Le destin sombre de la communauté homosexuelle tchétchène, menacée par des "camps de concentration"
En Tchétchénie, des prisons secrètes, à l’image des camps de concentration allemands, serviraient à torturer et tuer des homosexuels russes. Amnesty international lance l’alerte.
Publié le 10-04-2017 à 23h09 - Mis à jour le 12-04-2017 à 09h36
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L'information, dévoilée par le journal russe d'opposition Novaïa Gazeta et relayée par Courrier international, rappelle les heures les plus sombres de la Seconde guerre mondiale. De celles qu'on n'imaginait plus jamais découvrir. Elle prend la forme d'un cercle rouge sur une vue aérienne, encerclant un bâtiment banal. Si banal qu'on ne soupçonnerait pas qu'il sert à détenir, contre leur gré, des homosexuelsrusses tchétchènes.
C'est la «cerise sur le gâteau», glaçante, d'une vague de répression contre les homosexuelsde la république, qui aurait débuté fin mars : des «prisons secrètes» dans lesquelleson torturerait, on tuerait. Les victimes emprisonnées seraient contraintes par la force àlivrer l'identité d'autres homosexuels, dans un pays où l'on n'affiche en aucun cas une orientation sexuelle différente, «cela revenant, en Tchétchénie, à se condamner à la mort», selon Novaïa Gazeta. Selon le titre, trois personnes identifiées auraient déjà perdu la vie dans ces prisons noires.
Amnesty international soutient l'alerte et appelle les autorités à enquêter et protéger les homosexuels dans leur pays. L'ONG donne des informations supplémentaires, se basant sur la «Gazeta» : «certains des hommes enlevés auraient depuis été rendus à leur famille, probablement car leur orientation sexuelle n'a pas été confirmée par leurs ravisseurs. Ils restent cependant en grand danger en raison de l'intolérance homophobe locale ».

Le réseau russe soutenant la communauté LGBT a mis en place une ligne d'urgence pour les habitants de la région concernée par cette dure répression. «Si vous vous sentez en danger, si l'on vous menace, contactez-nous immédiatement à l'adressekavkaz@lgbtnet.org», propose-t-il, rapporte Courrier international.
À propos de ces soutiensspontanés, Amnesty alerte cependant : «des avertissements anonymes circulent également sur Internet pour mettre en garde contre le fait que certaines des propositions d'aides sur Internet peuvent être utilisées par les auteurs de ces crimes pour traquer davantage de personnes».
Une riposte face à une demande de reconnaissance
L’article est précis dans ses accusations et pointe du doigt le président du Parlement tchétchène et le chef de la police d’Argoun. Les «rafles» seraient liées aux revendications d’activistes LGBTQ, militantpour l’organisation de gay prides dans la région du Caucase du Nord, via le projet GayRussia.ru.Face aux demandes, les deux hommes auraient décidé de lancer un grand «nettoyage préventif», d’après le quotidien.

Du côté des autorités tchétchènes, des différents clergés et du monde associatif, on nie fermement les accusations. Les auteurs du journalont même été répudiés par la société des journalistes. En Tchétchénie, il n'y a pas d'homosexualité, clame le pouvoir.«Vous ne pouvez pas arrêter ou réprimer des gens qui n'existent pas dans la République. L'homosexualité n'existe pas ici», a déclaré un porte-parole de la présidence tchétchèneà l'agence de presse Interfax.
Si ces personnes existaient en Tchétchénie, la loi n'aurait pas à se soucier d'eux, vu que leurs propres parents se seraient déjà occupés définitivement de leurs cas.
En réaction, Amnesty international rappelle les dires de Kheda Saratova, une membre du Conseil des droits de l'homme «sous l'égide du président de Tchétchénie», qui avait déclaré traiter «avec compréhension» les crimes d'honneur perpétrés contre les homosexuels.