consultent pour des troubles de l'attention. © Alex Baillaud/IP3

La dépendance aux écrans fait des ravages chez les enfants. Les médecins ont beau le répéter : pas d’écran avant 3 ans. Et encore.

On croyait calmer nos petits avec les distractions sur écrans, on s’extasie de les voir manipuler les touches avec une dextérité naturelle. Il faut déchanter. Non, les écrans ne stimulent pas leur développement. Ils entravent leur épanouissement social, affectif et intellectuel. C’est la conclusion des médecins qui voient affluer dans leurs cabinets de nouvelles pathologies. Et des parents désespérés. Ils donnent l’alerte.

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Assim* a 2 ans. Il hurle en se prenant la tête dans les mains. Quand il saisit un livre, il le feuillette frénétiquement de la main droite, la tête tournée sur la gauche. Il pleure beaucoup. Il ne réussit pas à encastrer des objets et ne comprend pas les consignes simples comme « donne », ou plus complexes, « donne à papa ». Seuls les clips musicaux l'apaisent. À la maison, l'ambiance devient invivable. Sa maman, Carole, raconte : « On ne pouvait pas faire les courses avec lui, ni aller au restaurant. Partout les gens me disaient qu'il était mal élevé et au début le regard des autres m'importait. Avec mon mari, on s'est dit : 'On ne va quand même pas rester enfermé'  ».

Nassim a un frère jumeau, Ali. À la maternité, c'est Ali qui retenait l'attention. Le nourrisson, qui ne pesait que 1,470kilo à la naissance, est resté hospitalisé plus longtemps que Nassim, 1,9 kilo. « J'ai sans doute surprotégé Ali, en lui parlant beaucoup, en interagissant plus avec lui qu'avec son frère », dit aujourd'hui Carole. Les jumeaux grandissent et rapidement leurs parents remarquent que Nassim accuse un retard sur son frère, qu'il ne parle pas, communique peu. Ses crises à répétition les décident à consulter une psychologue clinicienne et thérapeute familiale, Sabine Duflo, à Noisy-le-Grand, en France. Une psychomotricienne et une orthophoniste le prendront également en charge. À l'école, Nassim, qui met du temps à devenir propre, est accompagné par une auxiliaire de vie scolaire (AVS), un dossier ayant été déposé à la maison départementale des personnes handicapées. Ses bilans neuro-développementaux n'indiquent aucun retard, mais les troubles du comportement persistent.

Flickr/Marcus Kwan
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Quand ils regardent la télé pendant les repas, ils ne voient pas ce qu'ils mangent.

À la maison, à l'heure du petit déjeuner, Nassim et Ali regardent des dessins animés entre 7 h 30 et 7 h 55. Au restaurant, ils utilisent les Smartphone. Le soir, c'est télé en continu. « Je la mettais en fond sonore, pour avoir un bruit, dit Carole. Quand ils regardaient pendant les repas, ils ne faisaient pas attention à ce qu'ils mangeaient ». Quand Sabine Duflo conseille de limiter l'exposition aux écrans, le comportement de Nassim s'améliore. Peu à peu, il prend confiance en lui, commence à utiliser normalement les jouets, même si ne pas décrocher d'un jeu reste difficile. Aujourd'hui, il entre en CP, toujours aidé par une AVS. Dans le cabinet de sa psychologue, ce matin d'août, il joue avec son frère au Cochon qui rit. Et quand on lui demande pourquoi il est là, il répond : « Je ne sais plus trop quel problème j'avais ».

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Des enfants hyperactifs et incontrôlables

Ryan et Enzo connaissent aussi par cœur le chemin du centre médico-psychologique de Noisy-le-Grand, rattaché à l'établissement public de santé de Ville-Evrard. Ils ont 10 et 6 ans. Leur mère, Sandra, est auxiliaire de puériculture, leur père, artisan. L'aîné, Ryan, se met à marcher à 10 mois, et c'est alors que sa mère détecte son hyperactivité. « Il a usé quatre assistantes maternelles qui ne voulaient plus le garder tellement il faisait de bêtises. En CP, nous avons refusé la proposition d'un neuropsychologue de le mettre sous traitement. Il a su rapidement lire, mais apprendre à écrire a été compliqué. Il se renfermait, jouait tout seul, devenait somnambule ».

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Je pense que vos enfants sont trop devant les écrans.

