La crise au Venezuela pourrait dégénérer en un conflit comme en Syrie

Alors que des milliers de personnes se sont réunies mercredi soir pour une veillée aux chandelles au Venezuela, les États-Unis ont mis en garde les Nations Unies contre le risque que la crise politique ne dégénère en un conflit d’envergure similaire à la situation en Syrie ou au Soudan du Sud.

Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi soir pour allumer des bougies contre Maduro.
Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi soir pour allumer des bougies contre Maduro. ©AFP or licensors

Voilà plus de six semaines que les manifestations au Venezuela ont débuté. De jour comme de nuit, les millions d’opposants à la politique du président Nicolas Maduro se réunissent afin de demander du changement. Depuis le début du mouvement, 43 personnes ont été tuées, dont un adolescent de 15 ans, qui a trouvé la mort mercredi. À la lueur de bougies, lampes de poche et smartphones, des milliers d’opposants se sont réunis dans la soirée à Caracas, en mémoire de ces trop nombreuses victimes. Selon l’ONG Foro Penal, 159 manifestants arrêtés ont été incarcérés sur décision de tribunaux militaires, procédé pourtant interdit par la Constitution.

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La colère populaire est alimentée par la profonde crise économique et sociale dans le pays pétrolier, ruiné par la chute des cours du brut et frappé par une forte pénurie d’aliments et médicaments, l’inflation la plus élevée au monde et une criminalité devenue incontrôlable. Déterminée à obtenir le départ du président via des élections générales anticipées, l’opposition, majoritaire au Parlement depuis fin 2015, ne faiblit pas et mobilise chaque jour des milliers de personnes.

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«Transformer le Venezuela en une Syrie»

L’opposition appelle encore à manifester jeudi, en direction du ministère de l’Intérieur à Caracas, puis à des défilés dans tout le pays samedi. La dégradation de la situation au Venezuela continue d’inquiéter la communauté internationale. Mercredi, le Conseil de sécurité de l’ONU a abordé le sujet pour la première fois, à la demande de Washington. Durant la réunion, les États-Unis ont mis en garde les Nations unies contre le risque que cette crise ne dégénère en un conflit d’envergure, similaire à la situation en Syrie ou au Soudan du Sud.

«L'idée est de transformer le Venezuela en une Syrie et (l'État de) Tachira en un Alep», a lancé le ministre de la Défense à l'adresse de l'opposition. «Nous n'allons pas permettre que la patrie verse dans le chaos», a-t-il prévenu. L'opposition exige des élections générales anticipées et rejette la décision du chef de l'État de convoquer une assemblée constituante pour réformer la Constitution datant de 1999, estimant qu'il s'agit d'une manœuvre pour repousser le scrutin présidentiel prévu fin 2018 et s'accrocher au pouvoir.

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Une «campagne de persécution»

Mais Nicolas Maduro accuse les États-Unis de soutenir l'opposition pour mener un coup d'État au Venezuela, dénonçant une «campagne de persécution». «Nous sommes les nouveaux juifs du XXIe siècle», a lancé le chef de l'État, dont sept concitoyens sur 10 souhaitent le départ avant la fin de son mandat en décembre 2018. Mercredi, le président vénézuélien a ordonné le déploiement de 2 600 militaires dans l'État de Tachira (ouest), près de la frontière colombienne après des pillages et des attaques contre des installations de la police et de l'armée. La veille, le chef de l'État avait une nouvelle fois prolongé l'état d'urgence économique, en vigueur depuis janvier 2016, qui lui permet de restreindre les «garanties» constitutionnelles et de prendre des mesures spéciales d'»ordre social, économique, politique et juridique».

Une vingtaine de commerces ont été saccagés dans la nuit de mardi à mercredi dans l’État de Tachira, deux bâtiments de la police incendiés et un camp militaire attaqué avec des bombes incendiaires, ont détaillé les autorités.

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