"La charge mentale" ou le syndrome des femmes épuisées de penser à tout, tout le temps

Dans sa bande dessinée «Fallait demander», la blogueuse féministe et militante Emma a mis des mots et des images sur ce que beaucoup de femmes ressentent au quotidien: lacharge mentale.

Noémie Schetrit
Extrait de la BD "Fallait demander"
Extrait de la BD "Fallait demander"

La «charge mentale», c’est le fait de devoir penser quotidiennement et constamment à tout, quand on est une femme. En plus de travailler, de s’occuper des enfants, la femme s’occupe aussi des tâches ménagères. Bref, elle organise, planifie et fait (quasi) tout dans le foyer familial. Et c’est fatiguant. Forcément. Et quand la femme reproche à son compagnon son manque de soutien et d’aide, elle reçoitbien souvent comme réponse ces deux fameux mots «fallait demander». Pourtant, les femmes le font sans qu’on le leur demande justement. Une sorte de sexisme inconscient de la part des hommes?

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Vous pouvez retrouverla suite de la bande dessinée ici

Un syndrome invisible mais bien existant

En France, une étude de l'Insee publiée en 2017 montre que parmi les ménages avec au moins un enfant, les femmesconsacrenten moyenne3heures 13minutes aux tâches ménagères, contre 1heure et 12 minutespour les hommes. Parmi les ménages avec au moins un enfant mineur, les «femmes passent en moyenne1heure34minutes quotidiennement à s'occuper des enfants (contre43minutes pour les hommes)». Et lorsque les femmes travaillent à temps plein, les mères consacrent en moyenne deux heures de plus que les pèreaux activités domestiques et parentales. Une inégalité qui subsite au fil des années. Des tâches souvent non partagées de manière équitable ou partagées de manière sexiste : les femmes à la lessive et les hommes au bricolage.

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Pour la psychothérapeute et coachVivane Blasband, cela fait des années qu'elle reçoit des femmes qui souffrent de ce mal invisible puisque psychique, et qui n'arrivaient pas encore à mettre de mots sur leur souffrance jusqu'à présent.Le terme de «charge mentale» a été évoqué pour la première fois dans les années1990 par la sociologue Danièle Kergoat, spécialiste de la division sexuelle du travail,pour qui les infirmières, dont leur travail domestique et parental était considéré comme «normal»en plus de la non-reconnaissance de leur travail rémunéré. La charge mentale est un syndrome qui est bien souvent cause de stress, d'anxiété voire de dépression, et est un sujet de dispute au sein du couple et menant même parfois à la rupture. «C'est en partie parce que nous avons infantilisé les hommes. La femme fait comme si elle voulait éduquer son mari : tu devrais faire ci, ça, comme ça… En général,les hommes préfèrent ne rien faire que mal faire ou ils baissent les bras au moindre reproche. Ils ne se battent pas pour cela. Car les femmes sont plus fortes intérieurement aussi aujourd'hui. Et surtout, elles travaillent et ne font pas que rester à la maison à faire le ménage et à s'occuper des enfants. La femme prend les choses en main aujourd'hui, et elle s'épuise donc à un moment car elle travaille tout le temps. Notre erreur aujourd'hui, c'est de surévaluer et diminuer le travail des hommes. Ils ont du mal à trouver leur place au sein du couple» nous explique Vivane Blasband.

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