Pendant ce temps, son petit frère, Enzo, sème la même zizanie, épuisant les assistantes maternelles les unes après les autres. « Enzo était très speed, multipliait les bêtises et n'écoutait personne. Il n'arrivait pas à se poser à table, à rester sur une activité. Ensuite, à l'école, ce fut la catastrophe. Très violent, il tapait, ne réussissait pas à gérer les frustrations, lançait les objets, défiait les adultes en permanence. On ne pouvait plus confier nos enfants à personne, ils étaient devenus imbuvables. Nous avions atteint un point de non-retour. Je n'en pouvais plus, j'ai été arrêtée pour dépression ».

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DPA
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La télévision, un bruit de fond

Sandra se souvient de ce jour de 2016 quand la psychologue lui a dit : « Je pense que vos enfants sont trop devant les écrans ». Chez eux aussi, la télé du salon est allumée machinalement dès qu'on rentre à la maison. Un bruit de fond qui fait partie des meubles. Il y a deux autres postes, dans la chambre des parents et dans celle des enfants.

Le matin, à 6 h 30, Ryan et Enzo commencent leur journée devant un dessin animé, pendant que leurs parents dorment encore. Et dans tous les moments d'attente, ils se disputent le portable de leur mère. Ils ont chacun une console de jeux. Sandra se souvient des crises de Ryan quand il perdait : « Il jetait les télécommandes, pleurait à se rendre les lèvres bleues ». Des huit assistantes maternelles qu'Enzo et Ryan ont connues, une seule gardait la télé éteinte dans la pièce de vie.

Désintoxication

Le sevrage fut une épreuve. « J'ai essayé de réduire le temps devant les dessins animés ; j'ai arrêté la télé pendant les repas, rangé les consoles au fond du placard. Ils n'ont le droit qu'à deux heures de télé le week-end. Cela a été difficile, même pour nous. Nous avons eu du mal. Les enfants ne comprenaient pas pourquoi nous le faisions. À la maison, c'était la guerre. Les résultats ne sont pas arrivés tout de suite. Ryan s'est ennuyé : il ne savait pas quoi faire. Puis, à l'école, il a réussi à se concentrer davantage. Il s'est mis à lire, à se passionner pour la mythologie. Enzo est devenu moins violent, moins insolent, il nous écoute davantage. Au centre de loisirs, on nous a même demandé si nous l'avions mis sous traitement ! C'était bizarre pour nous aussi, nous pouvions plus échanger avec mon mari. Quand on a vu tous ces changements, nous avons décidé qu'il fallait continuer. Au moindre relâchement, ça repartait en vrille. Cet été, pendant les vacances, pour la première fois, nous avons pu passer plus d'une heure au marché.

De plus en plus d’enfants consultent pour des troubles de l’attention

Avant, il fallait se dépêcher parce qu'ils devenaient insupportables si nous ne faisions pas ce qu'ils voulaient ». Jamais Sandra n'aurait pensé que cette surexposition pouvait nuire à ses enfants : « J'avais vu la campagne déconseillant les écrans aux moins de 3 ans, mais nous en avions quand nous étions gamins sans avoir connu de problèmes… Nous, nous regardions les Bisounours ; eux se retrouvent aujourd'hui devant des dessins animés plus violents, et avec des gros mots ». Elle raconte aussi la difficulté à faire comprendre aux grands-parents, aux amis qu'il peut exister un lien entre les écrans et le comportement de ses enfants. Néanmoins, Sandra sait que tout n'est pas réglé, qu'Enzo n'écoute toujours aucune consigne à l'école.

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Comme Enzo, Ryan et Nassim, de plus en plus d'enfants consultent pour des troubles de l'attention. Sabine Duflo et ses collègues découvrent dans leurs cabinets des comportements nouveaux qui les interpellent. « Certains imitent la voix synthétique de la tablette et disent mécaniquement 'Bra-vo. Au-revoir-tout-le-monde'. Ceux qui sont uniquement stimulés par les machines ne développent pas de langage mais des automatismes de langage. Leur apprentissage des mots est robotisé, ils ne disent ni 'maman' ni 'papa', ne savent pas dire 'j'ai mal', mais peuvent nommer les couleurs et les chiffres en anglais ».

