Benoît XVI fête ses 90 ans : le pape émérite en 3 controverses
De nouveaux ouvrages et un timbre lui rendent hommage, mais le pape émérite Benoît XVI fête dimanche très discrètement ses 90 ans dans sa maison [...]
Publié le 16-04-2017 à 14h03 - Mis à jour le 16-04-2017 à 14h05
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De nouveaux ouvrages et un timbre lui rendent hommage, mais le pape émérite Benoît XVI fête dimanche très discrètement ses 90 ans dans sa maison située dans les jardins du Vatican, avant une célébration bavaroise le lendemain. Une cérémonie discrète pour un pape qui a fait couler beaucoup d’encre.
Depuis sa révolutionnaire démission voici quatre ans, le pape émérite allemand vit sa retraite dans un petit monastère, avec quatre soeurs et Georg Gänswein (également préfet de la maison pontificale). Une longue célébration du dimanche de Pâques sur la place Saint-Pierre, avec le pape François, n’est plus de mise pour son prédécesseur, en bonne santé mais fragile. Le pape François a rendu visite dès mercredi dernier à Benoît pour lui souhaiter un bon anniversaire avec quatre jours d’avance. Un timbre représentant Benoît XVI et François, montrant une accolade entre les deux papes, a été émis par les postes vaticanes à l’occasion de l’anniversaire. Trois nouvelles biographies ont notamment été publiées sur lui en Italie ainsi que trois anthologies. La Librairie éditrice vaticane a publié pour sa part un recueil de textes écrit par des lauréats du prix Ratzinger.
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L’ombre du nazisme
Le prix, quirécompense des chercheurs qui se sont distingués par la qualité de leur recherche scientifique, dans le domaine de la théologie en particulier, tient son nom de celui de Benoît XVI, né Joseph Aloisius Ratzinger en Bavière. Fils de parents opposés au nazisme, il aurait étéenrôlé de force à l'adolescence dans les jeunesses hitlériennes. Une participation que l'Eglise a toujours démenti, affirmant que Benoît XVI«n'a jamais été dans ce mouvement de jeunesse lié au nazisme. Il aété enrôlé contre sa volonté dans une unité de défense anti-aérienne chargée de la protection des villes».En 1944, il refuse d'intégrer les Waffen-SS et déserte la Wehrmacht, ce qui lui vaut d'être interné dans un camp pour prisonniers de guerre jusqu'en 1945. Tout au long de son pontificat, la question du nazisme reviendra, certains n'hésitant pas à la qualifier de «panzerkardinal».
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Polémique négationniste
Une appellation injurieuse, qui n'aura jamais été plus utilisée que lors de deux décisions extrêmement controversées prises par le pontife. En premier lieu, sa levée de l'excommunication de l'évêque Richard Williamson. Ce catholique traditionaliste britannique avait été sacré sans permission expresse du Pape, ce qui lui avait valu d'être excommunié. Connu pour ses propos négationnistes, il a notamment dit que les Juifs étaient «ennemis du Christ«, et affirmé qu'il n'y a selon lui «pas eu de chambre à gaz. Je pense que 200 000 à 300 000 juifs ont péri dans les camps de concentration mais pas un seul dans les chambres à gaz«. Des propos inadmissibles pour les associations de rescapés de la Shoah, qui s'étaient vivement opposés à la levée de l'excommunication de Richard Williamson. Autre décision maladroite de Benoît XVI : relancer le processus de béatification du pape Pie XII, épinglé par les juifs pour son silence face au génocide nazi.
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Des positions conservatrices
Entaché d'accusations d'avoir sympathisé avec l'idéologie nazie, le pape Benoît XVI devra aussi faire face aux critiques de ses positions ultra-conservatrices. Le préservatif ? Il «aggrave le problème du SIDA«. La contraception ? Cela revient à «nier la vérité intime de l'amour conjugal«. Sans oublier son opinion sur le mariage homosexuel, qu'il a décrit dans un discours comme «une politique portant atteinte à la famille, menaçant ce faisant la dignité humaine et l'avenir même de l'humanité«. Rien de moins.
«Pas assez parmi les hommes»
Quand il démissionne en février 2013, Benoît XVI «remercie Dieu» pour cette décision qui lui a «rendu sa liberté«. Les catholiques, eux, accueillent à bras ouverts son successeur, considéré comme extrêmement ouvert et aux opinions plus modernes. L'avis de Benoît XVI sur celui qui lui succède, François 1er ? «J'ai d'abord été incertain. Mais ensuite j'ai vu comment il parle avec Dieu, avec les hommes, j'ai été très content. Heureux. Moi-même je n'aipeut-être pas été assez parmi les hommes.Bien sûr, je me demande combien de temps il tiendra comme ça (…) car cela demande beaucoup d'énergie».