Naufrage en eaux troubles à Anvers : la curieuse histoire du Badboot
«C’est l’histoire d’un bateau-piscine qui fait naufrage» … Si l’anecdote prêterait presque à sourire, sa chute a de quoi refroidir : en remontant l’épave à la surface, les sauveteurs ont également remonté un cadavre et rouvert un cold case.
Publié le 14-03-2017 à 14h51 - Mis à jour le 30-10-2017 à 20h07
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Il fallait les voir, au temps de sa gloire. Avant d’être une épave prise d’assaut par les algues, le Badboot était le rendez-vous de tout le gratin anversois, qui aimait s’y rendre pour voir, être vu, et profiter de la piscine installée sur l’Escaut. Un bateau-piscine, voyez-vous donc, les capitales les plus cosmopolites n’avaient qu’à aller se rhabiller.
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Mystérieuse disparition
Nul doute qu'ils étaient encore nombreux à y profiter de l'été indien quand Hodei Egiluz Diaz a disparu à l'automne 2013. Originaire du Pays Basque, l'étudiant n'avait plus donné signe de vie après une soirée arrosée. Sa famille, désespérée, avait été jusqu'à offrir 10 000 euros de récompense à tout qui pourrait faire avancer le dossier, et son visage avait orné les vareuses du Real Madrid, sans succès. Sa disparition serait probablement restée non élucidée si le Badboot n'avait pas sombré.

Naufrage inexpliqué
En septembre 2015, la piscine en plein air a rejoint les profondeurs de l’Escaut suite à un naufrage accidentel aux causes mystérieuses. Un comble, pour ce bateau qui a pris l’eau, les nageurs étant évacués in extremis. Si le naufrage n’a pas fait de victimes, son renflouage, lui, allait pourtantfaire remonter un cadavre à la surface.
Des secrets à la surface
Pas moins de deux grues ont été nécessaires pour entreprendre le périlleux renflouage du Badboot, que 18 mois dans la vase ont rendu méconnaissable. Rouille, algues : de la splendeur d’antan ne restent plus que des centaines de tonnes de métal. Mais le Badboot n’avait pas fini de faire parler de lui.

Macabre découverte
Lors de sa remontée à la surface, le bateau-piscine a en effet entrainé avec lui le cadavre décomposé d’une personne qui avait visiblement passé bien plus longtemps sous l’eau que le bateau. Rapidement, les enquêteurs anversois ont soupçonné qu’il s’agissait d’Hodei, aperçu pour la dernière fois aux alentours des quais.

Une disparition non élucidée
Des soupçons confirmés une fois l'analyse du corps effectuée. Lors d'une conférence de presse, le père du jeune homme a souligné que son combat ne s'arrêterait pas là. «Malgré notre immense tristesse maintenant qu'il est certain que nous avons perdu notre fils, nous voulons avant tout obtenir des réponses.Nous demandons que la cause de sa mort soit éclaircie et que les autorités belges continuent à collaborer afin que les circonstances de sa disparition soient clarifiées».

Se méfier de l’eau qui dort
Un an après cette macabre découverte, pourtant, l'enquête n'est pas plus avancée. Bien qu'Hodei ait été victime de deux vols consécutifs la nuit de sa disparition, les auteurs n'ont pas été liés à son décès. En février dernier, la ville d'Anvers a fait installer une structure en mémoire d'Hodei sur les quais. L'ancien propriétaire du Badboot, lui, a récemmentracheté le Flandria, un bateau de croisière légendaire qui propose des escapades romantiques depuis le port d'Anvers. En priant pour échapper à la naufrage, cette fois.