Carole Vanhoutte, orthophoniste, fait les mêmes observations dans son cabinet de Villejuif, en région parisienne. « Je reçois de plus en plus d'enfants très jeunes. Leurs mots ne sont pas bien organisés, ils n'ont presque pas de vocabulaire, n'articulent pas bien, ont des troubles de la compréhension. En leur demandant de me décrire une journée type, je me suis rendue compte qu'ils prenaient des 'bains d'écrans"'de plusieurs heures par jour. J'ai connu Paul à 3 ans. Il établissait rarement un contact visuel, parlait très peu. La mélodie de ses sons, sa façon de placer les accents toniques, n'étaient pas celles du français mais de l'anglais. Alors que sa famille n'était pas anglophone. J'ai compris qu'il regardait des vidéos sur une tablette dans cette langue. Les parents se reposent sur ces applications présentées comme éducatives et ne vont plus chercher les ressources en eux ».

«Des colères violentes pour des détails«

À Montpellier, en cabinet et à l’Itep Bourneville, le Dr Lise Barthelemy, pédopsychiatre depuis quinze ans, a mis du temps à faire le rapprochement entre les troubles de ses jeunes patients et les écrans. Depuis cinq ou six ans, elle constate une nette augmentation du nombre d’enfants que les écoles et les pédiatres lui adressent pour troubles déficitaires de l’attention. Ils manifestent des difficultés attentionnelles, des troubles du comportement, de l’endormissement, une hypersensibilité. Elle s’est demandée ce qui avait tant changé dans leur environnement et leur mode de vie.

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Elle a d'abord pensé à l'alimentation, aux sursollicitations des enfants qui, parfois, commencent des activités dès 6 mois. Et puis, en observant sa salle d'attente, les comportements dans la rue, en écoutant les parents, « je me suis rendue compte que le téléphone prend de plus en plus de place, que les enfants attendent en jouant, dit-elle. Ils explosent dans des colères violentes pour des détails. Les parents se trouvent démunis. Dès que je constate une irritabilité importante et un trouble oppositionnel, je pose la question des écrans. Je dis aux parents que s'ils ne peuvent pas respecter mon indication, le travail que je ferai avec eux risque d'être inefficace. La surexposition fait écran au réel problème. Il faut l'éliminer pour comprendre qui nous avons en face de nous et d'où viennent les troubles ».

«Le poste était devenu sa baby-sitter »

Ce jeudi, veille de sa rentrée en sixième, c'est Ava, 10 ans, qui arrive au cabinet du Dr Barthelemy. Elle a consulté pour la première fois à l'âge de 5 ans, quand elle multipliait les épisodes de somnambulisme et les terreurs nocturnes. Plus tard se sont ajoutés des problèmes de concentration et de compréhension, de l'opposition, des troubles de l'anxiété, une hypersensibilité. Le matin, Ava se levait à 6 h 45 et regardait des dessins animés pendant le petit déjeuner. Le soir, rentrée de l'école, elle restait durant une heure et demie devant la télé. Après une énième dispute sur le choix du programme à regarder entre Ava et sa grande sœur de 16ans, leur mère décide de les priver de télé. Pour un temps. Quelques semaines plus tard, Ava, lassée d'attendre le retour de ses parents du travail, reste seule devant la télé. « Le poste était devenu sa baby-sitter », se rend compte sa maman. Le médecin lui conseille alors d'arrêter complètement les écrans les jours d'école et de limiter leur usage le week-end.

Flickr/Marcus Kwan
Flickr/Marcus Kwan
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Nous somme sortis d'un esclavage.

La première semaine, le petit dernier, 7 ans, râle. Mais l'effet est immédiat. « Les enfants ont dormi trois quarts d'heure de plus le matin. Cela peut sembler absurde, mais on les levait presque pour regarder la télé, pensant qu'ils avaient besoin de se réveiller lentement. Je ne sais pas d'où cette habitude nous vient. Nous sommes désormais moins pressés. Le stress et les cris ont presque disparu le matin. Nous n'avons plus à batailler pour qu'ils décollent du canapé. C'est comme sortir d'un esclavage », explique la mère. Ava redécouvre ses jouets, dessine, va voir les lapins et les tortues dans le jardin. Le week-end, elle choisit avec soin les programmes qu'elle regarde : des documentaires sur les chevaux.

