Consommer un peu d'alcool pendant la grossesse, est-ce (vraiment) risqué ?
Voir une femme enceinte boire un verre de vin blanc entre amis, pour la majorité des personnes, c’est choquant. Mais le bébé est-il vraiment en danger ?
- Publié le 17-09-2017 à 14h20
- Mis à jour le 18-09-2017 à 17h35
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Le jugement des gens a pris le dessus sur les études à ce sujet. Une femme enceinte avec un verre d’alcool en main ? C’est irresponsable et scandaleux ! Les campagnes de prévention vont dans le même sens : elles culpabilisent les femmes. Celle de Santé Publique France fait en tout cas réagir.
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«Vous buvez un peu, il boit beaucoup. L'alcool bu par la mère passe dans le sang du bébé et peut entraîner des risques très importants pour sa santé », est-il écrit sur ces affiches avec un fœtus baignant dans du vin ou de la bière. Rue89 n'a pas apprécié cette campagne «Zéro Alcool pendant la grossesse» qui, selon le site, décide de «terroriser les femmes plutôt que de les informer ».
Manque d’information
En Belgique, le message des autorités sanitaires est le même. Que doit alors penser une femme qui a bu au début de sa grossesse, sans savoir qu'elle était enceinte ? «Quand est-ce qu'on nous donne des infos ? Là, dans cet article, on me dit juste : 'Tu as bu, tu es enceinte d'un attardé. Tant pis pour toi'. Ça sert à quoi de faire ça ? », se demande Pauline, dans le Parisien.
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Au lieu d'être constructives, ces campagnes sont alarmantes. Les dangers pour le fœtus sont pourtant réels. Soumis à l'alcool, il peut développer un retard de croissance et de développement, de troubles neurologiques, des malformations… Mais «cette toxicité dépend de la quantité d'alcool consommée par la mère et de la période à laquelle le fœtus y est exposé », explique l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
À petite dose
Une étude épidémiologique datant de 1984 a montré une réduction du poids moyen de naissance et une réduction de la croissance. «Et ce, à partir d'un verre par jour », précise Agnès Dumas à Rue89. Cettesocio-démographe a réalisé sa thèse sur le sujet.
Mais qu’en est-il des plus faibles consommations ? Dans une étude menée sur 11 513 enfants et rapportée par le site français, Yvonne Kelly, chercheuse à l’Université de Londres, n’a constaté aucun trouble du comportement ou de déficits cognitifs chez les enfants âgés de 5 ans dont les mères avaient bu un à deux verres par semaine ou par occasion pendant leur grossesse. Mais toutes les études ne vont pas dans ce sens. Certaines affirment qu’il existe des dangers pour le fœtus.
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Imprécision féminine
Si les études ne concordent pas, cela vient aussi de leur fondement. «Le problème, ici, est la mesure de l'exposition, qui est forcément basée sur la déclaration des femmes, explique Agnès Dumas. Les femmes déclarent ce qu'elles boivent, le plus souvent de manière rétrospective, souvent au moment de la naissance, avec un biais de mémorisation ou de sous-déclaration ». Ces déclarations imprécises faussent alors les résultats.
Mieux vaut prévenir que guérir
Sans preuve que la très faible consommation d’alcool est risquée ou non, il est tout à fait normal que les campagnes de prévention préfèrent conseiller l’abstinence totale. Mais au lieu de culpabiliser, celles-ci devraient également informer les femmes enceintes sur l’absence de résultats. Mieux vaut informer qu’interdire.
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