Les Texanes devront désormais prendre une "assurance viol" pour couvrir leurs avortements

Le Texas vient de signer une loi ne permettant plus aux femmes d’être couvertes par leur assurance santé en cas d’avortement.

Elisabeth Debourse
Le gouverneur du Texas Greg Abbott, John Smithee de la Chambre des représentants texane le sénateur Brandon Creighton
Le gouverneur du Texas Greg Abbott, John Smithee de la Chambre des représentants texane le sénateur Brandon Creighton

Ce sont trois hommes qui posent fièrement derrière le texte fraichement signé : le gouverneur du Texas Greg Abbott, John Smithee de la Chambre des représentants texanele sénateur Brandon Creightonviennent d’officialiser la loi HB214. Pour leurs opposants démocrates, elle porte un autre nom : la loi de «l’assurance viol ». La HB214 supprime désormais la possibilité d’être prise en charge par une assurance maladie publique ou privée lorsqu’on est une femme qui souhaite avorter, au Texas. Elle oblige ainsi celles-ci à souscrire à une assurance indépendante pour être couverte, même en cas de viol ou de problème léger ou majeur avec le fœutus – et a fortiori, d’anticiper que cela pourrait arriver. Et ce, alors même qu’aucune assurance de ce type n’existe encore dans l’État américain.

Une «liberté économique» qui condamne

«En tant que grand croyant en les valeurs du Texas, je suis fier de signer le texte qui assure qu'aucun Texan ne devra jamais payer une procédure qui met fin à la vie d'un enfant non-né»,adéclaré l'un des officiels républicains. C'est que derrière la loi, c'est tout un certain discours que les hommes ont réussi à imposer : les Texans «anti-choix »n'ont pas à contribuer financièrement à la solidarité qui permet aux femmes d'avorter dans des conditions exemptes de tracasseries économiques. Quant à ceux qui souhaitent les supporter, aucune solution ne s'offre à eux via l'État, alors même que le taux de mortalité maternelle du Texas est le plus important de tout le monde développé, explique Broadly.

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Le Dr.Sealy Massingill, chef du corps médical du planning familial texan se lamente : «la législation a décidé qu'il n'y aurait pas d'exceptions pour les conditions fœtales horribles», rapporte le magazine en ligne. «[Pour] les femmes qui ont ces problèmes et doivent avorter à l'hôpital (…) ces interdictions leur rendent difficile l'accès aux soins de santés. Restreindre encore davantage des femmes qui sont déjà dans des situations douloureuses et difficiles leur donne une raison de plus d'être stressées… C'est inconscient». Ainsi désormais, seule une femme en danger de mort pourra être prise en charge par son assurance.

©EPA/MICHAEL REYNOLDS – Aux États-Unis, le lobby des anti-avortements est particulièrement virulent et important.
EPA/MICHAEL REYNOLDS – Aux États-Unis, le lobby des anti-avortements est particulièrement virulent et important.

Le Texas n'est pas le seul État américain à accorder aux assurances publiques de ne pas devoir couvrir les frais liées aux avortements : selon Slate, c'est le cas dans la moitié des États-Unis, où un avortement coûte entre 300 et plusieurs milliers de dollars.

Un stigmate important

CNN dévoile que HB214 est accompagnée d'une autre loi : la HB13, qui oblige désormais les médecins pratiquant des avortements à signaler ceux-ci. En pratique, chacun des praticiens devra désormais produire un rapport qui contient des informations sur la patiente, dont sa «race» et son statut marital. «Une certaine façon de ficher les personnes ayant avorté», déplore Konbini, alors que l'avortement reste aux États-Unis une honte pour beaucoup de femmes.

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Bien souvent, celles-ci ne font même pas appel aux assurances pour couvrir l'intervention : soit parce qu'elles ne couvrent pas un avortement, soit parce qu'elles ne savaient pas qu'il était supporté, mais aussi tout simplementparce qu'elles ne souhaitaient pas le signaler. «Il y a des problèmes de stigmates (…) qui empêchent les femmes d'utiliser leur assurance», assure à Broadly Daniel Grossman, un médecin californien et chercheur auprès du système d'évaluation des politiques texanes.

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