Le Dr Lise Barthelemy explique : « Dès que les parents posent des limites, l'enfant réinvente son utilisation de la télé, réfléchit au programme, ce n'est plus le poste qui tient compagnie. Dans le cas d'Ava, tout s'est débloqué, elle va beaucoup mieux. Elle ne souffrait pas d'une pathologie de fond ». Chez elle, la télé est cassée depuis un mois et personne n'a l'intention de la remplacer. Mais, pour l'entrée en sixième, elle vient de recevoir un téléphone portable…

L’attitude des parents

Les effets de cette surexposition aux écrans ne sont pas encore tous connus. Mais les spécialistes s'accordent sur leur nocivité pour les moins de 3ans. « La télé crée une bulle sonore, mais aussi de lumière, même quand on ne la regarde pas. Elle diminue les interactions entre parents et enfants. Pendant la petite enfance, l'enfant doit acquérir l'attention conjointe pour pouvoir communiquer normalement et partager des émotions », explique Sabine Duflo.

La pédopsychiatre Lise Barthelemy abonde dans son sens : « Le temps d'écran est volé sur le temps d'interaction et d'exploration, essentiel pour que l'enfant se développe ». Ces mille découvertes que les petits font en jouant, en laissant tomber des objets, en les mettant à la bouche, en les manipulant. Carole Vanhoutte complète : « L'hypostimulation n'est pas nouvelle. Mais elle était amoindrie quand les enfants allaient jouer dehors avec d'autres. Être scotché devant une application les isole ». Alors que les enfants en bas âge se construisent en imitant les autres, l'attitude des parents joue aussi un rôle primordial.

La télévision n’est pas un échange social

Une étude menée au Québec par Linda Pagani cerne les conséquences d'une exposition précoce à la télévision. Cette professeure de l'université de Montréal et chercheuse au centre de recherche du CHU Sainte-Justine, suit plus de 1 000 garçons et filles nés en 1997 et en 1998. Ses résultats : une exposition élevée à l'âge de 29 mois entraîne ensuite un moindre engagement en classe et des niveaux inférieurs de réussite en mathématiques. Elle explique aussi qu'il est « plus que plausible que ces jeunes années soient cruciales pour le comportement futur vis-à-vis du grignotage. Rester les mains libres et inactif devant un écran où défilent des publicités pour ce genre de nourriture aurait un impact ».

À 12 ans, chaque heure de télé à 29 mois est corrélée à une augmentation de 11 % du risque d'intimidation par les camarades. La probabilité de développer dépression ou manque d'estime de soi à l'âge adulte est accrue. « Les parents doivent réaliser que la télévision n'est pas un meuble qui parle ; il n'a pas une conversation avec leur enfant. Un échange social doit se faire pour que l'enfant se développe », insiste-t-elle.

Risque accru de développer dépression ou manque d’estime de soi à l’âge adulte

Sabine Duflo, Carole Vanhoutte et Lise Barthelemy, membres du Cose (Collectif surexposition écrans), réclament des pouvoirs publics des campagnes de prévention et des études indépendantes sur les effets de la multiplication des écrans. Là où la communauté scientifique se divise, c'est sur la façon de nommer ces troubles. Sabine Duflo explique : « Un enfant stimulé uniquement par les écrans depuis sa naissance a de grands risques de présenter des troubles graves qui ressemblent à ceux du spectre autistique. Mais la remise en route de son développement, que l'on observe quand on supprime les écrans avant 3 ans, est un signe qu'il n'est pas autiste. J'appelle cela de l'autisme virtuel. La surexposition aux écrans peut entraver fortement son développement ».

L'emploi des termes « troubles du spectre autistique » (TSA), même si l'on adjoint l'adjectif « virtuel », fait bondir certains spécialistes. Le Pr Bernard Golse, chef du service de pédopsychiatrie de l'hôpital Necker-Enfants malades et psychanalyste, explique : « L'autisme pur reste une maladie rare. L'écran n'en a jamais créé. En revanche, laisser un enfant seul devant un écran est une mauvaise chose, cela peut le couper des autres et le mettre en difficulté dans son développement. Ces objets sont des inventions formidables à condition de partager ces moments, et qu'ils ne viennent pas remplacer une relation ».

De son côté, Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie, a lancé il y a dix ans une campagne « 3-6-9-12 » pour aider les parents à introduire les écrans. Sur son site Internet, il pointe « les situations extrêmes » que décrit le DrAnne-LiseDucanda, médecin de PMI et aussi membre du Cose. « Sa référence à l'autisme donne à son alerte un impact émotionnel considérable… » Mais n'est-ce pas là un moyen, certes discutable, d'éveiller la conscience de tous les parents ?

* Les prénoms ont été modifiés.

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